20070728

Giselle, Cuba sous la Nef

J'avais quitté Le Grand Palais sous le joug d'Anselm Kiefer : ses ruines monumentales ont fait place à un grand échafaudage (habilement nimbé de lumière bleue pour faire plus joli et couronné de tribunes pour faire plus rentable), et ses Sternenfal aux chutes programmées des étoiles du Ballet National de Cuba.

Car Giselle est un ballet romantique, avec ses phases buccoliques, ses phases surnaturelles, et ses morts tragiques nécessairement spectaculaires. Il commence comme un épisode de Heidi ou de la petite maison dans la prairie, avec pour héros une grue bleue anorexique (Sadaise Arencibia alias Giselle) et un héros-héron grand dadais au regard aussi vif que celui d'une truite (Miguelangel Blanco dans le rôle du prince Albrecht, sans doute le fruit de générations de cosanguinité). Le document animalier embraye logiquement sur une parade nuptiale impliquant toute la basse et la haute cour, jusqu'à ce moment de grâce où la grue traverse la scène en sautant sur une seule pointe, réveillant aussitôt les stygmates de mon épine calcanéenne en phase de guérison d'une fracture mâtinée d'algodystrophie. Giselle - Sadaise en sort transfigurée, se révèle soudain une authentique comédienne au masque bouleversant de douleur (les arpions, sans doute). Le temps pour elle de sombrer dans la folie et de caner dans les bras de sa mère, et c'est la fin de l'Acte I.

Sur fond de musique cubaine, l'audience hispano-bobo se désaltère en se faisant brumiser la face et rhumiser le petit palais sous l'immense verrière du Grand.

Retour au XIXème romantique : cape au vent et fleurs à la main, Albrecht pleure Giselle sur sa tombe. Myrtha (Yolanda Correa) et ses Wilis trucident rapidement son rival Hilarion mais ce qui les excite, c'est d'avoir la peau du grand dadais (un collant visiblement chipé au Silver Surfer). Gisèle tente bien de s'interposer mais outre tombe, Sadaise a retrouvé l'expressivité de Frédérique Bel dans la minute blonde et ne peut rien contre cette horde de harpies. Albrecht devra danser jusqu'à en mourir, et nous supporter jusqu'au bout une agonie autrement moins convaincante que celle du premier acte.

Sadaise Arencibia recueille finalement plus d'applaudissements que la directrice du Ballet National de Cuba. Au premier rang, celle-ci n'aura rien vu de son ballet. Car Alicia Alonso est aveugle, ce qui explique peut-être la présence de Blanco dans le casting.

20070726

Mondialisation : du "free market" au "fair market"

La mondialisation se caractérise avant tout par la réduction à leur plus simple expression de décalages structurants pour l'économie. Décalages de temps, d'espace, d'information... le secteur le plus habitué à en profiter a logiquement dominé la scène ces derniers temps. Mais la finance pourrait bien connaitre une crise. Non pas une crise financière, mais une crise de la finance en tant que fin en soi.

Le monde de la finance a été le premier à adopter les innovations dans les transports et la communication, et la spéculation repose sur les décalages de temps, d'espace, de connaissance... mais ces outils se sont démocratisés et le nombre de spéculateurs a explosé. La masse des spéculateurs est désormais composée de non-experts, telles ces retraîtées Chinoises se retrouvant autour du thé pour papoter et boursicoter dans les officines florissant dans l'Empire du Milieu. Dans ce nouveau Far East comme partout dans le monde, les niches spéculatives naissent et explosent une à une, et les professionnels ne savent plus vraiment où planter leurs tentes. La perte de pouvoir des bourses traditionnelles ou la ruée vers les private equities reflètent autant la peur de l'irrationnel que le besoin de rematérialiser l'économie... mais même à ce niveau, les frontières explosent et les bulles se créent. Une "élite" d'experts demeure : ce que j'appellerai des "instant players" particulièrement doués pour évoluer dans un contexte aussi instable et que l'on trouve, pour le moment, plus volontiers du côté de la Tamise que de celui du Fleuve Jaune.


C'est particulièrement sensible depuis ces dernières années : il y a trop d'argent gourmand en circulation dans trop de mains pour que la fuite en avant continue bien longtemps. Devant la montée des inquiétudes, le nouveau siècle se cherche des repères à la source des grands théoriciens de l'économie des siècles précédents. La réponse ne viendra naturellement ni d'Adam Smith ni de Karl Marx mais quelque part, pour que l'économie retrouve ses lettres de noblesse, elle doit revoir ses fondamentaux (capital, valeur, moyens et fins...) et chercher plus loin.
Les signaux se multiplient qui nous laissent entrevoir l'émergence d'un consensus sur le diagnostic, du même ordre que celui qui s'est finalement imposé à propos du réchauffement climatique. D'ailleurs, l'économie au sens large n'entend-elle pas notre environnement, les impacts de notre activité, différents écosystèmes... et n'a-t-elle pas besoin de diversité pour survivre ?

Comme pour l'écologie, les avancées les plus sensibles seront probablement réalisées par les convertis les plus récents, ceux qui auront le plus longtemps résisté aux évidences dans l'espoir de conserver leurs privilèges alors qu'au contraire, c'est en embrassant le changement qu'ils gagneront sur le long terme. La plupart des mouvements dénonçant la mondialisation se contentent d'être "anti" sans proposer de solution, et la plupart des "alter-mondialistes" se contentent de recommander la fin de l'économie et donc de l'homme, ce parasite global qui aura la peau de la terre avant d'avoir déniché un autre point de chute.

Le consensus émergera sur des bases plus pragmatiques ; une économie de marché ouverte mais régulée et fondée sur le respect. Un "fair market" plus qu'un "free market". Un marché global parce que la globalisation nécessite de passer à une approche globale de notre écosystème tout entier.

Nous sommes encore loin du compte. Et dans cette période de transition où l'ultra libéralisme est montré du doigt, c'est le protectionnisme qui fait son grand retour, bien au-delà de ce qui est nécessaire (car certains pays, parmi les plus faibles, ont bien besoin d'une forme de protection), et parfois sous des formes assez subtiles. Ainsi, sous couvert de promouvoir le libre échange sur l'ensemble du globe, l'Administration Bush mène une politique multi-bilatérale centrée sur elle-même, torpillant systématiquement toute approche multilatérale : sur le même mode que "moins d'ONU, plus de Coalition of the Willing", "moins de Genève, plus d'Abu Ghraib" ou "moins de Kyoto, plus de forages en Alaska", on a donc droit à du "moins de WTO / OMC, plus de FTAs". Ces Accords de Libre Echange (Free Trade Agreements) sont en réalité asymétriques, bardés d'exceptions et protectionnistes par nature. Ils peuvent sembler bénéfiques aux Etats-Unis mais uniquement sur le court terme, et uniquement pour ceux que Bush appelait sa "base" de "Haves and Have-mores".

Paradoxalement, cette stratégie reflète une négation de la globalisation au sens où elle signifie le refus d'une approche globale de la globalisation.

Pour faire le parallèle avec les crises déchirant actuellement les grandes religions monothéistes, le plus sage n'est pas de renforcer les extrémistes de chaque camp en entrant dans leur petit jeu de guerre des civilisations, mais bien de travailler par-delà les frontières sur ce qui rapproche, avec respect et en étant prêt à faire des concessions pour éradiquer ensemble les injustices les plus fondamentales.

20070724

In memoriam Nicolas Sarkozy

A l'heure de porter en terre les 148 cm du Grand Homme, revenons sur les événements qui auront marqué son long règne au début de ce siècle.

Nicolas Sarkozy a tout simplement changé la face de la France, et pas seulement en annexant la Wallonie et les Iles Anglo-Normandes. Et si notre pays compte aujourd'hui 950 millions d'habitants, il le doit autant au déremboursement des moyens contraceptifs qu'aux naturalisations de masse ayant suivi la constitution de l'Union Méditerranéenne avec en point d'orgue l'entrée de la Turquie en Afrique.

Sous l'autorité du Petit Pair des Pipoles, l'Europe s'est stabilisée à 29 pays membres après l'éclatement de la Pologne entre Kaczynskie de l'Ouest (Jaroslavie) et Kaczynskie de l'Est (Litchie), et naturellement après l'Indépendance de la Corse. Rappelons à ce propos que ce grand pacificateur a obtenu son Prix Nobel de la Paix pour avoir réconcilié Christian Clavier et Jean Réno sur l'épineuse question de la propriété Brocciùfermentelli sur les hauteurs de Bonifacio, célébrant en personne leur remariage en l'Eglise de Scientologie de Neuilly-sur-Seine (une exclusivité Paris Match ; le poids des annonceurs, le choc des actionnaires).

L'Hyperprésident aura célébré bien d'autres mariages dans le cadre de sa politique de patriotisme économique : fusion d'Areva avec Bouygues, fusion du nouvel ensemble avec EDF, et fusion du site de Cadarache avec les mines d'uranium de Nouvelle Calédonie en passant directement par le noyau terrestre grâce à une technologie chinoise dite du syndrôme. Non content d'oeuvrer au développement durable de la radioactivité, Nicolas Sarkozy a trouvé le temps de redresser Airbus en injectant du Viagra dans le kérozène, et même de sauver Air France - KLM - Alitalia - Aeroflot de la faillite en affrêtant des charters pour tous ceux qui refusaient de Travailler Plus pour Travailler Plus, accélérant au passage le retour au plein emploi. Il a également diminué de 90% le nombre de pauvres en diminuant de 50% le seuil de pauvreté, et rééquilibré le Budget de l'Etat en ne remplaçant qu'un départ en suicide sur deux. C'est avec un autre concept audacieux qu'il obtint le Prix Nobel d'Economie, son Bouclier Social sur la TVA Identitaire lui valant en prime le titre de Docteur Honoris Causa à l'Université de Pyeongyang.

Habitué aux honneurs, Nicolas Sarkozy a également gagné le Prix Pulitzer de la Photographie pour ses séries exclusives sur Cécilia à Brégançon pendant les premières années de son règne. Rappelons que par la suite, le Fort avait été réquisitionné dans le cadre de la remise de peine de Jacques Chirac, assigné à résidence avec obligation du port d'un bracelet électronique et interdiction formelle de porter des chaussettes noires pour faciliter le contrôle.

L'Hyperprésident a profondément réformé la justice, inscrivant dans la Constitution comme droit fondamental le droit à l'IVG. Comme chacun le sait, l'Inquisition à Vitesse Grandissime permet à un individu interpelé à 17h30 en Gare du Nord de bénéficier le soir même d'un hébergement tous frais payés et à durée illimitée à Guantanamo. L'histoire retiendra une présidence marquée par l'ouverture et la fin des discriminations : un Ministre de l'Education Créationiste, un Ministre de la Culture Evangéliste, un Ministre de la Justice adepte du Vaudou, et même une animiste au Ministère du Karaoké. Mireille Mathieu demeure en effet persuadée que son micro est le plus jeune des six frères jackson.

Je ne saurais compléter cet éloge sans rendre hommage au grand sportif qui vient de nous quitter. Ce jogger invétéré a remporté 11 Tours de France consécutifs entre 2007 et 2017 sans avoir eu jamais recours au dopage, son taux anormalement élevé d'hypocrites dans son gouvernement ayant été finalement déclaré naturel compte tenu de l'altitude moyenne à laquelle évoluent nos hommes politiques. Couronnement suprême, Nicolas Sarkozy aura finalement eu le privilège de voir le PSG gagner un titre national vers la fin de son règne ; le Championnat de France CFA saison 2044-45.

20070723

Turquie : la révolution silencieuse

Couplé à la montée des nationalistes d'extrême droite (plus de 14% pour le MHP) et au renforcement des nationalistes kurdes (encore une vingtaine de députés pour le DTP), le triomphe de Recep Tayyip Erdogan (près de la moitié des suffrages pour l'AKP) ne laisse qu'une vingtaine de pourcent des suffrages au principal parti républicain. Et quand on voit ce CHP se cramponner à une caricature de kémalisme révisé, on peut se demander si la Turquie n'a pas tourné le dos pour de bon à son idéal de république laïque.

Comme on pouvait s'y attendre, les bien amicales pressions exercées par les fondamentalistes Chrétiens occidentaux sur la Turquie n'ont fait que renforcer les islamistes et les nationalistes, marginalisant les véritables défenseurs d'une démocratie exemplaire.

Erdogan a gagné grâce à ses résultats économiques et à l'indigence de son opposition. Et s'il demeure géné aux entournures par une clique militaire vieillissante, sa révolution islamiste est bien en marche et le temps joue en sa faveur (la démographie penche de son côté).

La Turquie s'affirme comme un nouveau modèle combinant modernisme économique et archaïsme religieux, où la femme n'a plus vraiment la même place, où le Bilim Arastirma Vakfi (BAV) peut librement distiller ses thèses créationistes, et où le changement se pilote depuis la base, par la pression socio-religieuse plus que par une loi qui tôt ou tard sera amenée à évoluer... sinon dans les textes du moins dans les faits.

La candidature à l'Europe prend désormais toute la saveur qu'attendaient d'elle les ennemis de la démocratie : un forum - caisse de résonnance pour toutes les haînes et toutes les peurs qu'ils orchestrent savamment depuis des années.

Aux peuples d'Europe d'éviter de rentrer dans ce jeu, aux électeurs de mettre hors jeu ceux qui jettent de l'huile sur le feu, de refuser le choc des civilisations qu'ils essayent de leur vendre. Envoyons à nos amis turcs un message d'exemplarité en refusant le retour de la religion dans la politique et du religieux dans le débat politique. A commencer par celui sur l'intégration de la Turquie en Europe.

20070719

Blogule blanc a la constitution revisee

La crise constitutionnelle française doit beaucoup au passage au quinquennat, et le toilettage le plus simple consisterait à rétablir un décalage entre les élections présidentielles et législatives, par exemple en ramenant à quatre ans la législature. Loin d'affaiblir l'Assemblée Nationale, une telle mesure placerait le président sous la menace d'une cohabitation pour la dernière année de son mandat (dans le cas naturellement où celui ci commencerait par des élections législatives programmées ou anticipées par dissolution).

Mais on peut faire aussi plus rigolo : rechaussant prestement le Col Mao, Jack Lang a déjà suggéré d'entrée de supprimer le Premier Ministre. Empruntant la harpe de Néron, il pourrait alors embrayer par un incendie du Sénat, préliminaire pour le moins émoustillant à l'apothéose finale de son propre supplice (le pal, sans aucun doute). Ségolène avance de son côté l'idée d'un jury populaire - le gagnant de l'Etat-cademy serait élu par voie de SMS sous-taxés pour ceux qui gagnent moins de 4.000 euros par mois. Devant tant d'imagination, on comprend que Le Petit Nicolas ne souhaite pas se passer des fulgurances socialistes.

Pour présider sa tablée de 13 néo-constitutionalistes, l'ex-futur Premier Ministre de Balladur a pensé à son ex-futur patron. L'histoire ne précise pas qui terminera sur la croix, mais il se trouvera bien 60 millions de porteurs...

Pour rappel : les options s'offrant à cet Ocean 13 :
. La démocratie : donner au peuple l'illusion d'exercer le pouvoir.
. La théocratie : faire graver les tables de la loi par des fanatiques.
. Le totalitarisme : faire que le total des hommes détenant le pouvoir ne dépasse pas 1.
. La dictature : donner le pouvoir à Bernard Pivot, qui donnera des coups de règles à tous ceux qui mettront deux ailes au mot liberté.
. La Nanarchie : céder les commandes à un homme d'affaire roublard.
. La ploutocratie : variante du précédent mais avec un actionnaire de Disneyland.

20070718

Retour a Ground Zero

"Ben Laden déterminé à frapper les US".

Pour passer du mémo interne à la conférence de presse du Department of Homeland Security, il aura fallu attendre six ans, laisser des milliers de civils américains périr le 9 septembre 2001, et faire mourir des milliers de militaires américains et des centaines de milliers de civils irakiens dans une guerre hors sujet...

Comme prévu dès le départ, cette guerre contre le terrorisme est un échec total : l'Administration Bush a délibérément aidé les islamistes à recruter des millions de nouveaux sympathisans et des milliers de nouveaux terroristes. Elle leur a même fourni un nouveau terrain d'entraînement grandeur nature : que les troupes US quittent l'Irak ou non, ces brillants élèves se feront un plaisir de mettre en oeuvre ces leçons culturelles sur l'Irak au profit glorieuse nation Amerikastan (et pendant qu'on y est de toutes les nations). Cela sera peut-être moins spectaculaire que l'attaque aérienne de 9/11 mais beaucoup plus efficace pour une vraie terreur au quotidien.

Comme prévu dès le départ, au lieu de mener la guerre juste aux sources du terrorisme (pauvreté, injustices...), l'Administration Bush a délibérément alimenté la haîne, renforcé les injustices, et anéanti tout espoir de paix au Moyen-Orient, en particulier entre Israël, la Palestine et leurs voisins.

L'imposteur en charge de cette prétendue guerre au terrorisme propose maintenant de parler de la paix, avec le discours de paix qui le caractérise depuis le début : êtes vous avec ou contre nous ? êtes vous bon ou diabolique ? allez-vous fuir comme des lâches ou nous aider à déloger du pouvoir ce Saddam ou ce Hamas que nous avons tout fait pour mettre au pouvoir ?

20070716

Sir David, une vie sur terre

Je ne me lasse pas de revoir en boucle les séries de Sir David Frederick Attenborough, et à chaque fois je me dis qu'il serait bien dommage d'attendre son retour à l'humus pour rendre l'hommage qu'il mérite au très exotique et brillantissime naturaliste de la BBC.

Car le David Attenborough est une espèce en voie de disparition ; un dodo aux parures improbables, au chant unique, reconnaissable entre mille par sa façon syncopée d'accompagner un verbe aussi savoureux que désuet. Peut-être bien le chaînon manquant entre Darwin et les Monty Python... d'ailleurs n'est-ce pas John Cleese, l'inoubliable agent du Ministry of Silly Walks, qui lui fait un petit coucou lors de son mythique documentaire à Madagascar ?

Mais Sir David ne ne permettrait pas de comparer le tarsier à un chat passé au micro-ondes ; son humour à lui rime avec l'amour de la vie sous toutes les formes, mise en scène dans des fresques aussi haletantes et volumineuses que les plus grands chefs d'oeuvres du XIXème. Ce naturaliste a probablement produit les sommes les plus ambitieuses à ce jour sur l'éphémère parcours de la vie sur notre éphémère bout de cosmos, et "The Living Planet" résume à la fois parfaitement son oeuvre et celle de la vie sur terre. De fait, "Life" / "Living" et "Planet" apparaissent dans l'ensemble des titres de ses oeuvres ; comme des marques déposées. Non pas par mercantilisme (même si Attenborough doit bien gagner sa vie) mais au sens de marques de respect déposées tous les jours, sur tous les terrains, et par tous les temps.

Petit frère du réalisateur Richard Attenborough (dont on retiendra plus volontiers le très classique "Ghandi" que le très classique rôle du savant dans le Jurassic Park de Spielberg), ce Londonien produit essentiellement pour la Beeb, sous formats audiovisuels et sans lésiner sur les images saisissantes. Pourtant, son point fort demeure à mes yeux l'écriture : tout parait si simple, comme couler de source... mais quel formidable travail en amont pour commencer une phrase en Antarctique et la terminer six mois plus tôt à Kalimantan ! Même sous le charme, on ne peut s'empêcher d'admirer la clarté, la pertinence et l'esprit de synthèse de ce splendide fruit de l'évolution.

Bien sûr, les années passent, les collines se gravissent plus péniblement, les cheveux au vent ont blanchi et la silhouette s'est épaissie, mais à 81 ans, Sir David conserve le regard émerveillé d'un enfant au message écologiste parfois naïf mais toujours sincère.

Immanquablement, un tel monument du vivant aura un jour droit aux honneurs nationaux. Mais par pitié n'enfermons pas ce naturaliste amoureux du grand air dans le formol d'un panthéon poussiéreux, et disséminons plutôt ses cendres et son oeuvre aux quatre vents pour que notre bonne vieille terre retrouve un peu de vigueur. A ceux qui diront "entre ici, Jean Moulin", je répondrai "sors de là, David Frederick Attenborough".

20070715

USA - confusion entre Etat et Parti Républicain ?

(en réponse à un article dénonçant la confusion entre l'Etat US et le Parti Républicain depuis 2001)

Bush n’est pas un Républicain: il est avant tout un fondamentaliste. Et son premier mandat a été caractérisé par un shuntage systématique des organes de contrôle nationaux et internationaux à commencer par le Congrès, pourtant du même bord. Le cercle restreint autour du président s’est ainsi mis à dos les conservateurs reaganiens, dont certains ont même milité contre Bush en 2004.


Pendant cette campagne, j’essayais également de convaincre des Républicains de ne pas voter pour Bush puisqu’il ne défendait ni les intérêts ni les valeurs de leur parti, et qu’une victoire de Bush en 2004 signifierait une implosion du parti. Au-delà du rift conservateurs / néo-conservateurs / pragmatiques, la fracture s’annonçait entre démocrates (sans la majuscule) et théocrates.

Car si confusion il y a eu au plus haut niveau de l’Etat, c’est bien entre politique et religion... ce qui me semble autrement plus dangereux, comme en atteste le "succès" de cette dream team.

Si Dubya conserve tout son pouvoir de nuisance depuis les élections de 2006, son entourage direct se trouve sur la sellette et Cheney a quelque peu perdu de son influence au profit de l’arrière garde reaganienne et d’amis de papa George Herbert Walker Bush.

Notons que ce dernier n’est pas un fondamentaliste mais quelqu’un de plus pragmatique et porté sur l’argent, ce qui se sent au niveau de ses fréquentations (plutôt le Révérend Moon que Billy Graham). 41 a de qui tenir: son propre père Prescot Sheldon Bush aura plutôt bien travaillé avec les Nazis...

20070710

Clearstream & muddy waters

Notes prises par Bernadette C.
Mars 2007 - petit déjeuner hebdo entre Jacques C. ("PR") et Nicolas Paul Stéphane S. de Nagy-Bocsa ("Petit P").

PR : "on est bien d'accord ? tu me fais voter mon immunité à Versailles et je te donne ma bénédiction urbi et orbi pour ton job de dans deux mois"
PP : "votre bénédiction, vous pouvez la garder pour vous - faites en le moins possible et je ne m'en porterai que mieux. Par contre, il faut que vous me présentiez Hariri : j'ai déjà des fournisseurs pour les transports et le couvert mais pour le gîte, la maison que m'offre Martin manque un peu de classe..."
PR : "je vois le truc - genre gros bunker orange avec vue sur le quai d'Issy, c'est ça ?"
PP : "à peu près... j'ai entendu parler de votre futur pied à terre face au Louvre..."
PR : "aaah... tu vas pas me le piquer celui-là aussi !"
PP : "sinon quoi ? C'est pas pour tout de suite, rassurez-vous. D'ici 10 ans, vous aurez sans doute appris à faire une réussite dans la grande tradition de votre cher Général... et puis pourquoi ne vous rapprocheriez vous pas de votre musée des arts premiers, quelque chose de plus contemporrain de vous que les pièces médiévales de Jacqueline Boccador... Enfin, dans l'immédiat, je vais déjà récupérer la Lanterne : ça fait partie des attributs du Premier Ministre et j'ai bien l'intention de cumuler les fonctions."
PR : "à propos de premier ministre... tu as vraiment besoin de liquider les deux ? Le grand poète de la dissolution, passe encore, mais mon petit Alain, tu trouves pas qu'il a déjà suffisamment payé comme ça ?"
PP : "il faut bien que le meilleur d'entre vous tombe - vous tenez absolument à ce que ce soit le meilleur des escrocs ?"
PR : "lui, il avait préparé sa sortie... tout juste avant la date de péremption. Moi, je ne suis qu'une petite frappe, rien de bien méchant..."
PP : "... mais un récidiviste"
PR : "ah non, tu vas tout de même pas me Karcheriser ?"
PP : "je pensais plutôt vous Kouchneriser - je vous vois bien en tandem tous les deux ; le French doctor faisant la tournée des réfugiés et le VRP d'occase fourguant la came à ses vieux copains dictateurs cacochymes"
PR : "tu peux te moquer, toi qui vas picorer dans la main des Scientologues et de cet imposteur Texan"
PP : "c'est ça la rupture, il faut changer les bonnes mauvaises habitudes..."
PR : "tu dis ça, mais tu finiras bien par en faire toi aussi, des écoutes..."
PP : "je ne dis pas le contraire, mais avec moi s'ouvre l'ère du multimedia. Imaginez : des millions de caméras, chaque citoyen suivi plusieurs centaines de fois dans la journée..."
PR : "tout ça pour quoi ? pour savoir qui voit Cécilia avant d'ouvrir Gala ?
PP : "non non. C'est juste une commande pour des copains : Bolloré et compagnie ont besoin de constituer des stocks d'images pour la TNT et le web 2.0"

L'Hiver Démocratique Russe - scénario long terme

(forum - à propos des dérives anti-démocratiques en Russie)

Poutine joue un jeu dangereux en combinant la restoration de certains codes staliniens et la stimulation d’un ultranationalisme xénophobe. La migration en masse de juifs russes vers Israël a par ailleurs accéléré la montée d’un antisémitisme très inquiétant et violent. Les musulmans feront de nouveau l’objet de discriminations au point de provoquer des départs en masse.

A l’échelle historique, je pense toutefois que la crise démographique russe finira par s’inverser: le réchauffement climatique va bouleverser l’habitabilité de nombreuses régions à la densité quasi nulle, et la pression du sud ne pourra être éternellement contenue.

Entretemps (au minimum plusieurs décennies), le nationalisme va atteindre des sommets et je ne serais pas surpris d’assister à l’émergence d’une forme inédite d’apartheid. Le pouvoir sera plus que jamais détenu par les instances en charge de la nationalité et donc du droit de vote. Au niveau international, priorité sera donnée à un panslavisme plus ou moins maffieux.

La Russie sortira un jour de cet hiver démocratique, et cela ira de pair avec une ouverture brutale aux flux étrangers.

En tout état de cause, je ne vois pas trop de calme à l’horizon, ce qui s’inscrit d’ailleurs dans la grande tradition du pays.

20070708

DSK@imf.org - blogule blanc a l'ouverture

Finement joué : Sarko caresse les éléphants dans le sens du poil en offrant le FMI à DSK et le champ libre à Fabius. Même Jack Lang se voit élever au rang de grand constitutionaliste - et l'Elysée de rappeler que le chantre de la fête de la musique, du cinema et de la tontolâtrie avait orienté sa formation sur cet obscur mais noble versant de la politique...

Les dépités UMP grondent : en jachère la tête du parti, aux grognards les votes utiles à l'Assemblée (au pilori ceux qui n'obéissent pas aux consignes), et aux lieutenants de l'ennemi les bâtons de maréchaux.

Mais justement : si la République de Sarkosie empire, c'est à ces maréchaux que l'on finira par couper la tête. Ouverture oui, mais ouverture de la chasse, avec les rabatteurs pour lever les pigeons, les appeaux pour attirer les mâles en rut de pouvoir, et les fusils postés aux points stratégiques du Château pour dégommer ceux qui se sentiront pousser des ailes...

La cohabitation nouvelle formule n'a pas fini de nous surprendre.

20070707

Paris Hilton and the Scooter Libby Redemption

Je relisais justement pour la millième fois "Different Seasons" et donc "Rita Hayworth and the Shawshank Redemption", cette nouvelle où un détenu innocent des meurtres qui lui sont imputés creuse un trou dans son mur pour s'évader et le masque avec des posters de pin-ups*.

Or voici que l'actualité judiciaire américaine m'offre une pin-up et un tueur sur un plateau télé. Paris Hilton comme I. Lewis Scooter Libby Jr ont été jugés coupables et le sont assurément, mais :
- la première est allée en prison, a passé par la case départ, est retournée en prison, a repassé par la case départ et, pendant que son papa continuait à empiler les hôtels sur les plus belles avenues du monde, a sans doute récolté un peu plus que 200 Euros à chaque étape.
- le second n'ira pas en prison, et son protecteur George W. Bush lui offrira probablement autant de cartes Chance qu'il lui faudra. Oui, le même Bush qui pille depuis 7 ans la Caisse de Communauté...

Loin de masquer le trou béant que Dubya a creusé dans l'âme étasunienne, la pin-up le rend encore plus visible au monde entier : elle qui symbolisait la justice à deux vitesses nous en fait découvrir de nouvelles, version boîte automatique.

Avec cet homme, la justice avance décidément plus vite en marche arrière.


* adapté à l'écran par Franck Darabont ("Les Evadés" en VF), tout comme "La Ligne Verte" d'ailleurs. Les autres novellas de Stephen King sont plutôt inégales (ex "Four Past Midnight"), mais ses formats encore plus courts valent souvent le détour (ex "Night Shift" ou "Skeleton Crew" - cf Little Shop of Errors rubrique Dark Side).

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