20080524

Hillary en appelle au meurtre

La candidate a une fois de plus franchi la ligne jaune.

Dans le pire des contextes (quelques jours après l'annonce de la tumeur maligne de Ted Kennedy), Clinton n'a pas trouvé mieux, pour justifier l'intérêt de continuer les primaires en juin, de rappeler que c'est en juin que le candidat Robert Kennedy s'était fait assassiner*.

Si je suis un supporter fanatique d'HRC, je me pose des questions : c'est un appel au meurtre ou quoi ? Après avoir agité le spectre d'une "October Surprise" des conservateurs au cas où Obama remportait les primaires, ma candidate ne me livre-t-elle pas ici la recette d'une "June Surprise" encore plus abjecte ?

Bien sûr, tout comme MLK, RFK, JFK ou même Bill Clinton, Barack Obama n'est certainement pas Mr Perfect. Il est capable d'être dur, macho et pire encore dans ce métier un peu naïf. Mais ce n'est pas une raison pour le descendre.


Bien sûr, HRC n'est pas le mal incarné. Bien sûr, elle ne souhaite pas la mort de son adversaire. Mais quelque part qu'elle évoque indirectement ce cas de figure en dit long sur sa détermination à l'emporter à tout prix**. Ce faux pas pourrait lui coûter très cher à quelques jours d'une réunion décisive du comité du parti sur le cas de la Floride et du Michigan.

Il est grand temps d'en finir avec des Primaires qui n'ont jamais autant justifié leur nom.


* "We all remember Bobby Kennedy was assassinated in June in California" - ses excuses quelque temps après, devant le tollé soulevé : "I regret that if my referencing that moment of trauma for our entire nation and in particular the Kennedy family was in any way offensive. I certainly had no intention of that whatsoever".
** Quand j'évoquais le risque d'un attentat contre Obama en sinistre écho aux meurtres de Martin Luther King Jr et Robert Francis Kennedy 40 ans après (cf "
I had a nightmare" - 20080214), ce n'était tout de même pas à l'ex-first lady que je pensais !

20080520

Neocons, theocons et paleocons

En cette année électorale, un rapide point sur les trois familles de conservateurs les plus suivies aux Etats-Unis. Chacune "évoluant" avec ses tendances propres:

* le phénomène neocon retombe :
A l'opposé du conservatisme traditionnel relativement peu interventionniste à l'international, les neocons se sont vu confier les commandes du navire avec les résultats que l'on connait. Totalement déconsidérés (certains leaders charismatiques se sont désolidarisés du mouvement), les néocons ont été partiellement remplacés par des Reaganiens dans l'entourage de Bush. Dick Cheney lui-même commence à sentir le vent du boulet : des Républicains mettent l'inattendue défaite de Greg Davis au Congrès sur le compte de la récente visite du Vice-Président au Mississipi. De moins en moins en odeur de sainteté, Dick Perle et compagnie ne désespèrent pas d'un nouveau grand soir. Et à propos d'odeur de sainteté...

* la vague theocon se cherche un nouveau leader :
Ces fondamentalistes (à ne pas confondre avec les évangélistes light dont certains seraient près à suivre Obama) sont les véritables gagnants du double mandat Bush - l'un des leurs. En dépit des actes d'allégeance de McCain (conférence au Discovery Institute, déclarations en faveur d'une Cour Suprême ultraconservatrice révoquant Roe vs Wade, discours messianiques invoquant la lutte contre le Mal...), ils n'ont toujours pas confiance en lui et cherchent à le renverser d'ici la Convention Républicaine, ou a minima à lui imposer un véhicule plus proche de leurs "valeurs" à la Vice-Présidence (Huckabee ?). Sans leur soutien, McCain n'a aucune chance... et s'il obtenait leur soutien, il donnerait à Obama l'occasion idéale de le swiftboater en exposant ses contradictions fondamentales.

* les paleocons ne savent plus où donner de la tête :
Ils n'ont pas évolué depuis des lustres et avaient déjà beaucoup perdu d'influence après la révolution "idéologique" reaganienne. Ils conservent néanmoins un certain poids électoral et suivront le mouvement. Une partie pourrait rejoindre, à l'instar des Reagan Democrats, la voie Obamienne ou pourquoi pas - acte contestataire suprême -libertarienne avec Bob Barr (cf "
Bob Barr - pro-liberté ou anti-Obama ?" - 20080513).

En bref et comme prévu (cf "
Red Blogule to the Bush system - Prevent a New War of Secession" - 20041101, ou plus récemment "GOP : Time to Split" - 20080113), le GOP va mal, et la meilleure chose qui pourrait lui arriver serait une nette victoire d'Obama en Novembre.

Même si certaines valeurs conservatrices ont gagné du terrain sur l'échiquier, et même si la droite religieuse marque des points à gauche, le pays ne peut toujours pas faire l'économie d'une déclaration d'indépendance contre le fondamentalisme (cf "
Universal Declaration of Independence From Fundamentalism" - 20070809).

20080518

Oscar Pistorius hors jeu

Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) vient d'offrir au Sud-Africain Oscar Pistorius le droit de participer aux Jeux de Beijing.

Oscar Pistorius a déjà remporté la médaille d'or du 200 m en 2004. Aux Jeux Paralympiques.
Amputé des deux jambes, Oscar vole sur deux spatules qui démultiplient les efforts de ses jambes de façon beaucoup plus efficace que de vulgaires membres humains.

On ne peut s'empêcher de penser aux récentes campagnes de Puma avec les stars du ballon rond affublés de jambes bioniques, ou pour les plus anciens d'entre nous au mémorable "
Hors Jeu" d'Enki Bilal et Raoul Cauvin (Editions Casterman), et à ces machines à balancer des boulets de canon qui explosaient au pied du fooballeur.

Oscar Pistorius pourra aussi se présenter aux épreuves de basket chaussé d'échasses à ressort, ou aux finales de natation avec sa queue de sirène modèle Manaudou2008. Avec ou sans combi, pour ce que ça changera...

Décidément, avec ou sans prothèses, l'olympisme marche sur la tête.

20080513

Bob Barr - pro-liberté ou anti-Obama ?

Après Ralph Nader*, un quatrième candidat pourrait figurer au scrutin de novembre prochain à la présidentielle US : l'ex Républicain Bob Barr semble bien parti pour être investi comme candidat officiel à la prochaine convention du Parti Libertaire**.

Barr n'a pas l'aura d'un Ron Paul mais l'autoproclamé porte-étendard des libertaires a fait le chemin inverse et troqué l'étiquette Libertaire pour la casaque Républicaine. Paul s'est donc plié au petit jeu des primaires... un petit jeu vite plié d'ailleurs : comme Howard Dean, le soufflé Ron Paul a affolé la sphère internet avant de retomber dès les premiers scrutins. Compatissant, Barr lui aura néanmoins offert mille dollars de financement de campagne**.

Officiellement, au-delà d'un Etat trop dépensier (cheval de bataille des libertaires), Barr s'attaque à McCain, accusé de ne pas être un authentique conservateur.

Mais la menace de sa candidature risque surtout de perturber Ron Paul dans sa croisade interne pour la Convention Républicaine, et Barr ne récoltera pas beaucoup de votes auprès des "authentiques conservateurs" : son image est pour le moins ternie depuis la procédure d'impeachment contre Bill Clinton et la révélation de ses propres contradictions (à la pointe des procureurs, ce père la morale avait non seulement autorisé sa première épouse à avorter mais probablement trompé sa seconde). Et ce n'est pas sa prestation dans Borat qui restaurera son image auprès de l'Amérique puribonde.

En réalité, Bob Barr piochera plus certainement au coeur de l'électorat d'Obama - jeunes, internautes, indépendants lassés de la guerre idéologique entre Démocrates et Républicains. Un Nader bis, en somme.

* http://blogules.blogspot.com/2008/02/never-say-nader-again.html **http://www.latimes.com/news/politics/la-na-campaign13-2008may13,0,503140
***http://blog.washingtonpost.com/capitol-briefing/2008/05/barr_has_been_sp

20080510

Le Hezbollah invite Israël à se radicaliser encore plus

En guise de cadeau d'anniversaire pour les 60 ans d'Israël et alors qu'il frise l'asphyxie dans une sordide affaire de corruption, Ehud Olmert se voit offrir un bol d'air vicié par ses amis du Hezbollah : leur Coup d'Etat au Liban risque fort de provoquer l'arriver d'un nouveau dirigeant encore plus radical à la tête d'Israël.

Pour rappel : les fondamentalistes les plus forcenés des trois principales religions monothéistes rêvent d'une guerre finale dans la région*, Bush veut la déclencher impérativement avant la fin de son mandat, et à ses yeux Olmert n'est probablement plus l'homme de la situation après sa perte de face en 2006 face à Sayyed Hassan Nasrallah.

Ordoncques ce dernier lance une offensive destinée à causer une rupture définitive dans la région : saisissant le prétexte que son réseau téléphonique a été déclaré illégal par le gouvernement libanais, le mouvement radical chiite a brutalement mis la main sur l'ouest de Beyrouth et manqué de peu d'éliminer Saad Hariri. Peu importe : le Liban est déjà mort, son cadavre en décomposition avancée exposé depuis deux ans aux vautours qui ne supportaient pas l'idée d'une démocratie multiconfessionnelle au coeur de leur champ de bataille.

Comme d'habitude, légitime levée de boucliers de la communauté internationale.

Comme d'habitude, Tel Aviv et Washington accusent Téhéran et Téhéran accuse Tel Aviv et Washington. Le
Teheran Times évoque sans rire une proposition de médiation perse entre Libanais.

Ce n'est sans doute pas la priorité des priorités vu de Beyrouth mais le candidat Obama peut s'attendre à une nouvelle batterie de tests de la part de ses opposants.


* cf "
Iran : qui veut la guerre et pourquoi" (20070928) et "En finir avec le fondamentalisme" (20070627)

20080509

Propagande d'Etat - le Pentagone exposé

Maintenant que les Primaires US semblent sur le point de se boucler*, on peut retourner au devoir d'inventaire des années Bush vis à vis de l'Histoire.

Si sur l'échelle de Richter de l'infâmie, la propagande d'Etat (maintes fois dénoncée ici comme des Armes de Désinformation Massive) n'atteint pas les sommets d'Abu Ghraïb, elle reflète parfaitement la conception de la démocratie du ticket Bush-Cheney.

Devant l'insistance du New York Times et sous la surveillance du toujours vigilant Center for Media and Democracy, le Pentagone a été poussé à publier des documents relatifs à son programme d'analystes militaires.**

Dans la masse de ces "spécialistes" destinés dès le début 2002 à "vendre" l'idée d'une guerre en Irak aux media, aux décideurs et au-delà à l'opinion publique US, on notera la présence d'un conseiller de Hillary.***

Ce pays a effectivement besoin de changement...

* après l'humiliation d'avant hier (cf "
Obama - Pelosi vs Operation Chaos"), laissons HRC l'emporter en WV et au KY avant de jeter formellement l'éponge après le 20 mai - le 3/4 juin au plus tard
**
http://www.dod.mil/pubs/foi/milanalysts - sur le programme en question, excellente récap du CMD sur http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Pentagon_military_analyst_program. Pour rappel, le CMD nous avait déjà livré un excellent brûlot sur le sujet (cf "White blogule to The Best War Ever - Lies, damned lies, and the mess in Iraq" - 20060915)
*** un lecteur du PR Watch a levé le lièvre
http://www.prwatch.org/node/7299#comment-3005

20080507

Obama - Pelosi vs Operation Chaos

Cette fois c'est sans doute la bonne.

La courte victoire d'Hillary en Indiana avec l'aide décisive de Rush Limbaugh (une fois de plus - cf "
Les conservateurs poussent Clinton") ne pèse pas grand chose au regard de l'éclatant triomphe d'Obama en Caroline du Nord.

Le culbuto compte encore se relever en obtenant le 31 mai prochain la prise en compte de ses "victoires" au Michigan et en Floride (après avoir pendant des mois communiqué sur la barre des 2025 superdélégués nécessaires à la victoire, l'équipe de campagne mentionne désormais un "chiffre magique" de 2209)... mais la troupe des fidèles risque encore de s'amenuiser.

Les meilleurs ont déjà fui sa campagne persillentielle pour rejoindre le camp Obama ou attendre des jours meilleurs. Parmi les superdélégués non commis, plus grand monde ne voudra prendre le risque de prolonger inutilement la guerre de tranchées en affichant sa préférence pour Hillary.

Inversement, un tombereau de ralliements devrait venir gonfler les rangs d'Obama dans les heures qui viennent.

Aux supporters d'Hillary qui rêvaient d'une femme présidente, Obama pourrait apporter la meilleure des réponses en choisissant Nancy Pelosi comme co-listière. Pour le coup, un chef d'Etat dont on peut respecter le jugement.

Pendant ce temps-là, McCain a passé sa journée du 6 mai à courtiser l’extrème droite de son parti en se déclarant favorable à des nominations ultraconservatrices à la Cour Suprême (quitte à réviser sa position de 1999 sur Roe vs Wade).


A l’heure où le parti Démocrate termine sa petite guerre interne, le parti Républicain semble bien loin d’en avoir fini avec sa guerre civile.

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