20080627

De jouer mon Thuram va-t-il s'arrêter ?

Thuram devait annoncer l’officialisation de sa signature au PSG aujourd’hui.
L’âme des Bleus a préféré nous révéler que son coeur avait une faiblesse.
Une de plus me direz-vous, mais celle-ci est réelle. Pas un nouveau signe de compassion, mais une connerie de maladie qui peut tuer, et qui a d’ailleurs déjà endeuillé sa famille.
Je n’étais pas très chaud pour que Thuram rejoigne le PSG parce qu’à mes yeux il ne représentait pas vraiment l’avenir du club.* Je lui donnais encore de belles années à jouer au plus haut niveau en prenant et en donnant un maximum de plaisir, mais Paris n’était vraiment pas un challenge à son niveau, ni le genre de club où on prend du plaisir ces derniers temps. Surtout avec un président qui se focalise sur un transfert : le sien, au sens psychanalytique du terme (ne nous y trompons pas, Charles Villeneuve ne pense qu’à sa pomme et à prouver que non, il n’est pas dépassé par la limite d’âge**).
Thu-Thu devra probablement se résoudre à renoncer à rejouer en pro. Et même à ses rêves de préretraîte avec l’équipe de Guadeloupe. Heureusement pour lui, il devra aussi renoncer à jouer pour le PSG.
Sur le terrain tout du moins. Car ce grand seigneur constituera une recrue inespérée pour n’importe quel groupe en manque de coeur.


* cf "
Es-tu prêt à souffrir ?" (20080530)
** ce qui est d’ailleurs vrai. mais CV est surtout dépassé par la limite de ses connaissances en football et là c’est beaucoup plus grave docteur.


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initialement publié sur footlog.

20080622

Volonté d'impuissance

Ce Président atlantiste a été élu sur un programme de réformes dont il n'a finalement pas vraiment fait sa priorité, et s'est vite retrouvé signalé hors jeu après avoir pris sans concertation l'initiative sur des terrains pour le moins glissants.

Mais LEE Myung-bak est descendu encore plus bas dans les sondages que son modèle* Nicolas Sarkozy. Et son terrain le plus glissant n'a rien à voir avec la religion : même s'il a largement ouvert des portes bien utiles aux membres de son église Somang, Lee ne cherche pas à remettre en cause la laïcité de la république.


Le peuple coréen reproche à son nouveau leader d'avoir trop facilement donné le feu vert aux accords de libre-échange avec les Etats-Unis, et les risques sanitaires associés aux importations alimentaires (en particulier la psychose de la "vache folle") cristallisent toutes les colères, et au-delà toutes les craintes d'un pays en pleine crise.

L'inflation s'envole, la croissance s'essoufle (les deux taux convergeant autour de 4.5% pour cette année), le won bat de l'aile et les piliers historiques de la prospérité marquent le pas : les perspectives à l'export s'assombrissent avec la conjoncture internationale et l'immobilier émet des signaux inquiétants (la bulle commence à se dégonfler au sud de Séoul, les promoteurs les moins solides font faillite, les foyers peinent de plus en plus sous une forte pression financière...).


Les manifestations massives de ces dernières semaines** ont contraint le président à tirer brutalement la chasse de son cabinet, mais si la rue a obtenu des têtes elle n'entrevoit pas pour autant la sortie du tunnel.

Comme avec Sarkozy, j'ai le sentiment d'un immense gâchis : la France comme la Corée sont en train de manquer des occasions historiques de se réformer et le contexte international peu favorable ne suffit pas pour expliquer ce phénomène.

Si les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances, c'est avant tout parce que les nouveaux dirigeants, massivement choisis par le peuple en dépit de leurs défauts connus de tous, se sont avérés très décevants sur ce qui était supposé leur point fort : Sarkozy a failli dans la mobilisation et la focalisation, Lee au coeur même de ce qui fait un bon manager.

Fonctionnement autocratique, absence de prise en compte de l'environnement, autisme dans le décision making... le "CEO President" a piloté son entreprise comme la caricature de dirigeant coréen qu'il était supposé effacer. Et comme pour Sarkozy, la majorité se retrouve au bord de l'implosion en raison de l'existence d'un véritable gouvernement parallèle, source de crise institutionnelle (en particulier entre l'exécutif et le législatif) mais aussi source de dissensions au sein même des cercles supposés les plus proches du pouvoir.

Les réformes n'ont que trop tardé, et ces deux pays le constatent tous les jours, à mesure qu'ils s'enfoncent dans une crise pour laquelle ils se trouvent moins bien armés que leurs concurrents. Ces deux dirigeants seraient décidément inspirés de revoir leur copie et leur mode de fonctionnement. Ils en ont la capacité, mais il n'est pas sûr qu'ils le veuillent vraiment. Et le jour où ils se décideront à assumer leur mission, ils risquent de ne plus trouver aussi facilement qu'avant de bonnes volontés pour les suivre.


* cf "
Une présidence en travaux" (20071206)
** cf "
Haka and axing in Gwanghwamun" (20080608) : tous les soirs, 45.000 policiers bouclent mon quartier... qui se trouve abriter également le siège de la police municipale (de l'autre côté de la rue), celui du gouvernement (à 300 mètres) et la Maison Bleue présidentielle (à moins d'un km). J'ai pris la photo ci-dessus le 10 juin 2008 au soir. Son titre "Blue Man Group" rend hommage à la fois aux entertainers de Vegas (dont cela devait être la première à Séoul), et aux hommes en bleu qui ont finalement régné sur le Sejong Cultural Center ce soir-là : la première a finalement été annulée en raison de la manifestation la plus importante depuis 1987, des barrages de containers bloquant Sejongno (dont la chaussée était totalement dégagée à part quelques milliers de policiers, quelques dizaines de cars de CRS, deux journalistes et votre serviteur).

20080601

Hillary jusqu'à la lie / l'hallali

Le comité des règlements du DNC (le Parti Démocrate US) a livré* son verdict sur le sort réservé aux primaires de Floride et du Michigan. Déboutée (et sans doute dégoutée), Hillary pourrait faire appel et ainsi prolonger le suspense jusqu'à la Convention (où sera validé le jugement du Credential Committee, le comité d'appel)... à moins que les super délégués ne rallient en masse Obama la semaine prochaine comme beaucoup l'attendent, lui donnant les voix nécessaires à la victoire dans tous les scénarios.

Cela ne calmerait pas pour autant les ardeurs d'une candidate qui se poserait en alors en martyr dans le style : "Obama a été intronisé par la seule volonté des superdélégués, c'est moi qui ai gagné le vote populaire".

Les "storytellers" de son équipe de campagne préparent le terrain depuis quelques jours en distillant des récits critiques sur la première élection d'Obama (il aurait gagné son siège de sénateur en écartant ses rivaux du jeu démocratique). Quant au calcul sur le vote populaire, il se fonderait sur une victoire massive au Porto Rico (qui ne votera pas en novembre), la prise en compte des scrutins de Floride et du Michigan (le communiqué du DNC se garde bien de valider le vote et évoque des "challenges"), et des Etats ayant voté par Caucus (ne présentant donc pas de statistiques comparables au niveau fédéral).

Certains vont jusqu'à évoquer une candidature de Clinton en indépendante. Un suicide politique peu probable. Sa porte de sortie la plus honorable resterait le Sénat avec pour mandat de piloter l'indispensable réforme électorale de la supposée démocratie modèle.

Le verdict :
- les délégués et superdélégués siègeront mais avec une demi-voix chacun, conformément au règlement du parti
- pour le Michigan (où pour rappel seule Clinton s'était maintenue au scrutin parmi les "grands candidats"), la suggestion des dirigeants de l'Etat est retenue : 69 délégués pour Clinton 59 pour Obama

L'impact comptable :
2.118 voix sont désormais nécessaires pour remporter les primaires (2.117 selon DemConWatch** en intégrant la démission de Al Wynn). Obama mènerait 2.053 à 1.876.5 avec 12.5 voix toujours affectées à John Edwards et 291 délégués restant à attribuer dont 55 au Porto Rico (le 1er juin), 16 au Montana et 15 au Dakota du Sud (le 3). Obama a besoin de 64 voix et Clinton de 240.5. Il lui suffirait de récolter 30 délégués sur les 85 des derniers scrutins et 20% des superdélégués non alignés pour atteindre ce minimum.

Clinton a de bonnes chances de faire appel, une fois enregistrée sa probable victoire massive au Porto Rico où les sondages la donnent nettement en avance. Même si les Portoricains ne votent pas en novembre, elle devrait récolter plusieurs centaines de milliers de vote en plus que son concurrent pour renforcer son discours de leader sur le "vote populaire" (dont le calcul prête pour le moins à débat). Obama est donné gagnant au Montana mais Rush Limbaugh pourrait une fois de plus changer la donne en appelant une fois de plus*** les conservateurs Républicains à promouvoir la candidate Clinton, qui doit gagner les deux scrutins du 3 juin pour confirmer son "momentum".

Mais son appel a peu de chances de remettre fondamentalement en cause le verdict en raison de l'unanimité du Rules and Bylaws Committee sur la question de la 1/2 voix. L'homme qui portera son appel s'est lui-même prononcé en faveur de ce principe.

* http://www.democrats.org/page/content/rbcrelease2/
** http://demconwatch.blogspot.com/2008/05/welcome-back.html ****
*** http://blogules.blogspot.com/2008/03/les-conservateurs-poussent-clinton.html

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**** link updated : full FL / MI details by DemConWatch on http://demconwatch.blogspot.com/2008/06/fl-mi-by-numbers.html.

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