20090831

Le pays du soleil lavant ?

Le jour où Taro Aso est devenu Premier Ministre, il a choisi d'atteindre l'ambition de sa vie au risque de souiller à jamais son propre nom : le Japon semblait parti pour une nouvelle période catastrophique, et son Parti Libéral Démocrate (PLD) pour un score médiocre aux élections de 2009.

A l'époque, le base case scenario semblait une victoire du Parti Démocrate du Japon de la même veine que celle de 1993.

Même si quelques leaders du PDJ ont vécu leurs propres turpitudes ces derniers temps, le PLD a suivi la courbe annoncée. Avec la manière en plus.

L'ère Aso pourrait presque se résumer par ces deux images : un Ministre des Finances bourré à un Sommet du G7 consacré à la gestion de la pire crise d'après-guerre, et des chiffres records du chômage tombant la veille des élections.

Le base case scenario a fait long feu : ce dimanche, le PDJ a rafflé plus de 300 des 480 sièges de la chambre basse.

J'ai le fol espoir que ce worst case scenario pour le PLD se transforme en best case scenario pour le Japon.

Ce pays a vraiment besoin de changement, bien au-delà d'une simple alternance politique ou d'une meilleure politique économique. Le Japon a besoin d'une véritable mutation politique et d'un saut sociétal.

Avant de devenir un Premier Ministre controversé, Taro Aso était un Ministre des Affaires Etrangères controversé, caressant dans le sens du poil l'extrême droite nostalgique de l'Empire fasciste, provoquant régulièrement l'indignation et la colère des voisins Chinois et Coréens, et snobant même Hiromu Nonaka, un rival du PLD, pour être "burakumin", une personne issue de minorité. Nonobstant le fait que l'Empereur lui-même se félicite d'avoir du sang coréen dans les veines.

Yukio Hatoyama, le successeur désigné de Taro, défend au contraire les burakus et particulièrement ceux d'origine coréenne. Il se bat contre les discriminations au sein de l'Archipel, prône une réconciliation avec les voisins, et dirige même une organisation pour l'amitié des peuples coréens et japonais, avec une vision positive d'un avenir commun entre des partenaires naturels ayant tout à gagner à se respecter mutuellement.

Derrière ce nouveau leader de rupture, tout de même âgé de 62 ans, le PDJ a envoyé à la Diète un impressionnant contingent de jeunes pousses, parmi lesquelles un nombre conséquent de jeunes femmes dont certaines ont réussi à bouter hors de la vie politique une collection de dinosaures accrochés à leur poste depuis des décennies et fortement impliqués dans la gestion d'un pays englué dans un système ultraconservateur de keiretsu et de bureaucrates.

Ces élections pourraient signifier la fin du Japon d'Après-Guerre et le commencement de quelque chose de nouveau. Le meilleur moment pour - enfin** ! - mettre les pendules à l'heure sur ce qui s'est passé pendant la guerre en question et avant, faire son nécessaire devoir de mémoire et
éclairer les citoyens nippons sur les aspects moins glorieux de l'Histoire du pays... et se débarasser de la seule minorité vraiment menaçante pour la pureté du Japon : une dangereuse clique de fascistes nostalgiques et révisionnistes.

Le Japon a une occasion unique d'enfin entrer dans le nouveau millénaire en tant que grande nation en paix avec ses voisins, son passé, et son propre peuple.


blogules 2009 (également sur blogules VO : "Land of the rinsing sun ?")

* voir "Taro Aso after Tzipi Livni and before... ?"
** voir trop de
blogules précédents consacrés au Japon, en particulier "Le Japon décide de recoloniser Dokdo", et "Pas de siège au conseil de sécurité de l'ONU pour les révisionnistes".

20090827

Sarkozy: le grand emprunt

Françaises, Français,
Mes chers compatriotes,

J'ai décidé d'avoir recours à un Grand Emprunt National.

Pour votre plus grand plaisir, naturellement, puisque quand il y a de la GEN, il y a du plaisir à retrouver deux prestigieux anciens premiers ministres au service de la République.

C'est Barack Obama qui m'a donné l'idée d'une commission bi-partisane. Il m'a dit "si tu veux faire passer une réforme d'ampleur, appuie-toi sur des grands noms de chaque camp, des vieux lions comme Ted Kennedy ou John McCain".

Bon. Mon ambition n'est pas de faire passer une réforme d'ampleur mais de faire avaler une arnaque d'ampleur. Par ailleurs, le père Ted vient de casser sa pipe, le brave John McCain n'est plus très étanche, et des vieux lions ça ne court pas vraiment nos rues : VGE est grillé depuis que l'Europe est morte, Chirac pige que pouic aux questions financières depuis qu'il ne gère plus sa mairie et ses Méry... et la seule crinière blanche que j'aperçois à l'horizon est celle de ce fourbe de Villepin.

J'ai donc choisi en mon âme et conscience (c'est à dire sur un site de paris en ligne) Alain Juppé et Michel Rocard : ces deux croutons n'ayant aucun pouvoir législatif et parlant une langue qu'aucun Français ne comprend, ils chaponneront idéalement les 22 autres gusses que jusqu'à présent, je n'avais pas réussi à caser dans une commission bidon.

Pour encadrer la fine troupe, j'ai dépêché Christine Lagarde et Eric Woerth Michard : ces gardiens du temple ont pour mission de s'assurer que le dérapage budgétaire supplémentaire de 80 à 100 milliards d'euros soit avalé par Bruxelles.

Mes chers compatriotes, ma mission à moi, c'est de la faire avaler par vous.

Pour commencer, à quoi vont servir tous ces milliards ?

Il s'agit déjà de payer à leur injuste valeur les cabinets de conseil retenus par la commission pour dépanner les copains. Je compte également compenser la disparition de la taxe professionnelle, et j'ai même déjà trouvé un joli nom à cet effet : "lutte contre le déclassement", pas mal, non ? Je dois aussi offrir une nouvelle guitare à Carla en peau de pécari signée Berluti, mais ça c'est un secret.

Pour affecter les quelques millions restant, j'ai fixé à la Commission Juppé-Rocard trois directions politiquement consensuelles : l'économie de la connaissance, la compétitivité des entreprises, et les équipements industriels innovants - vous savez, ces nouvelles technos non virtuelles, qui plantent de belles cheminées et de beaux emplois au milieu de nos campagnes.

En fait, ce Grand Emprunt National reprend ce qui était déjà prévu au budget mais que l'on ne pouvait plus s'offrir après avoir laissé le déficit se creuser. Donc pour combler le trou j'en creuse un autre plus profond juste à côté, c'est pas plus compliqué que ça.

Je compte par ailleurs poursuivre les efforts dans le cadre de mes autres grands emprunts nationaux et dans les mois qui viennent, il n'est pas impossible que j'emprunte un ou deux nouveaux ministres au PS, ou que Henri Guaino emprunte quelques nouvelles figures historiques pour mes discours.

En vous remerciant pour votre incompréhension, je vous prie d'agréer, mes chers compatriotes, mon pied de nez le moins distingué.

Votre hyper hype président adoré,

Nicolas Sarkozy

Agence Fausse Presse - blogules 2009

20090826

Afghanistan, morne plaine

Ordoncques, Hamid Karzai serait officiellement sorti vainqueur du blackout du 20 août dernier.

Car le jour des élections présidentielles et régionales en Afghanistan, tous les feux de la démocratie étaient éteints : aux techniques déjà mises en oeuvre quelques semaines plus tôt en Iran (manipulations, résultats bidonnés, bourrage d'urnes...) se sont ajoutées quelques florentineries typiquement locales (alliances contre nature et cadeaux législatifs de dernière minute sur fond de corruption éhontée...), les spectaculaires démonstrations de force des Talibans (intimidations, menaces, bombardements, meurtres, mutilation de femmes ayant voté...), et surtout la complicité totale des grandes démocraties occidentales (tout le monde s'est bouché les yeux, les oreilles et le nez, les observateurs n'ont rien vu, les media ont parfaitement respecté les consignes de ne pas relater les violences...).

Résultat : une parodie de démocratie marquée par une faible participation et l'anéantissement des dernières illusions du peuple Afghan.

Le gouvernement a commencé par tester des rumeurs d'élection au premier tour de Karzai avec 68% des scrutins, un score de toute évidence aussi trafiqué que celui d'Ahmadinejad (cf "No you can't Mr Ahmadinejad") alors que pourtant, Karzai était difficilement battable au second tour par Abdullah Abdullah.

Devant l'indignation internationale, il a rétropédalé pour annoncer des premiers résultats partiels moins scandaleux : légère avance du président sortant au vu de 10% des votes, les 10% suivants étant détaillés demain. De toute évidence, le pouvoir et les puissances étrangères se sont accordé quelques jours de sursis pour bâtir un scénario de sortie de crise avant qu'elle ne dérape à l'Iranienne.

En Afghanistan, même le ridicule tue.

blogules 2009

20090822

"Mein Kampf" et domaine public, salut nazi et salut public

Le manifeste d'Adolph Hitler tombera dans le domaine public le 31 décembre 2015, et la question se pose déjà* de savoir s'il faut maintenir l'interdiction de sa publication en Allemagne, ou en autoriser des éditions encadrées par des notes et préambules rappelant le caractère abject de cette oeuvre comme des crimes commis dans son prolongement.

Il ne s'agit plus seulement de disserter sur une "simple" oeuvre de fiction chargée de racisme et de colonialisme comme l'édition originale de "Tintin au Congo" (déjà à l'origine de nombreuses polémiques), mais sur un programme absolument criminel, responsable de millions de morts.

A mon sens, une oeuvre comme celle d'Hergé ne peut plus être diffusée dans sa version originale, mais ne doit pas pour autant être censurée. Elle doit servir à des fins pédagogiques, ce qui entend pour le lecteur non seulement un avertissement clair en préambule et en conclusion, mais aussi des notes de lecture mettant systématiquement en évidence les éléments condamnables. Cela nuit à la lecture d'une oeuvre de fiction mais justement au profit de l'objectif pédagogique : ce lecteur doit comprendre ce qui pose problème et maintenir une distance avec ce qu'il lit. Il s'agit, sans remettre en cause le talent d'Hergé, de dénoncer un état d'esprit intolérable, un comportement et un type de société que nous souhaitons révolus.

Il serait évidemment tout autant intolérable de comparer RG et AH. Je suis toutefois partisan d'une approche similaire : interdiction de publier l'oeuvre sans un cahier des charges bien précis.

Précision : au-delà de rares extraits, je n'ai pas lu "Mein Kampf". Pour les délires psychotiques je préfère la fiction, et pour comprendre l'origine du fascisme,
je préfère consulter un autre agité du bocal : Mussolini.

Au moins trois éléments semblent à prendre en compte dans cette affaire :
- La chute dans le domaine public
- Le devoir de prohiber l'incitation à la haîne et le révisionnisme
- Le devoir de mémoire et d'enseigner l'histoire

L'entrée dans le domaine public rendra caduque toute interdiction d'une publication déjà très accessible sur la toile. Celui qui veut se procurer le texte maudit y arrivera, et une publicité massive sera faite sur cette... publicité.

Autant prendre les devants pour ne pas laisser le terrain libre aux marchands de haîne, et au contraire exposer l'imposture de la propagande (neo) nazie qui ne manquera pas de proliférer.

Et après tout, d'autres extrémistes n'exploitent-ils pas aujourd'hui des textes bien moins polémiques mais tout aussi sulfureux s'ils sont appréhendés par des esprits pervers ? Certains passages de la Bible ou du Coran pris brut de décoffrage choquent bien plus que les aventures rocongolesques du petit reporter à la houpe.

"Mein Kampf" (avec sa suite "Zweites Buch") constitue un document historique majeur et doit faire l'objet d'un soin particulier. Toutes les analyses ne se valent pas et des "pseudos" chercheurs se feront un plaisir de faire l'hagiographie d'Hitler sous couvert de décrypter son livre fondateur.

Je me demande si une solution acceptable serait de former une commission internationale sous s'autorité des Nations Unies afin de produire une édition pédagogique universelle labellisée UNESCO commercialisée par les Editions de l'UNESCO dans des conditions à définir.

Cette époque a besoin de référentiels clairs pour lutter contre la montée du révisionnisme. L'existence d'une édition au label UNESCO rend de facto les autres éditions "alternatives".

C'est une mission de salut public face au salut nazi.


blogules


* exemple sur Rue89 "
Rééditer Mein Kampf, un mal nécessaire" (20090821)

IMPORTANT: si vous avez commandé "La Ligue des Oubliés" sur Amazon

Les commandes de "La Ligue des Oubliés" passées sur Amazon ne sont assurées que depuis les Etats-Unis et le site américain Amazon.com.

Si vous avez commandé un ou plusieurs exemplaires sur Amazon.fr, vous ne serez ni débité ni livré (en un mot "oublié(e)"... décidément...). Il est alors préférable d'annuler cette commande (aucune pénalité : rupture de stock) pour la repasser
sur le site Amazon.com.

Désolé pour les désagréments causés et merci pour vos gentils messages.

Stéphane

20090818

KIM Dae-jung en Statue du Commandeur

Triste année pour les anciens présidents sud-coréens : la pneumonie a emporté KIM Dae-jung (1998-2003) aujourd'hui*, quelques semaines après le suicide** de son successeur ROH Moo-hyun (2003-2008).

Le premier Coréen lauréat d'un Prix Nobel (celui de la Paix en 2000) avait été admis il y a plus d'un mois au Severance Hospital. Et lorsque son sort a commencé à ne plus laisser le moindre espoir, tous ses anciens ennemis politiques se sont succédés un à un pour rendre visite à un homme alors trop faible pour parler, mais dont la mort allait nécessairement provoquer le retour des projecteurs vers les moments les moins glorieux de leur propre passé.

Parmi les plus prestigieux notables venus "faire la paix" dans cette parodie de "Sunshine Policy", trois présidents :
- l'ancien dictateur CHUN Doo-hwan, qui l'avait fait arrêter et condamner à mort, a déjà été jugé
- KIM Yong-sam, qui avait rejoint le camp conservateur pour le battre aux présidentielles en 1993, espérait encore équilibrer son peu reluisant bilan,
- mais le passé de LEE Myung-bak avec KIM Dae-jung se conjugue au présent, et son histoire reste pour beaucoup à écrire

Or KIM Dae-jung a été particulièrement critique envers le président actuel. Son dernier souffle en public a été pour denoncer des attaques répétées à la démocratie, en particulier dans les cadre des polémiques ayant suivi la disparition de ROH Moo-hyun (voir "
A Yellow Sea for Roh Moo-hyun").

Au minimum pour les quelques semaines à venir, KIM Dae-jung risque de s'élever comme une embarrassante Statue du Commandeur à côté de ce Don Juan déjà sérieusement en délicatesse dans sa reconquête de l'opinion publique coréenne.


* voir "
Former President Kim dies at 85" (Yonhap 20090818)
** voir "
Roh Moo-hyun, le promeneur du champ de mai" ("Roh Moo-hyun follows Pierre Beregovoy" sur Seoul Village et blogules VO).


blogules 2009

ADDENDUM 20090819

La famille de KIM Dae-jung a choisi le grand ordonnateur des hommages : KIM Young-sam. Enterrer la hâche de guerre entre YS et DJ ne pouvait constituer un plus bel hommage a sa Sunshine Policy.

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initialement publié
Seoul Village and blogules VO.

20090814

Nous rejetons comme faux le choix entre notre Sécurité Sociale et nos idéaux

La bataille pour la couverture médicale universelle fait rage outre-Atlantique. Barack Obama prend des risques considérables à pousser une réforme certes annoncée et indispensable mais politiquement très casse gueule : personne n'a oublié comment Bill et Hillary Clinton avaient perdu la majorité Démocrate aux élections de 1994, et certainement pas les Républicains, qui sortent le gros calibre pour refaire le coup en 2010.

En parallèle, une intense campagne de lobbying est menée par les grands groupes pharmaceutiques US, principaux bénéficiaires des dysfonctionnements du système. A en croire leurs publicités, tout fonctionne à merveille et ce sont les réformes qui jetteraient de l'argent par les fenêtres. Or 46 millions d'Américains ne sont pas couverts, et pourtant la santé pèse 16% du PNB en France, cinq points de plus qu'en France et deux fois plus qu'au Royaume Uni, un pays où la densité de médecins, d'infirmières, ou de lits d'hopitaux est identique, mais la mortalité infantile inférieure de 30%. Où va l'argent ? On en retrouve une partie dans ces campagnes, et les lobbies actionnent leurs relais habituels dans les media et au congrès... pas joli-joli, mais rien que du très classique.

Ce qui rend l'atmosphère encore plus irrespirable qu'aux pires moments de la campagne présidentielle de l'an dernier, c'est la campagne de dénigrement mille fois plus violente et pernicieuse menée par des officines ultra-radicales. Ce n'est plus seulement de "socialisme" qu'il est question mais de "soviétisation" voire de "Nazification" : une rumeur totalement infondée de "death panels" lancée par les habituels media d'extrême droite a été prolongée par des portraits d'Obama sous les traits d'Hitler. La haîne se déchaîne à tous les niveaux et les adversaires de la réforme font preuve d'une impressionnante détermination pour torpiller toute tentative de rapprochement bi-partisan. Comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort.

De fait, certains jouent très très gros dans l'affaire. Mais pour eux, l'avenir du système de santé américain est bien le dernier de leurs soucis...

Selon Karl Rove*, le Président Obama serait en état de "campagne permanente". De la part d'un homme qui a commencé la campagne présidentielle 2004 de George W. Bush sitôt volé le scrutin de 2000, ça ne manque pas d'air. D'autant plus que cet homme est toujours en campagne à l'heure qu'il est : en faveur de sa fameuse "
Bush Legacy" ("L'Héritage Bush"), le point de vue d'un révisionniste sur l'une des périodes les plus sombres de l'histoire des Etats-Unis.

Selon Karl Rove, "transformer des critiques en ennemis n'est pas présidentiel". De la part d'un homme qui a fait virer des juges parce qu'ils étaient incapables d'inventer des preuves contre les critiques de l'administration Bush-Cheney**, ça ne manque pas d'air. Vous vous souvenez de ces gars qui ne cessaient de donner du "us vs them" ? C'était "présidentiel", peut-être, d'appeler "l'axe des fouines" des amis qui vous conseillent de ne pas envahir illégalement un pays parce que vous risquez de renforcer le terrorisme international au lieu de l'affaiblir ? C'était "présidentiel", peut-être, d'appeler "non-Américain" des patriotes osant émettre l'hypothèse qu'institutionnaliser la torture, et pas seulement contre des innocents, n'était peut-être pas cohérent avec les valeurs américaines ?

Pourquoi diable Karl Christian Rove***, cet individu qui a érigé en art l'état de "campagne permanente" et la "transformation de critiques en ennemis", s'acharne-t-il à se ridiculiser en public ?

Pour la faire simple, cet homme a la trouille.

Comme d'autres, il sait que l'heure de la disgrâce va enfin sonner. Avec peut-être même de la prison au bout du compte.

Karl Rove s'époumonne à diaboliser l'"Obama(s)care" parce qu'il sait pertinement qu'une fois ce dernier effort bipartisan terminé, Eric Holder et la justice auront les mains libres pour accélérer le solde pour tous comptes de l'ère Bush-Cheney.

"Healthscare" est l'ultime avatar de la politique de la peur caractéristique des années Bush. Mais cette fois-ci, la peur a changé de camp. Ce n'est plus à une administration corrompue de décider qui est coupable en shuntant le circuit normal à travers une caricature de justice, mais à la vraie justice d'oeuvrer en toute indépendance, sous la protection d'un gouvernement sain et respectueux de la répartition des pouvoirs dans une démocratie. Une fois de plus, Barack Obama ne pointe personne du doigt : il indique simplement la direction pour la Justice ****.

Beaucoup pensent qu'Obama est fou de s'attaquer à la réforme de la santé maintenant, mais il n'a pas vraiment le choix : c'est maintenant ou jamais. Impossible de mobiliser la nation sur un projet aussi structurant au milieu d'une "reprise" en L ou en W. Et le Président a besoin de rassembler le plus largement possible au sein du Congrès.

Si vous avez le moindre doute sur le sens des priorités de Barack Obama, rappelez vous simplement les mots les plus importants de son discours inaugural ("
We reject as false the choice between our safety and our ideals"), et de sa première décision en tant que Président (ordonner la fermeture de Guantanamo).

"Change is coming", et les adversaires les plus acharnés de cette réforme sont ceux qui ont le plus à craindre de la justice.

Ce n'est pas du "socialisme" qu'ils ont peur, mais de la Justice.

La Justice contre une administration fascisante, sa propagande, sa politique de terreur, sa promotion de la torture...

La Justice contre les criminels qui ont
délibérément cherché à détruire les fondements de la démocratie américaine.

L'heure est venue d'en finir avec les pires ennemis de l'Amérique : ceux qui la détruisent de l'intérieur.

So with hope,
we reject as false the choice between our social security and our ideals.

SM 2009

* voir "
Obama and the Permanent Campaign" (WSJ - 20090813)
** voir "
E-Mail Reveals Rove’s Key Role in ’06 Dismissals" (NYT - 20090811)
*** ne vous laissez pas attendrir par son petit nom : Karl est plutôt de la variété Médiévale / Croisades que dans la tradition "peace and love".
**** revoir "
'Insects placed in a confinement box' (Welcome on Waterboard)"

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initialement publié sur
blogules en V.O..

20090812

Persiste et signe

Au vu des nombreuses réactions au blogule précédent "Israël ouvertement sur la voie du fascisme" (sur blogules en V.O. : "Israel openly embraces fascism"), quelques rappels semblent s'imposer, en particulier à l'attention des lecteurs peu familiers avec mes billets d'humeur.

Je vais tenter de les regrouper sous forme de macro questions-réponses mais auparavant, cette précision importante :

Je persiste et signe :

- Je persiste. Je maintiens ce que j'ai écrit : mon objectif est d'interpeler la majorité des modérés Israéliens pour qu'elle se réveille et se désolidarise de ses dirigeants, que je considère comme fascistes, ainsi que des minorités extrémistes dangereuses pour leur avenir comme celui du monde. Les Etats-Unis y sont parvenus en 2008 et je ne désespère pas de voir Israël en faire de même. Rien de neuf sous le soleil : j'avais émis la même accusation de fascisme envers l'administration Bush-Cheney avant les élections de 2004 (
"Let's face it they're fascists"), et sérieusement préparé le terrain en comparant Israel 2009 et USA 2004 avant les élections de février dernier ("Come Feb. 10th, Will Israel Embrace History Or Vote Bush-Cheney 2004 ?").

- Je signe. Comme toujours, de mon vrai nom. Sans me réfugier derrière un pseudo ni un nom de plume. J'assume mes opinions en toute transparence et en toute indépendance. Leur formulation laisse souvent à désirer, et il m'arrive de heurter des sensibilités comme de pondre des inepties, mais jamais de vouloir de mal à quelqu'un. Lorsque je veux voir quelqu'un croupir en prison, c'est avant tout parce que je tiens à ce que justice soit faite.

Je ne reprends donc pas la plume pour me défendre mais pour enfoncer le clou.


Q: LES TERMES EMPLOYES NE SONT-ILS PAS EXCESSIFS ? LES ISRAELIENS NE SONT TOUT DE MEME PAS DES NAZIS !

- Avant tout je parle de fascisme et non de nazisme. En m'appuyant sur les éléments constitutifs du fascisme tel que définis par Bénito Mussolini lui-même (j'y reviens par la suite). Les Israéliens ne sont évidemment pas des Nazis, et il n'est nullement question ici de revenir sur la page la plus sombre de l'humanité.

- Deuxièmement je critique la politique des dirigeants d'Israël. Ni le pays, ni son peuple... à part peut-être pour son apathie devant les dérapages de ses gouvernants. J'ai également publié cette tribune sous le titre plus pointu "Les citoyens Israéliens souhaitent-ils réellement être dirigés par des fascistes ?"

- Troisièmement, le caractère "excessif" est assumé et c'est tout le sens du préambule du
blogule en question : devant les excès commis, vient un moment où l'on est obligé d'employer des termes forts. Mon registre de vocabulaire n'est pas innocent : l'objectif n'est pas de jeter de l'huile sur le feu mais de réveiller la majorité silencieuse israélienne, qui en a en moins autant besoin que les Americains il y a quelques années. En 2003, j'ai compris une chose : défendre les modérés n'est pas incompatible avec un discours fort, bien au contraire. En particulier au moment où les extrêmes des camps opposés trustent les antennes, il est urgent de réveiller les modérés en exposant en pleine lumière les impostures dont ils sont victimes. Moderation ne veut pas dire neutralité : quand des extrémistes mettent en danger l'ensemble de la communauté, il ne faut pas les laisser gagner la moindre parcelle de terrain (à ce titre, je souhaite qu'on en finisse avec l'imposture fondamentaliste qui hélas menace tout autant les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans). Le modéré a le devoir d'ouvrir sa gueule, ne serait-ce que pour clamer "ce n'est pas le locataire du sixième qui est anti-fasciste, c'est le fascisme qui est anti-locataire du sixième". Ce n'est pas la critique du fascisme qu'il convient de rejeter vigoureusement, mais le fascisme lui-même.

- Quatrièmement, ce registre est employé par d'autres, et pas seulement en Iran ou en Palestine. Ce débat existe en Israël même, et aux preuves de crimes de guerre d'Amnesty International s'ajoutent maintenant des accusations d'apartheid en provenance d'Afrique du Sud : l'ancien ministre Ronnie Kasrils, le Media Review Network, la Palestine Solidarity Alliance, et le Human Sciences Research Council souhaitent voir 70 Israéliens traduits en justice pour ce motif ("
Kasrils wants 'war criminals' prosecuted").


Q: AU FOND, VOUS NE SERIEZ PAS UN PEU ANTI-SEMITE OU BEAUCOUP ANTI-ISRAEL ?

- C'est parce que j'aime les Etats-Unis que j'ai critiqué le gouvernement qui voulait leur perte. De même, c'est parce que j'aime Israël que je demande aujourd'hui à ceux qui l'aiment vraiment de le sauver en refusant les dérives fascisantes de ses pires ennemis : ses propres dirigeants. J'ai été qualifié d'anti-américanisme primaire en 2004, je ne suis pas surpris de recevoir ce genre d'insultes déplacées aujourd'hui. Depuis plus de 6 ans que je tiens ce misérable blog, je renvoie dos a dos les extrêmes de tous bords, qui sont
plus souvent partenaires qu'adversaires les uns des autres. Et si je me fais traîter alternativement d'anti-américain et d'agent de Washington, de sionniste et d'islamiste par des personnes qui ont tendance à voir le monde en noir et blanc, cela ne m'empeche pas d'avoir des amis juifs et musulmans, Israéliens, Iraniens ou Pakistanais.

- Mes lecteurs réguliers le savent, je lutte régulièrement sur la toile contre des racistes, des antisémistes, et des révisionnistes mettant plus ou moins ouvertement en doute l'Holocauste. Mon argument se résume généralement à ceci : le racisme comme l'antisémitisme sont non seulement une abomination mais une négation de sa propre humanité... Si vous êtes raciste ou antisémite, c'est souvent que vous avez un problème avec votre propre identité.

- Je ne crois pas être raciste : à mes yeux, tous les humains appartiennent par définition à la même race, d'origine africaine : les humains. Chaque voyage me conforte dans le respect de la diversité et des échanges qui font la richesse et la beauté de notre planète, et je me réjouis d'apprendre chaque jour dans un climat résolument multiculturel.

- J'ai par nature un a priori positif pour tout le monde, et je m'efforce d'éviter les amalgames entre une nation, ses habitants, et ses dirigeants. J'adore le Japon, la Chine, la France, l'Iran, le Pakistan ou la Corée du Nord comme du Sud, mais cela ne m'empêche pas de réagir si quelque chose me fait... réagir. J'estime qu'Israël est aujourd'hui dirigé par des fascistes, je sais que les citoyens Israeliens ne sont pas fascistes, et j'attends d'eux qu'ils le fassent savoir. C'était le sens de mon billet.

- Je ne crois pas être antisémite. J'assume mon héritage culturel judéo-chrétien au même titre que toutes les autres composantes de mon être. Je visite une synagogue avec le même respect que je visite une église, un temple ou une mosquée. J'ai le même respect pour toutes les religions (
les déviances fondamentalistes relevant de politique et non de religion), et si la religion n'entre en aucune manière dans mes critères d'affinités relationnelles, il se trouve que je suis lié par le sang comme par l'amitié à des juifs de tous horizons. J'attache beaucoup d'importance au devoir de mémoire concernant la Shoah sur un plan privé (par exemple dans le cadre de mes voyages), comme dans ces misérables blogules (par exemple lorsque je déplore une résurgence du nazisme ou une faillite du devoir de mémoire).

- Je ne crois pas être anti-Israël. Sur un plan politique,
comme je l'ai expliqué, je suis plus J Street qu'AIPAC*. Ces deux organismes sont pro-Israéliens, mais les premiers souhaitent réellement la paix et savent bien que l'on n'y parviendra jamais avec des dirigeants qui fondamentalement refusent la paix et ont besoin de la guerre pour rester au pouvoir. Sur la question de l'Etat d'Israël, ma position est claire : je ne suis pas anti-Israël et pro-Palestine mais pro-Israël ET pro-Palestine. Israël et Palestine doivent coexister pacifiquement comme deux Etats souverains, et des concessions sont nécessaires de part et d'autre. Je crois en particulier que chacun doit être très clair sur sa propre nature et dans ses propres statuts. Je déplore les circonstances dans lesquelles l'Etat d'Israël a été créé. Tout le monde a perdu dans l'affaire : les Palestiniens bien sûr, mais aussi l'ensemble de la communauté internationale (et en particulier les membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU, les vrais coupables sur le coup), et les Israéliens eux-même. Je ne remets pas en cause la légitimite de l'Etat, je remet en cause sa légitimité à aller au-delà de ce qui est légitime (et qui avait d'ailleurs été accepté), et je déplore surtout l'absence de constitution, qui a mon sens pose problème essentiel sur un plan interne et doit être réglé au plus vite. Israël ne peut plus faire l'économie d'une mise au clair : la fuite en avant n'est pas une solution durable, et le pays ne saurait se définir par rapport au seul Hamas.

- Ce n'est pas moi qui suis anti-Israël, mais les Benjamin Netanyahu et autres Avigdor Lieberman. Je ne veux pas condamner Israel mais au contraire qu'Israel se sauve pendant qu'il en est encore temps. On a pu mesurer l'impact de 8 ans de Bush-Cheney sur la paix dans le monde et sur le niveau d'anti-américanisme... Si l'on veut que le modèle démocratique se répande, il est essentiel que les rares démocraties de la region se montrent exemplaires.


Q: EN QUOI LES DIRIGEANTS ISRAELIENS JUSTIFIENT-ILS LE QUALIFICATIF DE "FASCISTES" ?

- Je renvoyais à la definition du fascisme selon Mussolini sachant que chaque pays, chaque époque a ses particularités. Aujourd'hui, le fascisme prend des formes nouvelles et très variées en raison d'innombrables paramètres, mais aucun continent n'est à l'abri (Italie, Japon, Israel, Russie, USA, Iran...), et l'on peut difficilement nier le regain fasciste au niveau global, en compagnie de / en synergie avec d'autres idéologies tout aussi nauséabondes.

- Israël n'est pas une dictature fasciste, mais une démocratie actuellement dirigée par des fascistes, et qui menace de s'engager plus loin encore sur la voie du fascisme. Israel n'est pas un pays fasciste, mais un pays dont le premier ministre peut se faire descendre parce qu'il prône la paix. Israël est une démocratie, mais une démocratie où deux partis arabes ont été interdits de participer aux dernières elections, où certains souhaiteraient aller jusqu'à enlever leur citoyenneté ou leur droit de vote aux Israéliens arabes ou non juifs, et où une colonisation extensive vise a fausser les réalites démographiques pour créer artificiellement une majorité ethnique (l'abandon de Gaza procède de la même logique comptable). Je ne suis pas sûr que tous les Israéliens se reconnaissent dans ces exactions iniques, ces bruits de bottes, l'anschluss de territoires Palestiniens ou la constitution de véritables ghettos. Si comme en 2003, la Cour Suprême a finalement annulé l'interdiction des partis arabes, il n'en demeure pas moins qu'au-delà du Likud et de Kadima, même le Parti Travailliste a poussé en faveur de cette interdiction proposée par l'extrême droite... ce qui en dit long sur le glissement loin du centre de l'ensemble du spectre politique local. Au passage, ici comme ailleurs, tout risque de basculer encore plus vite si la Cour Suprême évolue mal. Et comme aux States**, valeur à surveiller de très très près le moindre pet de travers des membres de la Cour Suprême israélienne.

- Le terme de fascisme est traditionnellement assumé par une partie de l'extrême droite israélienne depuis les années 30. Evidemment, à l'époque, le modèle était Italien et non Allemand, même s'il eut par la suite des échanges directs avec le régime Nazi. Le mouvement Brit Habirionim et son spin off Maximalisme Revisioniste cher à Abba Ahimeir (un proche de Benzion Netanyahu, père de qui vous savez) revendiquaient fièrement le label fasciste. Aujourd'hui encore, en Israël comme aux Etats-Unis, une frange radicale d'essence fasciste demeure active.

- Pour moi, l'élément clef dans l'Israël d'après Rabin est l'importance de la guerre : le conflit n'est plus seulement un moyen de défendre le territoire. Sans même évoquer l'"impérialisme" cher à Mussolini, et de conflits "justifiés" par des ambitions de conquête de nouveaux territoires (ou reconquête suivant le point de vue), c'est l'état permanent de conflit qui compte, comme un moyen de renforcer l'Etat, ou plutôt un certain idéal d'état et les dirigeants actuels d'une démocratie supposée basculer vers cet idéal. Dans le cas des faucons de Tel Aviv, l'Etat couvre un sens particulier et complexe, parfois au-delà de l'ultra-nationalisme, et il implique tous les individus qui y participent et y font corps. Mais s'il entretient l'état de conflit permanent et s'il présente des relents théocratiques, cet idéal ne ressemble pas à celui du tandem Bush-Cheney (d'autant que Yisrael Beiteinu, le parti de Lieberman, est plutôt laïc) : il obéit à une logique bien à lui, qui exclut à terme une partie des citoyens. De nos jours, un Etat ne peut se permettre de priver ouvertement des citoyens de leurs droits ou de leurs libertés aussi facilement que par le passé. Bush et Cheney y sont parvenus partiellement sous couvert de "guerre contre le terrorisme", Netanyahu aura plus de mal dans des circonstances pourtant proches. Parce qu'il ne peut pas tout se permettre dans le cadre d'une démocratie, son Gouvernement n'agit pas seulement directement en tant qu'Etat (déjà assez interventionniste et "instrumental" dans la radicalisation des rapports avec les Palestiniens, comme on peut le voir avec la construction du mur par exemple), mais plus souvent et de façon parfois encore plus efficace en soutenant des factions radicales non gouvernementales.

- Fondamentalement, les dirigeants actuels d'Israël sont fascistes parce qu'ils rejettent la démocratie actuelle (ils souhaitent redéfinir la notion de citoyenneté, affirmer une notion d'Etat incompatible avec le droit international), et surtout parce qu'ils ne veulent pas de la paix car sans la guerre et la haîne ils disparaissent. C'est pareil du côté du Hamas et d'ailleurs, les faucons de Tel Aviv ont tout fait pour assurer leur succès en Palestine afin de conforter leur propre pouvoir.

- En Israël, tout le monde sait que Netanyahu ne veut pas de la paix et fait tout pour l'empêcher. Il avait déjà fortement contribué à l'entreprise de torpillage d'Oslo, preparant le terrain aux fanatiques qui ont assassiné Rabin. Depuis, Israël n'a jamais été dirigé par quelqu'un qui fondamentalement souhaite la paix, Ehud Barak y compris (ce que confirme d'ailleurs son parcours depuis).


Q: Y'A PIRE AILLEURS, ET TOUS LES PALESTINIENS NE SONT PAS DES ENFANTS DE CHOEUR NON PLUS !

- Premièrement, mon propos porte avant tout sur une question de politique intérieure israélienne : indépendamment de l'Iran ou du Hamas, comment les citoyens Israéliens envisagent-ils leur avenir, qu'attendent-ils de leur propre pays et de leurs propres dirigeants, se reconnaissent-ils dans un idéal fascisant ? Si j'attends une réaction, ce n'est pas des habituelles escouades d'extrémistes des deux camps, mais de la majorité moderée israélienne. Je me doute bien que ce n'est pas facile de prendre du recul lorsqu'on reçoit une roquette tous les soirs mais c'est parfois nécessaire.

- Deuxièmement, je renvoie dos à dos les extrémistes des deux camps. Le Hamas ne reconnait pas Israël, mais le gouvernement d'Israël ne reconnait plus la Palestine. Tous deux sont coupables de refuser la paix et le compromis péniblement atteint par leurs prédécesseurs pacifistes. On peut faire le parallèle entre les fondamentalistes colons israéliens et les fondamentalistes du Hamas, les deux instrumentalisant d'ailleurs des enfants pour assurer la perennité de leurs idéologies de haîne par-delà les générations.

- Mais c'est déjà une question de posture. Tant que les fondamentalistes des deux camps s'entretiennent les uns les autres, on n'en sort pas. Il faut un changement de leadership avec une coupure claire pour marquer le coup. Meme si c'est de façon unilatérale pour commencer, cela déstabilise les radicaux adverses et les expose brutalement aux yeux du monde. De même, le discours d'Obama au Caire (voir "
State Of The World Union") et son message de Nowruz (voir "Beyond the Iranian people, Obama is addressing Israel") n'empechent pas Khamenei de s'enfoncer en refusant la main tendue, mais vont dans le bon sens et contribuent à marginaliser les marchands de haîne.

Un beau jour, un homme a clamé haut et fort "we reject as false the choice between our safety and our ideals ". J'attends la même chose des Israéliens et des Palestiniens... et qu'il n'y ait plus la moindre ambiguïté sur les "idéaux" en question.



* et plus Woody Allen que Paul Wolfowitz.

** Les USA ne sont pas un pays fasciste, mais ils sont vraiment passés tout près.

20090803

Israel ouvertement sur la voie du fascisme

Inutile de se cacher derrière son petit doigt, ce n'est pas dans le registre politiquement correct des diplomates que l'on trouvera les vocables les plus pertinents pour qualifier le régime actuellement au pouvoir à Tel Aviv.

Israël est désormais dirigé par des fascistes.

Les expulsions de ce week-end à Jérusalem en plein territoire Palestinien* ne font que confirmer le récent coup d'accélérateur donné à une colonisation par essence illégale, en dépit des avertissements très clairs formulés par Barack Obama lors de la visite de Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche.

Ces bruits de botte viennent réconforter au meilleur moment les partisans d'Avigdor Lieberman : la police souhaite voir le sulfureux Vice-Premier Ministre / Ministre des Affaires Etrangères traduit en justice pour corruption.

Mais la ligne jaune était déjà franchie depuis bien longtemps avant même l'arrivée au pouvoir du Gouvernement Netanyahu V2. Pilonnage du Liban et de Gaza, négation de droits de citoyens israéliens, anschluss du territoire palestinien, construction d'un mur illégal...

Israël est désormais dirigé par des fascistes, et j'assume le terme comme je l'ai fait il y a cinq ans à propos des Etats-Unis de Bush-Cheney, en me fondant sur la définition du fascisme par Benito Mussolini lui-même (voir "
Let's face it they're fascists").

Une fois de plus, il n'est pas question ici de religion, ni de l'existence d'Israël, mais de politique, et de la nature du régime politique souhaité par les Israéliens (voir "
De La Justice En Amérique - De La Démocratie En Israël").

Si des citoyens Israéliens ne se reconnaissent pas dans cette voie sans issue, qu'ils le disent haut et fort, et sans attendre les prochaines élections.

C'est tout de suite qu'il faut se faire entendre. Au-delà de l'avenir de la Palestine, c'est le futur d'Israël qui est en jeu.


* "
Police evict two Arab families in Sheikh Jarrah, sparking furious int'l reaction" (Haaretz 20080801)

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