20121025

Tout faux

Aussi absurde que cela puisse paraître, Mitt Romney semble parti pour devenir le prochain Président des Etats-Unis d'Amérique. Une énorme erreur de casting et un contresens de l'Histoire comparable à la victoire de François Hollande en France: dans les deux cas, la campagne du président sortant a offert sur un plateau les clefs de la nation à un imposteur pas du tout équipé pour le job et soutenu par un parti déchiré entre conservateurs et réformateurs et totalement incapable de gérer un pays et a fortiori de mener les réformes dont il a le plus besoin.

La grosse différence, bien sûr: Sarkozy n'était pas l'homme de la situation et ne devait jamais faire l'erreur de se représenter, tandis qu'Obama est la personne dont les Etats-Unis et le monde ont besoin. Son erreur a lui aura été d'oublier de faire campagne au pire moment: le premier débat présidentiel, qu'il a traité comme une simple réunion de travail, et à perdre son temps à tenter de raisonner une girouette éhontée au lieu de. Les nettes victoires sur le fond comme sur l'image des deux débats suivants n'ont rien changé à l'affaire: Romney a semblé, l'espace d'une heure et demie, tenir tête à un rival ne boxant pourtant pas dans la même catégorie... pour la simple raison qu'Obama n'était visiblement pas venu pour boxer ce soir-là.

Obama peut encore renverser une tendance inquiétante et pour cela, il doit appuyer là où ça fait mal, sur le leadership, et sur les contradictions non plus du seul Romney, mais des Républicains.

Elu, Romney serait, comme Hollande, condamné par sa base à suivre un programme de détricotage des réformes engagées par son prédécesseur au lieu de chercher à améliorer et à réformer plus en profondeur. Comme Hollande, il aurait le soutien des élus de l'opposition quand, s'apercevant qu'il n'a pas le choix, il poursuivra certains programmes incontournables. Comme Hollande, il ne se rendra populaire que le jour où il se décidera à laisser tomber l'idéologie pour le pragmatisme, quitte à renier le coeur de ses promesses de campagne*.

Et pendant que le gouvernement Ayrault s'enfonce dans sa déroute programmée et que le PS s'obstine à retarder sa mue dans une invraisemblable télénovella désorganisationelle, l'opposition se met en ordre de marche pour ramasser les miettes aux prochaines échéances. 

En ressuscitant l'UDF avec son UDI (Union des Démocrates et Indépendants), Jean-Louis Borloo a non seulement flingué François Bayrou, mais aussi facilité la victoire de François Fillon à l'UMP : le positionnement "Sarko Plus - FN Minus" de Jean-François Copé le marginalise plus que jamais en "Mégret Light", permettant à son rival de ratisser encore plus large sur sa droite. Claude Guéant a été le premier à rallier le panache de l'ancien Premier Ministre (pas le panache blanc, ce serait Villepin), et la mise en avant du sulfureux Eric Ciotti complète l'aile droite du centre droit. Le déjeuner d'hier du couple exécutif sortant Sarkozy-Fillon achève de plier l'affaire.

La gauche a beau contrôler l'ensemble des pouvoirs, elle apparait plus faible que jamais. Seul motif d'espérer? La perspective de quadrangulaires PS-UMP-UDI-FN.

Toujours mieux que Barack Obama, qui ne peut guère compter que sur le "libertarian" Gary Johnson pour grapiller quelques voix à Mitt Romney dans quelques états clef. C'était possible il y a encore trois semaines, mais au petit jeu des petits candidats, Obama a désormais plus à perdre du côté de la candidature verte et de Jill Stein.




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