20110620

La bulle K-pop

Pop, c'est le bruit de la bulle qui éclate. Pas la grosse bulle spéculative, non, plutôt le joli ballon irisé éphémère créé par un enfant avec de l'eau savonneuse.

Sauf que la K-pop n'a rien du jeu d'enfant : ici, pas de place pour l'innocence, le hasard, ou les caprices du vent. Dans cette industrie ultra formatée, la créativité se concentre uniquement sur le marketing, en particulier dans ses propriétés les plus virales et addictives.

Par certains côtés, la K-pop reflète la culture coréenne de ce début de millénaire, mais pas vraiment dans ce qu'elle a de plus durable : une sur-stimulation visuelle et auditive avec système de récompense immédiat, une dystopie reposant sur une concurrence extrême et un entraînement surhumain, et débouchant immanquablement sur la négation de la nature et un recours systématique au bistouri, une multiplication de communautés virtuelles superficielles apportant toute la sécurité du sentiment d'appartenance sans le moindre stress idéologique...

Sur le fond, rien de nouveau. Musicalement bien sûr, mais aussi sur le plan du business model. Il suffit de reprendre les recettes désormais classiques des boy / girl bands en les mettant à l'heure des réseaux sociaux, puis d'ajouter progressivement la vision moyen terme des majors d'Hollywood pour accompagner sa jeune et docile audience dans une maturation la plus lente possible (évidemment toujours sous contrôle). Les SM Entertainment & co prévoient de modifier progressivement leur mix produit pour que le public ne décroche pas au bout de quelques années et déjà, la plupart des groupes ont développé quelques embryons d'aspérités sinon proto-intello, du moins associées à une illusion de système de valeurs.

De toute évidence, le modèle s'exporte : dès que les premiers signaux de contagion ont été confirmés en Europe, les organisateurs ont bondi sur l'occasion comme la vérole sur le bas clergé armoricain.

Ce n'est pas vraiment le rapprochement culturel dont je révais entre hérauts de la diversité culturelle en Europe et en Asie, mais je commence à avoir l'habitude : il y a quelques années déjà, je me prenais des volées de bois vert de fan ouzbeks ou nippons de Bae Yong-joon parce que je déplorais le fait que l'image de la culture coréenne à l'étranger soit phagocytée par des "dramas" insipides et des personnages aussi artificiels que ce non-acteur Hallyuwoodien.

Ces modes ne dureront heureusement pas. Elles ont au moins le mérite de pousser certains à chercher à en savoir plus sur le pays, sa langue, et bien sûr sa merveilleuse cuisine*.

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* un autre domaine culturel où le gouvernement
pousse pas toujours subtilement les exportations.

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