20190604

Parasite (Gisaengchung) - laissez-vous infecter par Bong Joon-ho

Le "Parasite" ('Gisaengchung' / '기생충') de BONG Joon-ho est parfaitement écrit, filmé et joué. Parfois un peu trop parfaitement, mais uniquement parce que BONG s'avère un très grand auteur, un très grand réalisateur, et un très grand directeur.

Mais avant d'y venir, quelques précisions : premièrement, je ne vais communiquer aucun "spoiler", et deuxièmement, il s'agit plus d'une comédie noire que d'une tragicomédie. Pas d'un nouveau genre (échos très distants du "The Housemaid" de IM Sang-soo ou du "Locataires" de KIM Ki-duk), mais un brillantissime film coréen avec une portée et un message universels. BONG prouve qu'il reste un maître à part avec cet unique objet, parfois très théatral
* (imaginez le croisement de Feydeau et d'"Arsenic et vieilles dentelles", ajoutez la voix de PARK Jeong-ja sur la bande-annonce), mais avant tout cinematographiquement phénoménal.

Ce Parasite est-il pour autant le chef d'oeuvre de BONG ? son meilleur film ? Pour le moment, s'il ne déloge pas encore 'Memories of Murder' à la première place de mes films coréens préférés, il est d'ores et déjà dans mon top 3*. Trop tôt pour dire s'il se situe plus haut : contrairement à 'Snowpiercer' ou même 'The Host', j'attendais tellement de ce film, avant même qu'il obtienne la Palme d'Or à Cannes), et surtout il y a tant à absorber d'un coup...

Pendant même que vous regardez Gisaengchung, vous ressentez cette saturation narrative et visuelle. BONG vous force à anticiper qu'à un moment ça va finir par péter, à essayer de deviner lequel des multiples scénarios catastrophe possibles va se produire, et à vous régaler de l'humour noir qui transpire depuis le début, et finit par totalement innonder ce bijou excessif, si parfaitement taillé.

C'est peut-être ça d'ailleurs: cette sentation d'urgence qui vous entraine, mais vous donne dans le même temps envie de ralentir le rythme pour mieux profiter de chaque détail planté par ce facétieux Kubrick. Vous prenez tellement votre pied que vous vous demandez si vous en profitez vraiment assez. Et dès que le film se termine, vous voulez le revoir une dizaine de fois. Heureux Darcy Paquet, qui l'a regardé sept fois pour concocter ses sous-titres en Anglais**... et maudit Darcy, qui a dû tout garder pour lui jusqu'à ce que le film sorte en salles!

Donc bravo à BONG Joon-ho l'auteur, pour nous tenir totalement sous son charme, et pour délivrer une nouvelle satire sociale abominablement jubilatoire. Mais aussi bravo à BONG Joon-ho le réalisateur, pour planter dans nos cerveaux des images obsédantes et autres simulations sensorielles (magique pluie apocalyptique sur Séoul, subtil odorama...). Et bravo à BONG Joon-ho le directeur pour obtenir le meilleur d'un casting exceptionnel.




CHOI Woo-sik (Ki-woo), SONG Kang-ho (Ki-taek), JANG Hye-jin (Chung-sook), PARK So-dam (Ki-jung)
Bien sûr, BONG peut encore remercier SONG: son acteur fétiche SONG Kang-ho prouve une fois de plus qu'il est un génie dans l'art de faire l'idiot de mille et unes façons.
 
Mais que dire des femmes dans ce film! Certes, la très versatile LEE Jung-eun brûle les planches, comme la multifacette performance de Miranda Richardson dans Spider, mais avait-on vraiment besoin de cette imitation de Ri Chun-hee, ou s'agissait-il seulement d'un bonus de BONG pour le public occidental? Si la très sûre d'elle PARK So-dam et son antithèse CHO Yeo-jeong jouent parfaitement leurs rôles, j'ai été franchement bluffé par la performance de JANG Hye-jin en discrète clef de voûte de  Gisaengchung, entre ce sous-sol sordide mais grouillant de vie, et cette opulente, lumineuse, mais froide villa des beaux quartiers. Quant à la jeune JUNG Ziso, il est un peu tôt pour savoir si elle est la prochaine Doona BAE.
 
En comparaison, les garçons semblent bien faibles, mais c'est leurs rôles qui veut cela. Par rapport à CHOI Woo-sik ou JUNG Hyeon-jun, LEE Sun-kyun tire son épingle du jeu grâce à son très crédible portrait du CEO PARK.

Le poster du film pour le Festival
Le poster original, plus en finesse

Peu importe, allez tout de suite voir la dernière merveille de ce génie de BONG Joon-ho. Et laissez-vous infecter par ce Parasite.


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* même si je refuse d'en virer un de mon podium (voir mes "Seoul Village Movies"). Au passage, si vous n'avez pas encore vu "Memories of Murder", ne le manquez surtout pas  
** à nouveau, Darcy, tu as eu un moment à la Deborah Smith / Han Kang sur ce joli coup!

BONUS - un "director's cut" très littéral pour la regrettée Agnès Varda (aperçue à la KU Cinémathèque pour la première du film avec sous-titrage en Anglais):
'Unexpected director's cut: Agnes Varda welcomes you to KU Cinematheque' (20190531 - https://twitter.com/theseoulvillage/status/1134429833058897921)

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