20051007

Blogule rouge a la diplomatie du diplodocus - blogule blanc a la Turquie et a l'UE de demain

La courte paille du gouvernement Blair n'a aucun souci à se faire pour son avenir, tout tracé de l'autre-côté de l'Atlantique - de toute façon, pour lui, cet océan commence quelque part du côté de Calais. Mais avant de rejoindre un club de philantropes style Carlyle, Jack Straw aura livré quelques combats peu glorieux, le dernier en date constituant entre autres à ridiculiser l'Union et à sacrifier le TPI sur l'autel de l'amitié Euro-Turque.
Une fois de plus, ne mélangeons pas les sujets. Si la question de l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne débouche sur un débat aussi affligeant, c'est parce qu'elle ne peut se résumer à une seule question. Histoire de faire avancer le débat, en voici déjà trois :

  1. L'Union Européenne peut-elle continuer à s'agrandir sans se donner un sens ? Au risque de me répéter : indépendamment du cas turc, il n'est pas souhaitable d'intégrer de nouveaux pays tant que les membres actuels n'ont pas défini clairement ce qu'ils entendent par l'UE. Il est évidemment regrettable que cet effort n'ait pas été accompli avant le passage de 15 à 25 membres (sans oublier les autres pays déjà annoncés). C'est de sens dont les Européens ont besoin et tant qu'il n'y a pas de sens, agrandir n'a pas de sens. C'est une évidence, mais il est également évident que les membres actuels (et pas seulement les Anglais et les Français) ne sont pas prêts à s'entendre sur ce point. A défaut de constitution, travaillons d'urgence sur une déclaration d'amour commune suffisamment concise et adoptable par tous... Tous les gouvernements, mais surtout tous les peuples.
  2. La Turquie a-t-elle sa place dans l'UE ? Le premier point apportera quelques éléments structurants : la réponse sera positive dans la mesure où la Turquie entrera dans le cadre fixé. Sur un plan personnel, je pense que la Turquie a autant sa place dans cet ensemble que la Grèce, et qu'elle pourra apporter bien plus encore à l'Union. Le pays n'est cependant pas prêt dans l'immédiat. L'UE sera plus forte si elle est rejointe par une Turquie volontaire, en phase avec son temps et assumant pleinement son passé dans ce qu'il a de plus brillant comme dans ce qu'il a de plus sombre. L'UE n'aura pas de sens livrée à elle-même : elle gagnera sa crédibilité en s'affirmant comme un pôle cohérent mais capable de gérer sa propre diversité et d'avancer en intelligence avec l'Amérique, l'Afrique et le Moyen-Orient. Bien plus que la Turquie, la question de la Russie me paraît à l'avenir la plus structurante au niveau global, en particulier vis à vis de l'Asie.
  3. Fallait-il commencer la négociation sur l'entrée de la Turquie dans l'UE ? La réponse est oui puisque les parties s'étaient engagées à le faire, mais surtout parce que cela permet d'avancer sur le fond à un moment où tout le monde en a bien besoin. Même si aujourd'hui ni l'UE ni la Turquie ne savent précisément où chacun veut aller dans l'absolu, et donc a fortiori ensemble, cette discussion aidera chacun à mieux se définir par un effet miroir. Ce débat enrichira encore la compréhension mutuelle et ne peut être que bénéfique. A ce stade, il me parait toutefois prématuré d'envisager des modalités et un calendrier précis.

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Stephane

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