L'extreme-droite Japonaise invite Le Pen... et les projecteurs
Ma première réaction en voyant Jean-Marie Le Pen et ses amis fascistes européens parader au très controversé Yasukuni Shrine devant tous les media internationaux ? Avant même le sentiment de honte, l'espoir que cette mascarade serve enfin d'électrochoc pour l'opinion publique japonaise.
J'en profite, une fois n'est pas coutume, pour m'adresser directement à mes lecteurs Japonais : ces gars sont la honte de l'Europe, des révisionnistes de la pire espèce, et s'ils sont là c'est parce qu'ils ont été invités par vos propres groupuscules fascistes. Après un coup pareil, êtes vous toujours prêt à tolérer que des membres de gouvernement japonais répondent à ces mêmes invitations, êtes vous toujours d'accord pour laisser cette dangereuse minorité décider qui peut rester Premier Ministre et ce qui doit être écrit dans vos manuels d'histoire ? J'ai la faiblesse de vous croire plus forts qu'eux.
En tout cas, Naoto Kan, le nouveau Premier Ministre, a officiellement déclaré qu'il ne visiterait jamais Yasukuni*. Et l'extrême droite nippone lui a répondu quelques jours plus tard de la façon la plus spectaculaire et la plus stupide : avec cette misérable opération de com', ils ont non seulement prouvé qu'ils existaient et qu'ils avaient des amis à l'étranger, mais aussi exposé au grand public leur vraie nature et leur imposture.
En effet, à l'instar de ses amis fascistes européens, cette clique de nostalgiques de l'Empire du Soleil Levant n'a rien de "nationaliste" et mine au contraire de l'intérieur la nation japonaise en trahissant son propre peuple, en torpillant toute initiative de progrès, en cherchant coûte que coûte à réécrire une histoire que pour commencer, ils ont réussi à ne jamais vraiment laisser écrire.
A chaque anniversaire d'Hiroshima c'est le même topo : le peuple Japonais demande légitimement des excuses aux Américains pour avoir frappé d'innocentes victimes civiles, mais ne pense jamais à demander pardon pour les crimes atroces ayant conduit aux bombardements de Hiroshima et Nagasaki... pour la simple raison que ces faits sont soigneusement omis par un système éducatif vérolé par cette fameuse minorité d'illuminés.
Certes, Kan a, peu avant le 65e anniversaire de l'indépendance coréenne et cent ans après l'annexation officielle de la péninsule**, renouvelé les excuses du Japon au peuple Coréen, mentionant pour la première fois l'évidence que l'occupation Japonaise avait été exercée contre sa volonté... mais ces excuses demeurent incomplètes et surtout le peuple japonais dans son immense majorité continue à être maintenu dans une ignorance dangereuse pour l'avenir de cette grande nation fort justement convertie au pacifisme.
Oui, "Le Tombeau des Lucioles" est un très joli film, mais il prendrait vraiment une autre dimension si au lieu de blâmer les avions qui lâchent les bombes, les victimes blâmaient leurs propres dirigeants : ce sont eux qui ont à la base détruit leur nation, et ce d'une manière encore plus abjecte et fondamentale. Les Allemands y sont arrivés intuitivement et immédiatement. Peut être parce qu'une grande partie de ces crimes a été commise sur leur propre sol, et sans aucun doute parce que toute la lumière a été faite, sans délai, sur les années noires du nazisme.
En fait d'excuses, il me semble que dans un premier temps, c'est à ce honteux relicat d'extrémistes japonais de s'excuser publiquement auprès de ses concitoyens. Enfin informée, la majorité silencieuse pourra alors formuler à son tour les excuses tant attendues par les voisins victimes de la barbarie. En toute sincérité, avec l'espoir d'avoir une fois pour toute barré la route aux marchands de haîne et de guerre.
Et si l'extrême droite asiatique s'était effectivement fait hara-kiri en invitant ses partenaires européens, un tel dénouement n'en serait que plus savoureux.
blogules 2010 - voir aussi en VO "Europe's extreme right leaders expose Japanese counterparts"
* Bon. Hatoyama a aussi commencé sur de bonnes bases ("Le Japon est enfin une grande nation") avant de finalement céder à la minorité extrémiste qui pourrit la politique de l'archipel depuis la Seconde Guerre Mondiale (voir "Hatoyama's Christmas gift to Japanese extreme right").
** voir "Gwanghwamun Inauguration" - rappelons toutefois que l'invasion a commencé plus tôt avec Dokdo (voir "Le Japon decide de recoloniser Dokdo")
"Le Tombeau des Lucioles" est un très joli film
RépondreSupprimer-> plus que joli, beau ... et je ne crois pas qu'il blâme qui que ce soit.
Cf. "Allemagne mère blafarde" par exemple.
Ceci dit ... cela semble effectivement dommage (vu de France dans mon cas) que le Japon d'après-guerre n'ait pas été capable (ou pas été obligé) au même retournement, historique et moral, que l'Allemagne.