Le troisieme gnome - blogule rouge a la nouvelle IVe Republique
Le tremblement de terre de l'entre deux tours a bien eu lieu ce matin, mais dans le sud de l'Angleterre, à des années lumière du non-débat parisien livré par Ségolène Royal et François Bayrou.
Leur bavardage télévisé m'a définitivement oté les derniers doutes que je pouvais nourrir de ne pas avoir accordé ma voix à ce dernier : il a confirmé qu'il était un chic type et sans doute l'un des plus justes pour diriger le pays au-dessus des partis, mais qu'il n'avait fondamentalement pas les capacités d'y arriver par lui-même, ni celles de mobiliser ceux qui lui ont fait confiance, et à fortiori celles de mobiliser les forces vives du pays tout entier.
En fait de débat équitable, j'ai assisté à un 5 contre 1 ou plutôt un 5 contre 0. BFMTV a fait tout ce qu'elle dénonce chez la Sarko TV : une présentation biaisée, partiale et complaisante, une caméra qui ne quitte pas le point de vue de Ségo de son entrée à sa sortie du plateau, des questions systématiquement et spécifiquement formulées comme des critiques explicites de Sarkozy (le principal point de convergence et d'intérêt partagé), un respect du temps de parole surréaliste et une interruption systématique de Bayrou à chaque fois qu'il menaçait de rebondir sur l'une des innombrables bourditudes de Royal.
Le Béarnais avait pourtant bien commencé en rappelant clairement sa position, et le langage corporel de Royal trahissait largement sa soumission. Mais il n'était pas là pour débattre, simplement pour discuter, alors que son interlocuteur* était là pour gagner, saisissant chaque occasion de gratter du temps de parole et déverser son flot insipide de banalités, terminant immanquablement par une note positive lyrique mais vide de sens (femme libre, espérance) ou une attaque précise contre le seul élément précis de son programme (non à Sarkozy). Venu pour dialoguer, Bayrou a subi le long monologue d'une candidate qui comme à son habitude ne l'écoutait que superficiellement. Car la démocratie participative façon Royal, c'est d'entendre sans écouter, d'intégrer au fil de l'eau dans son propre discours ce qui sonne bien dans le discours d'un autre, sans se soucier de la cohérence d'ensemble mais en compensant sur la forme. Cette imposture éclatante, cette désinvolture hallucinante, ont même poussé la candidate à une envolée scandée digne d'un meeting politique taillé pour sa campagne - car c'en était un, ne nous y trompons pas.
Vers la fin, endormi et vaincu par le vide, rendu d'autant plus transparent qu'il n'était pas dans le champ de vision de la passionaria du néant (l'orientation de la scène elle même signifiait le refus du face à face), Bayrou a même fait le geste de s'en laver les mains - style moi ce que j'en dis je ne suis pas au 2e tour ça n'est plus mon combat faites comme vous le sentez. Démission accomplie.
Sans doute Bayrou sort-il avec le sentiment d'avoir passé un agréable moment... il ne lui faudra pas longtemps pour comprendre qu'il vient de tuer son futur Parti Démocrate. Je ne doute pas du potentiel de la troisième force dont il parle avec tant de conviction, mais je sais que cette force, il ne l'a pas en lui. Barre, Delors et tant d'autres l'ont apris à leurs dépends : il y a une différence entre avoir le profil pour présider et avoir les qualités pour y parvenir. Si j'étais élu UDF et pas encore rallié à Sarkozy, je me poserais des questions. Si j'étais pro-centriste au PS, je me choisirais un autre champion.
Et si j'étais électeur de Royal au premier tour avec un minimum de neurones et de sens civique, je me demanderais ce que ce clone de Hugo Chavez vient faire dans cette élection présidentielle.
Je n'ai certainement pas assisté à la naissance d'une nouvelle façon de faire la politique, mais découvert une nouvelle façon de la ridiculiser et de la vider de sa substance.
t'as pris ta carte?
RépondreSupprimerles commentaires sont vérouillés pour la préidentielle ? c'est big Sarko ?
RépondreSupprimerJe n'ai jamais pris de carte d'un parti et ne suis pas pret de changer. Je suis favorable a la diversite et oppose a un systeme binaire a l'Anglaise ou a l'Americaine.
RépondreSupprimerLes commentaires ne sont pas verrouilles, la preuve. Maintenir plusieurs blogs en plusieurs langues demande simplement un peu de temps.
Et comptez sur moi pour n'accepter aucun ordre de "big Sarko".