20091104

La Cour Européenne des Droits de l'Homme crucifie les fondamentalistes

Les Italiens devront faire une croix sur les crucifix en classe, ainsi en a jugé la Cour Européenne des Droits de l'Homme en donnant raison à Mme Soile Lautsi contre l'Italie* :

CRUCIFIX DANS LES SALLES DE CLASSE : CONTRAIRE AU DROIT DES PARENTS D'ÉDUQUER LEURS ENFANTS SELON LEURS CONVICTIONS ET AU DROIT DES ENFANTS À LA LIBERTÉ DE RELIGION
Violation de l'article 2 du protocole n° 1 (droit à l'instruction) examiné conjointement avec l'article 9 (liberté de pensée, de conscience et de religion) de la Convention européenne des droits de l’homme.
En application de l'article 41 (satisfaction équitable) de la Convention, la Cour alloue 5 000 euros (EUR) à la requérante pour dommage moral.
D'origine Finlandaise, Mme Lautsi a obtenu gain de cause après avoir vainement plaidé sa cause pendant des années auprès de la justice italienne. Les crucifix devraient également disparaître des cours de justice, pour le plus grand plaisir du juge Luigi Tosti, qui militait lui aussi en faveur de cette marque de respect évidente envers les valeurs démocratiques et républicaines.

Car cette décision fera normalement jurisprudence pour l'ensemble des édifices publics européens, et le communiqué le stipule clairement : "L'Etat doit s'abstenir d'imposer des croyances dans les lieux où les personnes sont dépendantes de lui. Il est notamment tenu à la neutralité confessionnelle dans le cadre de l’éducation publique où la présence aux cours est requise sans considération de religion et qui doit chercher à inculquer aux élèves une pensée critique".

Inutile de préciser que La Ligue du Nord, l'Eglise ReRéformée de Benoît XVI, et l'ensemble des fondamentalistes (Chrétiens ou non) du continent ont modérément apprécié ce sursaut laïc à la veille de l'intronisation probable d'un des leurs à la tête de l'Europe (voir "Tony Blair : un Fondamentaliste Président de l'Europe ?").

Hier, Mariastella Gelmini, la Ministre de l'Education, a essayé de faire passer le crucifix pour un "symbole de la tradition italienne". On reconnait déjà la technique des néo-créationnistes : multiplier les écrans de fumée et bannir du vocabulaire tout référentiel religieux pour avancer ses pions plus discrètement en entretenant les confusions (cf "
En finir avec l'Intelligent Design").

La bataille n'est donc pas terminée : un jugement avait déjà interdit les crucifix dans les écoles et les cours de justice italiennes en 2003, avant que la Cour Suprême ne le casse en 2004 devant la levée de boucliers ultraconservateurs... sans pour autant étayer juridiquement cette décision. La Cour Européenne des Droits de l'Homme a bien une autorité supérieure, mais elle pourrait subir les assauts des fondamentalistes, de plus en plus influents dans la politique continentale.

Le combat n'est pas nouveau, mais c'est désormais officiel : comme l'Amérique avant elle, l'Europe joue sa survie en tant que symbole démocratique face à ses pires ennemis, les imposteurs qui la minent de l'intérieur.

blogules 2009

* "
Communiqué du Greffier - Arrêt de chambre - Lautsi c. Italie (requête n° 30814/06)"

3 commentaires:

  1. les debats sur la laicite en Italie et en Espagne sont relativement recents et cela se comprend parfaitement.

    par ailleurs, le Duce et le Caudillo ont du fixer un modus operandi avec l'Eglise pour etablir clairement leur legitimite - le fascisme se fondant sur une definition particulierement forte de l'Etat et de ses pouvoirs.

    le geste de Zapatero (preter serment sur la Constitution au lieu de la Bible) demeure a mes yeux fondateur, a un moment clef.

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  2. Je rappelle aux bonnes âmes anti-chrétiennes, que l'Italie, comme la France et bien d'autres pays d'Europe, sont des pays catholiques !

    Et qu'en tout état de cause, je ne vois pas pourquoi les Européens devraient renier cet état de fait.

    Le fait que ce soit "au non des droits de l'homme" qu'il faille renier nos origines est tout simplement grotesque et stupide.

    Cela me conforte d'ailleurs dans mes doutes de plus en plus importants sur ces fameux Droits de l'Homme.

    Mais c'est vrai que grâce à Chirac, l'Europe a renié la Chretienté.

    J'ai honte d'être européen.

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  3. @l.eclat

    Le jugement n'est pas "anti-chrétien" mais pro liberte de religion et pro democratique.

    La France est "la fille ainee de l'Eglise", mais aussi la premiere communaute musulmane et la premiere communaute juive d'Europe. Dire que la France est un pays Catholique est d'autant plus errone que la pratique n'est plus ce qu'elle etait.

    Le Christianisme a marque l'heritage culturel francais et europeen, et il n'a jamais ete question de nier cette evidence, mais cet heritage est riche d'une diversite beaucoup plus vaste et ne saurait se reduire a cela.

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Stephane

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