Ballots-Centre
Hervé Morin et François Bayrou ont donc officialisé leur candidature pour la présidentielle de 2012, le premier, fort de son charisme d'escargot petit gris, ayant pour mission d'affaiblir le second et de dissuader un éventuel troisième, puis de reporter ses quelques voix au deuxième tour à Nicolas Sarkozy, pour peu que ce dernier passe le cut.
François Hollande a aussitôt tendu une main en forme de baffe au Béarnais dans l'esprit "tu as une place dans mon gouvernement de dans 6 mois alors sois gentil ne nous fais pas une Eva Joly et ne me tape pas trop fort dessus". Je vois déjà le Nouveau Président de la République Anosognosique de Corrèze retoquer le futur accord PS-MoDem sur les questions d'orthodoxie budgétaire suite à un coup de fil de son aile gauche. Car Bayrou ne va sans doute pas se priver pour ressortir ses vieux discours de campagne insistant sur l'importance de résorber la dette de l'Etat.
Mais cette élection ne va pas se faire sur les questions économiques. Même le chômage, préoccupation pourtant essentielle des Français, passera au second plan. L'insécurité? Secondo-tertiaire. Le coeur du débat portera sur la République elle-même et sur la personnalité du président ou de la présidente.
A gauche, François Hollande ne fait rêver ni Eva, ni même la majorité du peuple de gauche. Il n'incarne en rien les valeurs républicaines, et sa complaisance sur les affaires DSK ou Guérini lui reviendra logiquement en pleine poire au pire moment. Plus que de Chevènement, il devra se méfier de Jean-Luc Mélenchon, à mon sens le défenseur le plus brillant de la laïcité à la Française, et bien sûr d'Eva Joly, passionaria de la république exemplaire (pour peu que les Verts la laissent porter leurs couleurs après les fêtes de fin d'année).
A droite, Nicolas Sarkozy ne semble toujours pas s'être rendu à l'évidence: les Français ne veulent plus de lui et ce n'est pas une question de programme mais de personnalité. Cette fois-ci, plus personne ne lui accordera le moindre crédit s'il se remet à cracher promis juré qu'il respectera les fondamentaux de la république laïque. Les cadres de l'UMP le savent bien et préparent déjà 2017, mais au moindre faux pas début 2012, les plus téméraires sauteront sur l'occasion.
Fondamentalement, les Français sont plus enclins à voter au centre droit qu'à gauche, surtout compte tenu du contexte économique. Or Borloo a jeté l'éponge (de toute façon, l'homme n'a pas besoin d'éponge, étant parfaitement capable d'absorber tout seul de très importants volumes de liquide), et Dominique de Villepin ne peut pas compter sur les élus de droite (plus que l'orateur de l'ONU, ils se souviennent amèrement de l'homme de la dissolution). Quant à Hervé Morin, j'ai déjà consacré beaucoup trop de place à ce sympathique pion.
Le néant, donc. Ou pire: Marine Le Pen joue à fond la carte de la république exemplaire et le rejet des partis historiques. Les électeurs se sont déjà fait prendre plusieurs fois à l'imposture, quitte à accorder leur voix à la négation même des valeurs républicaines.
Bayrou a donc l'opportunité de proposer une plateforme de gouvernement d'union nationale, mais pour cela il doit s'ouvrir plus largement à droite comme à gauche, positionner le MoDem comme une Union pour la Minorité Présidentielle, prêt à se dissoudre dans une fédéreration républicaine regroupant à droite les modérés ne se reconnaissant plus dans l'UMP sarkozo-copéenne et à gauche Les Gracques qui n'en finissent plus d'attendre une utopique réforme du PS.
blogules 2011