Non à la Burqa = Non au fondamentalisme... Chrétien y compris
Faut-il interdire le port de la Burqa dans les lieux publics en France ?
Cela me semble une évidence, et ce avant même d'aborder les questions, pourtant essentielles à ce titre, de religions ou de Droits de l'Homme*.
En France plus encore qu'ailleurs, le port de la burqa relève au-delà de la religion d'un acte politique. La burqa ne soustrait pas la femme aux regards des hommes pour la protéger : elle soustrait avant tout un individu au regard de la société et nie à celle-ci la légitimité, le pouvoir, et la responsabilité de connaître et protéger cet individu. Homme ou femme, peu importe là aussi... et de toute façon, il serait impossible de faire la distinction sous une telle chappe**.
Que cet individu soit consentant ne change rien sur le fond de cette évidence : fondamentalement - et le terme s'impose -, la burqa marque la négation absolue de la République en inscrivant un individu en-deçà ou au-delà des lois. A travers son autorisation, c'est bien au-delà de la femme asservie la République elle-même qui fait acte de soumission à une loi fondamentaliste par essence vouée à sa destruction. Ni Putes Ni Soumises, c'est aussi vrai pour Marianne.
Comme toujours ("Universal Declaration of Independence from fundamentalism"), le coeur de l'imposture fondamentaliste consiste à faire passer un agenda politique pour de la religion. Et puisqu'il vise à se substituer au pouvoir de l'Etat, le fondamentalisme religieux sous toutes ses formes est tout bonnement anti-légal et anticonstitutionnel en France.
Peu importe donc ce que dit le Coran à propos de la burqa. Bon... Il me semble bien que le concept de burqa intégrale a été inventé au Pakistan des lustres après la mort du Prophète (le tristement célèbre chadri Afghan arrivant bien plus tard encore)... mais enfin passons. Loin de moi l'idée de vouloir (et a fortiori la légitimité pour) interprêter Le Livre*...
Une fois de plus, le choix n'est pas entre la religion et la république mais entre la religion et le fondamentalisme d'une part, la démocratie et le fondamentalisme d'autre part.
Par ses fonctions au sein du CFCM, Dalil Boubakeur se devait de prendre toutes les précautions pour dénoncer la recrudescence du phénomène burqa en France. Mais s'il déplore au départ le repli "identitaire" puis le "communautarisme", il n'hésite pas à évoquer la progression du "fondamentalisme".
Ceci vaut naturellement également pour le fondamentalisme Chrétien, en pleine offensive en Europe, comme on a pu le voir ("N'ayez pas peur"), avec le soutien sans réserve de deux fondamentalistes déclarés (George W. Bush puis Benoît XVI), la complicité de gouvernements noyautés parfois au plus haut niveau... et un soin particulier pour l'exception laïque française. La France doit donc résister avec fermeté tout en évitant les pièges de la victimisation et des faux débats : comme toujours, les fondamentalistes cherchent à faire croire que la religion est en danger alors même que ce sont eux-même qui la menacent en priorité.
La propagation des burqas sur le territoire conforte naturellement les fondamentalistes Chrétiens et les partisans du "Choc des Civilisations", l'imposture théocon / néocon par excellence. Et quand le très peroxydé nazillon néerlandais Geert Wilders exige l'interdiction du port de la burqa, il ne cherche pas à protéger la démocratie mais bien au contraire à l'affaiblir en alimentant ce fameux "choc", en provoquant des fractures confessionnelles au sein de la société. Wilders demande tout simplement l'interdiction de l'ensemble des manifestations de l'Islam (la religion authentique, ses fidèles, ses mosquées...) en les amalgamant de façon délibérément mensongère avec les manifestations de l'imposture Islamiste (les signes extérieurs de fondamentalisme).
Alors oui, au Caire, Barack Obama a défendu les droits des femmes musulmanes à se couvrir les cheveux quand elles le voulaient vraiment ("State of The World Union : The Obama Doctrine"). Et un jour ou l'autre, il sera bien obligé de se prononcer sur la question autrement plus délicate de la burqa. Mais comme on a hélas pu le déplorer trop souvent, la démocratie américaine est la moins bien armée pour résister au fondamentalisme, et sa constitution favorise l'émergence de mouvement radicaux à tous les niveaux, au-delà de la religion (voir encore récemment "Intelligence supremacy").
La France a la chance de pouvoir s'appuyer sur des textes sans ambigüité...
- Article X de la Déclaration des Droits de l'Homme : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi." Le droit administratif définit l'Ordre Public comme "le bon ordre, la sécurité, la salubrité et la tranquilité publique".
- Article IV de la Déclaration des Droits de l'Homme : "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi".
- Préambule de la Constitution : "La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme"
Article premier de la Constitution Française : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée."
- ...
... donc idéalement, on ne devrait pas avoir besoin de légiférer. Mais la tradition veut que l'on adresse sans délai chaque sujet avec une loi spécifique, quitte à alourdir encore plus une barque déjà impossible à manoeuvrer. Il convient donc de ne pas tergiverser et empêcher au plus vite les marchands de haîne de se nourrir du moindre flou ambiant. L'exemple Belge démontre la nécessité de légiférer au niveau national : l'intégrité de la République est du ressort de l'Etat et non des collectivités.
Naturellement, il faudra faire preuve de plus de tact, de diplomatie et de pédagogie que dans ces misérables lignes.
Naturellement, je n’ai aucune confiance en Nicolas Sarkozy pour sortir de lui-même la loi idéale. Jusqu’à présent, il a surtout démontré sa capacité à faire le jeu des fondamentalistes, en particulier depuis que Chirac est sur la touche.
Mais c’est depuis la touche que les juges de ligne signalent les hors jeu. Et l’éternel oublié de la justice se retrouve reconverti gardien du temple laïc ! Alors en attendant que Le Petit Nicolas installe Emmanuelle Mignon au Conseil Constitutionnel, esperons que ce qu’il reste de media independants expose ses tentatives répétées - et pour le coup à peine voilées - pour faire tomber le bastion.
Bas les masques. Y compris en dehors des périodes de carnaval.
* rassurez-vous, il est toujours et plus que jamais question de défendre la liberté religieuse et les droits des femmes
** s'il n'occulte pas le reste du corps, le niqab relève de la même logique
*** je n'ai d'ailleurs lu le Coran qu'une fois en entier, il y a un quart de siècle, et dans une version française remontant qui plus est aux calendes grecques (1970)
"En France plus encore qu'ailleurs, le port de la burqa relève au-delà de la religion d'un acte politique. La burqa ne soustrait pas la femme aux regards des hommes pour la protéger : elle soustrait avant tout un individu au regard de la société et nie à celle-ci la légitimité, le pouvoir, et la responsabilité de connaître et protéger cet individu"
RépondreSupprimerSoit, mais cet argumentaire oblige à interdire aussi les lunettes noires.
Remarque d'actualite : desormais, il existe meme des lunettes-burqa !
RépondreSupprimerLes lunettes noires (sauf peut etre pour l'Elton John de la grande epoque) ne masquent pas l'ensemble du visage et n'empechent pas de reconnaitre quelqu'un dans la rue.
En coherence avec l'argumentaire deploye plus haut, les lunettes noires sont deja interdites sur les pieces d'identite, et l'individu est tenu les retirer si quelqu'un souhaite l'identifier (ex un policier dans le cadre d'un controle, un employe dans le cadre d'une verification de piece d'identite...).
Bon. Les paranos ont le droit de porter un masque anti-bacterien avec leurs lunettes de soleil et un couvre chef, mais qu'ils ne se plaignent pas s'ils font plus souvent l'objet de controles d'identite.
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