Blogule rouge a la France - mai 68 sans les neurones
Inréformable. Ce pays refuse de vivre dans le présent. Le CPE ? Un alibi pour se défouler : privée de son seul véritable projet de société (construire l'Europe), la jeunesse se range derrière le discours simpliste de l'UNEF pour crier son désarroi, exiger un plein emploi illusoire sans comprendre que la voie de la précarité réside dans l'absence de changement.
Le mouvement étudiant s'est vidé de sa substance et ses leaders se reposent désormais totalement sur les épaules et la réthorique des professionnels de la contestation (syndicalistes, trotskystes, altermondialistes atermoyistes, grèvologistes), tout en focalisant leurs efforts sur le recrutement des prochaines générations (contagion des lycées).
Autant les idées et les propositions pullulaient en 1968, autant la contestation 2006 brille par sa vacuité. A l'absence d'intelligence s'ajoute la bêtise : le mouvement exsude l'intolérance par tous les pores parce que c'est son mode d'aggrégation (éternelle rengaine de la formation des trotskystes à la française, n'est-ce pas Lionel ?).
Il faut dire qu'en face, Villepin ne la joue vraiment pas fine : s'il a raison de ne pas reculer, il a tort de se laisser emporter par un panache qui lui a déjà joué des tours (dissolution de 1997, radicalisation anti-américaine de 2004). Sarkozy guette l'occasion de se désolidariser et ses troupes s'inscrivent désormais clairement dans l'opposition.
La situation est claire :
- Les émeutes de novembre prouvent que la France a besoin de tester au plus vite une nouvelle formule pour l'emploi des jeunes.
- Le CPE a le mérite de transformer la précarité d'aujourd'hui (70% des emplois sont aujourd'hui des CDD, les jeunes accumulent des stages non rémunérés et des intérims de 5 jours en moyenne...) en parcours professionnel valorisable (la fin des stages abusifs, une véritable formation, une véritable protection sociale...) sans se substituer pour autant au CDI.
- Ce n'est sans doute pas la panacée mais l'urgence exige de faire quelque chose : donnons-lui sa chance et faisons le point dans 9 mois ou un an. Avec pragmatisme et sans le dogmatisme des 35 heures.
- La gauche veut flinguer le CPE parce qu'elle ne veut pas que le gouvernement réussisse avant 2007. Sarkozy suit désormais la même logique et décide de se retourner au moment le pire ; alors que le mouvement se radicalise et menace de perdre toute crédibilité.
Sous le feu des flèches, Villepin prend ses airs de Saint Sebastien, crinière au vent, mais peu m'importe son sort : le pays tout entier doit cesser de subir le martyr des réformicides.
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Stephane