20121108

Le changement, c'est quatre ans après

Il y avait des élections aux Etats Unis mardi, ainsi que dans la République Bananière de Floride:


Barack Obama a remporté un scrutin qu'il ne pouvait tout simplement pas perdre face à un brave type dont l'Histoire oubliera le nom, absolument pas taillé pour endosser les fonctions de plus haut représentant du service public, a fortiori pour représenter un parti trop déchiré pour gouverner*.

Sur le visage de Mitt Romney, j'ai lu le même soulagement que sur celui de John McCain quatre ans plus tôt**. Enfin libéré de ses impossibles contradictions après six ans de campagne, l'ancien Gouverneur du Massachusetts est pour la première fois apparu sincère et tourné vers l'avenir. Son discours de concession est le plus beau que j'aie entendu.

La course a été serrée, mais le résultat incontestable. Le seul leader au monde a avoir survécu à la Grosse Dépression a même pu se permettre d'entretenir tout seul le suspense en oubliant de faire campagne pendant le premier débat, un faux pas qui lui a sans doute coûté une encore plus nette victoire. Sans oublier les invraisemblables entorses à la démocratie constatées en Floride, dont on ne sait toujours pas si elles le priveront d'un paquet de grands électeurs bien mérités.

Une fois de plus, la supposée démocratie modèle a failli: six milliards de dollars ont été claqués dans une campagne très divisive, des fraudes obscènes révélées un peu partout (comme d'habitude, souvent en faveur du même parti), et une poignée d'Etats auront attiré trop d'attention pour les mauvaises raisons.

Nous revoici donc à la case départ:
- les Obama à la Maison Blanche (ne nous y trompons pas, Michelle Obama, le véritable cerveau dans cette superbe famille, est la première responsable de cette victoire, avant même son mari ou la formidable armada démocrate sur le terrain)
- les Démocrates au Sénat
- les Républicains à la Chambre des Représentants
- les gros chantiers à l'horizon (le budget, l'Euro, Israel-Palestine-Iran-Syrie, et un premier appel à 3h du mat' de la part de la Turquie)

Mais il y a de nouvelles raisons d'espérer:
- Sandy a fait tonner la voix des modérés au moment où celle des extrémistes était censée culminer: Chris Christie et Michael Bloomberg ont occulté les Karl Rove et autres Rush Limbaugh,
- les électeurs ont renvoyés à leurs chères études quelques protégés du Tea Party, ainsi que Richard Mourdoch, le dernier Républicain en date à s'être distingué par des commentaires odieux à propos du viol,
- signe des temps, il y a quatre ans la Proposition 8 rendait illégal le mariage gay en Californie et mardi, il a gagné du terrain dans trois Etats,
- J Street a placé 70 de ses 71 candidats, confirmant l'alternative progressiste à la toute puissante AIPAC

Une nouvelle chance est donnée aux Etats Unis d'Amérique souhaités par Obama dans son discours de victoire. John Boehner a de nouveau ouvert la porte de la négociation, espérant que sa propre base déchirée ne la lui reclaquera pas au nez.

Obama pourrait remplacer Hillary Clinton par John Kerry, le meilleur Secretaire d'Etat possible, et je l'espère aussi, Tim Geithner par quelqu'un de moins conciliant avec Wall Street.

Surtout, cette fois-ci, le Parti Républicain pourrait enfin imprimer le message et mener à bien sa nécessaire réforme, en commençant par écarter les extrémistes qui le rendent incapable de rassembler la nation: envoyer les néocons et les théocons aux oubliettes des années Bush-Cheney, terrasser le Tea Party avec un consensus ambitieux et raisonnable sur le budget, pointer du doigt les aboyeurs haîneux responsables de tant de défaites électorales, et bien sûr éjecter les racistes et sexistes scotchés dans un moyen âge encore plus repoussant. Pour 2016, le GOP devrait logiquement porter une candidature plus jeune et reflétant mieux la diversité ethnique de la nation.

L'homme qui a accéléré la réforme des Démocrates il y a vingt ans, Bill Clinton, n'a pas ménagé ses efforts pour sauver le soldat Obama, préparant le terrain pour Hillary Clinton 2016. Espérons que d'ici-là, il n'aura pas trop besoin d'Obamacare.

De toute façon, l'heure est également venue pour les Démocrates de dénicher de nouveaux talents.

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* voir "Between balance and Ryan, Romney made his choice"
 ** voir "The Maverick is free again"
 *** voir "Grand Old Parting: fix your party before causing more damage to your country"

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