Kim Jong-Un Deux Trois
Après dissipation des brumes (radioactives ?) matinales, Kim Jong-un semblerait émerger comme le successeur officiel de Kim Jong-il*. Jeune (26 ans), anglophone, formé à l'Ouest (Suisse), mais réputé aussi disgrâcieux que son paternel, le 3e fils chéri du "Cher Leader" a été sans grande surprise préféré à ses aînés : Kim Jong-nam s'était lamentablement grillé lors d'une virée foireuse à Disneyland Tokyo et selon l'ex-cuistot familial, Kim Jong-chul traînerait une réputation de "petite fille" à Papa.
N'en déduisons pas pour autant que la secte-dynastie crypto-stalinienne fondée par Kim Il-sung a déjà embrayé en douceur vers sa troisième génération.
A mon humble avis, cette promotion n'a pas été si simple et surtout, n'est pas certaine de se confirmer au moment venu.
Pour la faire simple, il existe trois voies à moyen terme pour le régime Nord-Coréen : le maintien du Juche et du statu quo, la réforme et une ouverture progressive vers le Sud, et l'Hanschluss par Beijing*. Je n'ose pas imaginer la quatrième voie.
De toute evidence, les trois courants cohabitent plutôt mal que bien au sein de cet Etat d'apparence monolithique. Il n'est pas impossible que Kim Jong-il ait échappé à un ou plusieurs attentats (on repense à cette étrange explosion ferroviaire), et la propagande n'a pas préparé la succession de façon aussi fluide qu'entre son père et lui. La dégradation de sa santé a visiblement renforcé les collabos pro-Beijing, et les spectaculaires démonstrations de force de ces derniers temps me paraissent s'adresser plus clairement au voisin chinois qu'aux Etats-Unis (en dépit du choix de frapper un jour férié US, comme précédemment) et même à la Corée du Sud, pourtant beaucoup moins coulante depuis le retour au pouvoir des conservateurs (ne parlons même pas de la Russie ou du Japon).
Le message de Kim Jong-il, si c'est vraiment lui qui pilote l'avion (avec son influent beau-frère Chang Sung-taek / Jang Seong-taek) : nous réaffirmons notre indépendance, nous ne nous soumettrons pas.
Le leader n'a vraiment pu pousser la candidature de Kim Jong-un que depuis le début de cette année, une fois recouvré une partie de son mojo. Il aurait annoncé sa décision le jour de l'anniversaire du petit (8 janvier), mais les rumeurs ont longtemps couru par la suite sur sa candidature ou non aux élections de mars. Une première réponse arriva fin avril avec sa promotion au Comité de Défense Nationale fin avril, associée à celle de Jang (futur chaperon ou futur traître ?). Papa a vraiment marqué le coup en lui attribuant des fonctions clef au sein de l'Armée, du Présidium, et du Gouvernement le jour du second essai nucléaire supposé (25 mai).
Quelque part, Kim sauve la face quoi qu'il advienne par la suite : vu de l'extérieur, c'est lui qui a décidé et c'est la chair de sa chair qui prend la suite.
Vu de l'extérieur.
* "Spy agency confirms N.K. leader's third son as successor: lawmakers" (Yonhap 20090602)
** voir "La Grande Muraille de Chine à l'assaut de la Corée (l'ultime Hanschluss)"
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Stephane