Le paraitre et le neant - Blogule rouge a Segolene
Ségolène Royal est éminément prévisible. Tout de blanc vêtue lorsqu'elle joue la carte de la pureté, elle se pare de cuir noir pour feindre la dûreté. Elle ne pouvait choisir que le rouge pour séduire la base de gauche et ça n'a pas manqué.
Sur la forme, tous les codes ségoliens ont d'ailleurs été exploités hier. Comme lors des débats internes, elle signifie la détermination en élevant le ton et l'émotion en se tenant le ventre et en rappelant son statut de mère.
Et comme d'habitude, tout a sonné faux. Fabriqué. Même après cette démonstration supposée de force, je ne vois pas encore un candidat "habité" par ses convictions, alors que Bayrou, Sarko, ou même Buffet sont déjà clairement dans cette zone. Ne pas avoir convaincu sa propre base y contribue mais ne suffit pas à tout expliquer. Je ne vois toujours qu'un personnage de façade, et je suis toujours incapable de dire si cette façade masque un vide sidéral, un être manipulateur et inquiétant, ou un mélange des deux.
Nicolas Sarkozy continue à m'inquiéter mais pour d'autres raisons. Je ne doute pas de sa capacité à améliorer une situation économique que l'entourage de Ségolène a déjà prouvé sa capacité à gréver. Le Petit Nicolas a tout à fait le droit de rééquilibrer les relations internationales de la France avec les Etats-Unis et Israël, deux pays amis. Je crains toutefois qu'il ne prête une oreille trop généreuse à ces fondamentalistes dont j'ai si souvent dénoncé l'agenda dans ces lignes. Je n'apprécie pas plus ses tentatives de supprimer les garde-fous de la République contre le développement des sectes, ou pour la défense des principes de laïcité.
Mais je n'ai pas de doute sur la personnalité de Sarkozy, qui se lit comme un livre ouvert.
Hier, il attaquait son principal rival au premier tour sur son propre terrain : l'homme au-delà des partis et des clivages ne serait pas François Bayrou mais Saint Nicolas en personne. Il a en revanche contré Ségolène sur son point faible : les convictions. On connait les préférences du président de l'UMP en matière de fiscalité, d'Europe ou d'orthodoxie budgétaire, trois points soigneusement éludés par Sainte Ségo dans sa reconquête mitterrandienne du peuple de gauche.
La fiscalité ? Royal avait déminé le terrain la veille de son grand raout en recevant symboliquement une clef DSK des mains de USB, à moins que ce ne soit l'inverse. L'Europe ? Le sourire narquois de Fabius en disait long hier : ma présence contre ton silence, tu achètes ? L'orthodoxie budgétaire ? Terra Incognita de l'extrème gauche, à éviter comme la peste. Mieux vaut reprendre les termes, les promesses et même la gestuelle de Saint François, pour le coup un vrai maître dans l'art de l'imposture (le Sphynx, pas Flanby).
Hier, je n'ai pas découvert le programme de Ségolène Royal. J'ai simplement assisté à une parodie de caricature de remake de la prequel du 10 mai 1981.
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Stephane