Kaboul à zéro
Quelle stratégie pour l'Afghanistan ?
L'affaire semble aussi mal engagée que le laissaient supposer ces derniers temps.
Et sans surprise, l'ombre de George W. Bush continue à planer sur ce paysage de cauchemar :
- Pour rappel, ce fondamentaliste a délibérément torpillé la campagne d'Afghanistan : son objectif était d'envenimer la situation dans la région, et c'est sous son autorité que la rupture a été définitivement consommée entre les forces étrangères et la population.
- C'est également W. qui a imposé le calendrier délirant des premières élections de 2004 dans le cadre de sa propre campagne électorale (cf "La Démocratie du Calendrier"). Les caricatures d'élections du mois dernier (voir "Afghanistan, Ground Zero" / "Afghanistan, morne plaine") sont survenues beaucoup trop tôt, et Karzai savait parfaitement qu'il était essentiel d'accélérer le processus.
De fait, Obama n'a rien pu faire depuis janvier, ou pas grand chose : simplement limiter le carnage humain... à défaut d'éviter la Berezina démocratique.
La question c'est où aller en partant de ce nouveau ground zero ?
L'avantage, c'est qu'il n'est plus nécessaire de faire miroiter une utopie à laquelle plus personne ne peut croire.
Je ne serais pas surpris d'assister au passage à une nouvelle étape dans le style on fait une croix sur la démocratie et on laisse progressivement s'installer un régime plus dur. Certes maffieux, mais capable de tenir plus ou moins la baraque.
Et peu a peu, les Occidentaux s'éclipseront sur la pointe des pieds, en prenant soin de refermer la porte derrière eux et éventuellement de signer quelques contrats.
Les Talibans ? Peu à peu leur no-man's land se cristalisera a la frontière avec le Pakistan. Une fois les troupes étrangères parties, seuls les radicaux locaux demeureront, et ceux-là parviendront à trouver un terrain d'entente avec des régimes corrompus (avec la bénédiction du Vice(!)-Président de Karzai en charge du narco trafic). L'internationale jihadiste en herbe, elle, pourra alors mettre à profit son expérience du terrain et sa formation aux frais du contribuable américain pour essaimer un peu partout dans le monde. Quant au fantôme de Ben Laden, il continuera à faire trembler ses chaînes de montagne les jours de grand vent.
L'Occident pourra toujours exhiber des preuves de stabilisation et de normalisation : une capitale en plein boom économique, des échanges internationaux florissants, des étudiants reconnus au niveau international (bon, difficile de reconnaitre les étudiantes sous leur burqa mais pour faire plus simple on aura interdit l'école aux filles)...
Et si une bombinette explose de temps en temps, elle relèvera du droit commun : un règlement de compte entre maffia pachtoune et maffia russe, une livraison d'AK47 en retard...
On parlera moins souvent de la frontière avec le Pakistan, l'Iran, ou même la Chine, et plus des échanges avec les autres voisins : Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan...
Karzai ne décèdera probablement pas dans son lit, mais un autre prendra avantageusement le relais.
Ce scénario de base, un grand classique pour l'Oncle Sam, s'appelle "Afghanisation".
Pas vraiment la tasse de thé du père Barack, mais a-t-il seulement le choix ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour vos commentaires et pour votre patience: je dois valider manuellement chacun de vos messages sur chacun de mes nombreux blogs. J'accepte volontiers les critiques, mais ni le spam, ni les liens commerciaux, ni les messages haineux.
Stephane