20120910

Passage à l'heure du thé: le Non-Président nous pose un lapin

Je viens d'embrayer la Convention Républicaine sur FoxNews*, la Convention Démocrate sur CNN**, et François Hollande sur TF1. Un joli arc démarré dans un univers parallèle, continué dans les étoiles, et achevé au beau milieu d'un champ de Corrèze, pieds nus dans la bouse.

Si la comparaison entre Romney et Obama était cruelle, que dire de Mr Trierweiler? 10 ans à fuir les décisions qui fâchent au PS, 10 mois à fuir les sujets qui fâchent en campagne, 10 semaines à fuir les dossiers qui fâchent à l'Elysée, Hollande avait tout du lapin paralysé sur la chaussée, les phares d'un poids lourd en pleine face.

Quand je dis "poids lourd", je ne fais naturellement pas référence à Claire Chazal, ce poids plume du non-journalisme de non-investigation, ni même à ces millions d'électeurs enfumés au printemps dernier, mais à ces décisions qui fâchent, à ces sujets qui fâchent, à ces dossiers qui fâchent, à tout ce sur quoi le père François a bâti sa carrière en le tartinant sur ses concurrents ou en le planquant sous le tapis.

Dire que François Hollande n'est pas à la hauteur est un euphémisme. Sarkozy non plus remarquez, mais pour différentes raisons. Non non, pas la taille: tous deux culminent à peu près au même nombre de centimètres. Sarko avait rabaissé la Présidence au caniveau? Flanby a purement et simplement refusé le job.

Hier, Hollande a dû enfiler le costume sombre de son prédécesseur, et après avoir joué la montre toutes ces années, fait - par écrans interposés - tomber la nuit sur Paris avec plus d'une heure d'avance. Manque de bol, au lieu de le rendre plus présidentiel, tout ça a fait ressembler notre pauvre lapin perdu sur la route au Lapin Blanc d'Alice. Il ne manquait plus que le Chapelier Fou et le Chat du Cheshire.

Résultat: donnez moi jusqu'à la fin de l'année pour que d'autres esquissent pour moi un embryon d'alternative crédible à mon non-programme et peut-être, d'ici deux ans, les mauvaises courbes finiront-elles par s'inverser, peut-être la dégringolade commencera-t-elle à ralentir, et avec un peu de chance, peut-être apercevrons-nous enfin le bout du tunnel de l'autre côté du miroir Made in China.

Le Non-Président nous a posé un lapin, et ne nous a pas franchement donné envie de le suivre puisque lui-même se pose en suiveur.

Contraste saisissant avec Barack Hussein Obama l'autre soir. Le Président, Le CEO, The Man in Charge. Cool et ferme, il tient le cap et mène le monde. Pas son meilleur discours, mais le meilleur possible compte tenu des circonstances. Bill Clinton s'est chargé d'électrifier la base, John Kerry de prendre de la hauteur, et Michelle Obama de recimenter la nation.

Autour de François Hollande, je ne vois personne. Tout juste des concurrents qui attendent que le ballon d'hélium se perde dans les limbes de l'Histoire, une Première Twitteuse de France qui règle ses comptes personnels, et des éléphants prolongeant leur éternel combat fratricide au beau milieu du magasin de porcelaine.

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* voir "J'ai survécu à trois jours de Convention Républicaine sur FoxNews"

** voir "Sorry, Mitt. Barack is The President. And THE. Chief. Executive. Officer" (3/3), "Bubba Clinton rocks DNC 2012: GOP Unity My Ass!" "DNC 2012 Day 1: Come Together, Now"

20120901

J'ai survécu à trois jours de Convention Républicaine sur FoxNews

J'en tremble encore: trois jours à me cogner la grand-messe républicaine sur Murdoch TV... pour vous donner une idée de la torture, même Dick Cheney a séché l'événement, et seul Karl Rove a semblé apprécier l'atmosphère irrespirable de Tampa, Fantasy Land*. Un peu normal pour celui que George W. Bush surnomme affectueusement "Fleur d'étron" ("Turd Blossom").

Dubya n'a fait qu'une apparition par écran interposé, son papa à ses côtés. Ron Paul voulait bien participer, mais le parti a jugé plus sage de le cantonner à une vidéo soigneusement éditée: un best of de ses messages à l'exception des plus dissonnants avec ceux du ticket Romney-Ryan... autant dire un clip musical parsemé de quelques courtes citations. Son fiston Rand a eu le droit de délivrer un discours totalement édulcoré. L'ouragan Ron s'est fait entendre par un discours dans son festival off de la Convention à Tampa, puis en refusant d'apporter ses délégués au candidat officiel: Romney n'aura que 90% des voix contre 99% pour son prédécesseur John McCain, pourtant loin de faire l'unanimité au sein de l'empire éclaté républicain en 2008.

Le vétéran du Vietnam a pour sa part succédé à Rand Paul à la tribune pour demander une augmentation du budget de la défense... à l'opposé de Paul Junior, qui venait de demander le contraire, mais c'est tout à fait cohérent pour un parti totalement divisé supposé soutenir un candidat aussi insaisissable qu'une girouette en folie, cyclone Isaac ou non.

Les messages de soutien des poids lourds du parti, au propre (Chris Christie) comme au figuré (Newt Gingrich) ont plus souvent tenu du coup de poignard dans le dos que de la tape amicale. Et à chaque fois qu'une idée sonnait juste, elle se trouvait contredire le programme de Mitt et renforcer celui de Barack. Le reste? Un storytelling saturé d'idéologies rétrogrades, un déni tragi-comique des réalités de ce jeune millénaire, l'ultime preuve que ce grand parti déchiré par des extrêmes totalement incompatibles ne peut plus retarder sa nécessaire réforme.

Condi Rice a eu le culot de venir donner des leçons de politique étrangère à Obama. Sans doute en soutien aux 17 des 24 conseillers de Romney en la matière ayant auparavant travaillé pour Bush-Cheney, la pire équipe de l'histoire des Etats-Unis. Peut-être Condi a-t-elle oublié que sa cible a entre autres reçu le Nobel de la Paix pour avoir restauré l'image des States à l'étranger, et contribué à débarrasser le monde de Ben Laden et Khadafi sans accuser la moindre perte militaire.

Plus fort: Condi Rice a souligné qu'il fallait un leader capable de bien réagir en cas de crise alors que son W. chéri avait fixé le standard absolu de l'absence de réaction au moment le plus critique de ses 2 mandats (revoir l'épisode "My Pet Goat"), puis qu'il fallait se tenir fermement debout face aux tyrans - oui, elle qui a joué assis au piano pour Vladimir Poutine!!!

La mission d'Ann Romney était d'humaniser "I, RomnBot" et de relever sa côte auprès des femmes. Elle n'a réussi qu'à rassurer la base ultra-conservatrice sur son appartenance à la famille des clones de femmes de candidates républicains:
 



Paul Ryan a objectivement réussi son grand oral. A l'aise, drôle, il a totalement mis la salle dans sa poche. Quitte à mentir sans vergogne, mais son texte était écrit par la même plume responsable des discours de Dan Quayle, Dick Cheney ou Sarah Palin, c'est dire. Ryan a même eu le culot d'accuser Obama de ne pas avoir tenu sa promesse de maintenir une usine de General Motors ouverte. Non seulement cette usine a fermé pendant la Présidence Bush, mais Obama a sauvé GM de la faillite que préconisait Mitt Romney.

Le dernier jour a été à la fois le plus long et le plus drôle. Aux comiques habituels invités par Sean Hannity sur FoxNews (Sarah Palin, Rick Perry, Karl Rove...) s'est ajouté Clint Eastwood. Cette caricature d'Inspecteur Harry mêlée du Charlton Heston au pire de ses années NRAlzheimer a tout simplement totalement torpillé la convention. Et avec son charisme d'enclume, Mitt Romney s'est fait voler la vedette par le fantôme d'une star hollywoodienne balbutiant une discussion sans queue ni tête avec une chaise vide.

Pour clore le spectacle, Romney a fait du Romney. Commençant par fendre la foudre avec la grâce d'un robot mal huilé (il n'a visiblement pas l'habitude de serrer des mains sans signer de contrat dans la foulée), puis terminant perdu dans une mer de ses congénères, des ballon d'hélium peinturlurés aux couleurs de l'Amérique.

Romney a pourtant failli atteindre le graal que les storytellers du GOP s'étaient fixés, humaniser une personnalité sans âme, mais au moment où l'émotion a pointé dans sa voix, il s'est mis à livrer sa vision ultra-conservatrice du rôle de la femme au foyer. Ce candidat du IIIe millénaire est visiblement resté scotché dans les années 1950 avec ses idées du XIXe siècle.

La dernière journée était supposée faire le double parallèle entre Reagan-Carter et Romney-Obama, elle n'a fait que renforcer le ticket Obama-Biden, et ridiculiser Romney-Ryan en caricature de Bob Dole - Dan Quayle.

Sur le fond comme sur la forme, il n'y a absolument aucune photo entre les deux propositions. Romney ne peut plus compter que sur l'Europe pour bénéficier d'une rechute brutale de l'économie, et bien sûr sur ses puissants SuperPACs pour arroser les écrans publicitaires d'une propagande mensongère un peu plus efficace que cette interminable farce odieuvisuelle.


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* voir sur blogules en V.O.:
3/3 - Romney's big night? A bitter sleeping pill:
http://e-blogules.blogspot.com/2012/08/romneys-big-night-bitter-sleeping-pill.html
2/3 - Lies, damned lies, and RNCs:
http://e-blogules.blogspot.com/2012/08/lies-damned-lies-and-rncs.html
1/3 - Total Un-Recall: RNC 2012 In Denial, Welcome to Tampa, FL (Fantasy Land)
http://e-blogules.blogspot.com/2012/08/total-un-recall-rnc-2012-in-denial.html
Bonus: Attack of the GOP First Lady Wannabe Clones:
http://e-blogules.blogspot.com/2012/08/attack-of-gop-first-lady-wannabe-clones.html

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