Tout sauf Royal - Blogule rouge a la Segosphere - Segobulle
Le premier tour d'hier me satisfait avec ses 84% de votants, les 31% accordés au premier et les millions d'électeurs reconquis par les partis républicains aux groupuscules extrémistes. Il m'eût comblé si la Ségobulle s'était dégonflée à temps, épargnant à la gauche le spectacle désolant de l'abandon des convictions les plus sincères à la recherche de compromis impossibles.
Mes lecteurs le savent, je ne porte pas précisément Nicolas Sarkozy dans mon coeur. Je n'apprécie guère ses liaisons dangereuses avec les theocons US et Israëliens, l'influence de son Architecte Brice Hortefeux, sa façon toute berlusconienne de contrôler son image dans les media, et tant d'autres signaux qui doivent appeler les démocrates à la plus grande vigilance.
Cela surprendra donc sans doute beaucoup d'entre vous d'apprendre que j'ai voté pour lui hier.
Le moins que l'on puisse dire est que je n'ai pas fait d'appel à voter pour lui, et ce n'était certainement pas le choix du coeur, mais le seul possible à mes yeux compte tenu de l'incapacité des socialistes à se réformer et de l'incapacité de Bayrou à affirmer une vision positive concrète (son discours d'hier soir a bien commencé, mais je doute que ses électeurs aient été satisfaits par l'absence de contenu).
Sarkozy a d'emblée joué cartes sur table, déroulé sa vision et sa stratégie, démontré sa capacité à mobiliser et à rassembler sur d'autres modes que la terreur. A convaincre parce qu'il est convaincu. A respecter l'enjeu et le débat - seule Marie George Buffet aura mené une campagne aussi cohérente.
Hier, il a prouvé qui était le leader et qui était le suiveur. Son discours assumé a fixé les règles du jeu : bas les masques pour tout le monde, place au débat d'idées. J'ai aussitôt imaginé Ségo et son Architecte trotskyste paniquant du côté de Melle, obligées de revoir totalement leurs notes pour répondre aux questions qu'elles éludent depuis tant de temps : qui est Ségolène Royal au-delà du label creux de "femme libre", quel est son programme au-delà des labels creux de "pacte présidentiel" ou d'"ordre juste", quelles sont ses idées au-delà des gadgets démagogiques piochés au hasard de sa pseudo-Wikicampagne, quelles sont ses convictions et sa vision au-delà du refus du Front National et de Sarkozy... A mesure que la soirée s'avançait sans signe de vie je la sentais calculer son coup pour minimiser l'audience et l'impact de sa prestation. Je l'ai imaginée à la tribune, dépassée par les événements et face à son propre néant...
Mais je ne m'attendais tout de même pas à un tel spectacle.
J'invite tous ceux qui envisagent ne serait-ce qu'un instant de voter pour Ségolène Royal au second tour de bien visionner son intervention d'hier soir. Du moment où elle apparaît à l'écran au moment où elle le quitte. Et je les mets au défi de me prouver que ce candidat mérite de prendre la plus haute charge de l'Etat.
Regardez bien cet automate face à une foule pourtant acquise à sa cause, regardez bien ce personnage totalement concentré sur l'image qu'il donne et sur la terreur qui l'anime : ces gens boivent mes paroles - pourquoi ne comprennent-ils pas que je n'ai rien à cirer de ce qu'ils disent et de ce qu'ils sont ? je ne crois ni à ce que je dis ni à ce que je fais et je ne suis pas à ma place ici, est-ce que ça va finir par se voir ? comment peuvent-ils être si crédules ? j'aurais presque envie de crier "réveillez vous et oubliez moi" !
Le danger pour la France, il est au moins autant sinon plus du côté de Royal que du côté de Sarkozy. Pour parodier Hélène Carrère d'Encausse je dirais que l'on risque d'un côté L'Empire Eclaté, de l'autre Le Pouvoir Confisqué.
Au moins, je sais comment et avec qui Sarkozy va gouverner. Je sais que seule cette équipe est aujourd'hui en mesure de mener les réformes nécessaires à ce pays et qu'elle le fera avec une véritable politique de centre droit à dimension sociale, majoritaire dans l'UMP et au-delà dans le pays.
Je sais aussi à quel prix cela se fera. Qu'au-delà de Nicolas, les grands vainqueurs s'appelleront Arnaud, Serge ou Martin.
Mais je sais aussi à quel point Sarkozy sera obligé de composer, quels soutiens il perdra s'il s'égare, qu'au delà des résultats il sera jugé sur le fond et la forme, et que ses principaux concurrents sont aujourd'hui dans son camp, à fond derrière lui mais qu'ils n'hésiteront pas à le mettre hors jeu s'il ne respecte pas les règles. Les compromis d'entre deux tours, il les a déjà concédés l'année dernière.
Et je sais aussi que seule une défaite provoquera la nécessaire recomposition de la gauche française, incapable de porter ses propres valeurs, de l'écologie à la justice sociale. Il est grand temps pour elle d'embrasser le troisième millénaire. Certes, Ségolène Royal peut gagner ces élections, mais elle ne pourra pas faire gagner le pays et certainement pas apporter la sérénité dans son propre camp. Son camp, d'ailleurs, c'est celui du oui ou celui du non ? celui des progressistes ou celui des réactionnaires ? celui de la relance suicidaire ou celui de la rigueur budgétaire ? L'ultra gauche ayant choisi son champion (Besancenot), n'est-il pas temps d'acter la mort du PS et du PCF et la renaissance au centre de la social démocratie pour redessiner le paysage ?
A ceux qui disent "Tout sauf Sarko" je réponds "Tout sauf Ségo", mais avec en prime "tout sauf un chèque en blanc pour Sarkozy".
Dans quinze jours, j'apporterai mon vote à Nicolas Sarkozy, assorti de ce message : le pouvoir tu le voulais tu l'as alors pas de blague - tu as l'occasion de devenir un grand président et peut-être même quelqu'un de bien*. Si tu dérapes je serai là et d'autres avec moi, bien plus forts et cohérents qu'aujourd'hui. Et tu seras seul. Très seul.
* on a tout de même senti de nouveau, dans son discours d'hier, qu'il avait toujours plus d'amour à prendre qu'à donner.
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Stephane