20141030

En finir avec Nippon Kaigi

Avant-propos:

Ce titre "En finir avec Nippon Kaigi" fait écho à deux vieilles séries de posts dénonçant d'autres dangereuses impostures: l'Intelligent Design (voir "En finir avec l'Intelligent Design") et à sa base le fondamentalisme (voir "En finir avec le fondamentalisme", qui connut un écho plus international dans sa version anglaise "Universal Declaration of Independence from fundamentalism"). De même que les fondamentalistes prétendent défendre une religion dont ils sont le principal ennemi, les révisionnistes nippons prétendent défendre le Japon mais font tout pour le détruire. Mais si eux aussi s'avèrent très efficaces lorsqu'il s'agit de troller le web par pseudos interposés, leurs dirigeants ont au moins le mérite d'agir à visage découvert. Ici, pas de "wedge strategy", mais plutôt des coups de buldozer répétés. La totale impunité dont ces fanatiques jouissent à domicile leur joue même parfois des tours dès qu'ils plastronnent un peu trop à l'étranger (voir par exemple "L'extreme-droite Japonaise invite Le Pen... et les projecteurs"). C'est d'ailleurs sur ce ressort que leur entreprise de destruction du Japon peut être enrayée: ces fous furieux sont fiers de défendre leur vision et leurs missions? Exposons-les! A commencer par leur très influent lobby, le Nippon Kaigi.


Les règles de censure fixées par la chaîne NHK, désormais dirigée par un protégé d'Abe. Parmi les sujets interdits d'antenne: le massacre de Nanking et les esclaves sexuelles (voir liens sur twitter.com/theseoulvillage/status/525588313453776896)
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Deux membres du cabinet de Shinzo Abe viennent de démissionner dans le cadre de scandales liés à l'argent, mais si le révisionnisme était considéré comme un scandale au Japon, c'est la quasi totalité de ce gouvernement qui devrait démissionner: 15 des 18 membres dont Abe lui-même sont affiliés au lobby Nippon Kaigi, dont l'agenda ouvertement révisionniste vise clairement à défaire les principaux acquis démocratiques et pacifiques de l'après-guerre.

Le Japon rebascule progressivement du mauvais côté de l'histoire dans l'indifférence générale: bien que pacifiste dans son immense majorité, le peuple nippon évite de regarder de près tout ce qui touche à un système politique totalement corrompu, opposition y compris. La communauté internationale laisse faire, à commencer par les Etats-Unis qui, trop heureux de réduire leurs dépenses en Asie à l'heure où la Chine investit massivement dans son propre armement, ferment les yeux devant le retour en force du militarisme nippon. Les initiatives de collectivités locales américaines pour défendre la mémoire et les victimes des atrocités commises par l'Empire Japonais pèsent peu au regard de l'assourdissant silence des grandes démocraties, qui entretient la montée des tensions et des nationalismes en Asie. En effet, seules la Corée et la Chine réagissent aux provocations de Shinzo Abe, qui a beau jeu de se poser en victime face à des opinions publiques de plus en plus révoltées, et donc perçues comme des agités aux yeux des Japonais.

Au lieu de marquer le triomphe de Shinzo Abe et des révisionnistes, 2015 doit signaler, 70 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la libération du Japon de ses vieux démons. Mais le peuple japonais aura besoin d'un coup de main de la communauté international.

Parce qu'elle se pose en défenseur des Droits de l'Homme, et comme elle l'a fait à propos du Génocide Arménien, la France doit avoir le courage d'exprimer à son tour son soutien pour la mémoire et les victimes des atrocités commises par l'Empire Japonais, et de dénoncer le révisionnisme historique orchestré par le Premier Ministre le plus extrémiste d'après-guerre.

La France a donc un rôle à jouer, mais pour cela, les Français doivent bien savoir et comprendre:
  1. Pourquoi le Japon n'a pas effectué, à propos de sa période Impériale, le même travail de mémoire que l'Allemagne à propos du Nazisme
  2. Pourquoi Shinzo Abe et ses amis de Nippon Kaigi sont aujourd'hui les pires ennemis du Japon
  3. Pourquoi la communité internationale doit agir pour aider les derniers survivants d'atrocités passées, mais aussi pour sauver le Japon d'aujourd'hui et son futur
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1) Pourquoi le Japon n'a pas effectué, à propos de sa période Impériale, le même travail de mémoire que l'Allemagne à propos du Nazisme


  • Alors qu'au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, l'Allemagne a parfaitement marqué la rupture avec le Nazisme, une idéologie dont l'apologie est désormais considérée comme un crime, les principaux membres de l'exécutif ou du législatif Japonais peuvent ouvertement et en toute impunité nier l'existence des crimes de guerre commis par l'Empire, et afficher leur intention de réécrire l'histoire et de revenir sur le pacifisme d'après-guerre. Comment en est-on arrivé là?
  • Peu de Français connaissent l'étendue des atrocités commises par l'Empire du Japon à travers l'Asie, commencées bien avant le conflit mondial, ou le fait qu'il est considéré comme aussi barbare et criminel que son partenaire Nazi
    • Les Français connaissent surtout les kamikazes, Pearl Harbor, Le Pont de la Rivière Kwai, et les bombes atomiques mettant fin au conflit, le tout réactualisé de temps en temps à l'occasion d'un nouveau film américain ou des anniversaires de Hiroshima et Nagasaki.
    • Parmi les crimes de guerre / crimes contre l'humanité perpétrés à très grande échelle par l'Empire du Japon figurent l'assassinat de millions d'humains (le massacre le plus tristement célèbre étant celui de Nanking en 1937-38), et l'esclavage sexuel de centaines de milliers de femmes et d'enfants pour l'armée (connus sous l'euphémisme 'Comfort women' ou 'Femmes de réconfort', un système mis en place dès 1932). Impossible de dérouler ici l'ensemble d'une abominable liste comprenant également la torture, le travail forcé, ou encore les expérimentations sur les humains (l'abjecte Unité 731 honorée l'an dernier par Shinzo Abe - voir "AbeIGNomics - Shinzo Abe a fait son coming out: il est bien le pire ennemi du Japon"). 


  • Si l'Empire du Japon a perdu le conflit, les familles qui ont dirigé, soutenu, et profité de l'Empire continuent à ce jour à contrôler le système politique
    • L'Empereur lui-même a capitulé le 15 août 1945, mais a été maintenu en place par les Américains pour éviter l'effondrement du pays. L'année suivante, les Etats-Unis feront en sorte que, pour le Procès de Tokyo, certains sujets ne soient pas évoqués (comme l'Unité 731, dans le cadre d'un cynique accord pour récupérer les informations collectées), et que certains criminels de guerre ne soient pas jugés (pour s'assurer du maintien des conservateurs au pouvoir dans le cadre de la guerre froide).
    • Parmi les criminels de guerre protégés par les Américains, le propre grand-père de Shinzo Abe évitera le procès et deviendra par la suite un Premier Ministre non seulement très conciliant avec les Etats-Unis, mais aussi très soucieux de défendre la mémoire de ses collègues exécutés à la fin du procès, à commencer par Hideki Tojo: Nobusuke Kishi a dédié une stèle à la mémoire de ces 7 criminels de guerre au cimetière de Sangane. Aujourd'hui, son petit-fils Shinzo s'inscrit parfaitement dans la tradition en visitant le sanctuaire de Yasukuni où les criminels de guerre sont également honorés, ou en soutenant ouvertement une cérémonie en leur mémoire (voir "Japan’s Premier Supported Ceremony for War Criminals").

  • A l'inverse de l'Allemagne, le Japon n'a donc jamais effectué son devoir de mémoire, d'autant que peu de Japonais parmi les anciennes générations osent évoquer les aspects honteux de l'histoire. Le grand public et en particulier les jeunes sont délibérément maintenus loin de tout ce qui s'est passé pendant les années noires.
    • Fondamentalement, non seulement le Japon n'a jamais été libéré, mais il n'a jamais vraiment connu un vaste mouvement démocratique populaire. De même qu'à l'époque féodale le peuple n'était pas concerné par les guerres entre professionnels du combat, de même les Japonais considèrent aujourd'hui rarement la politique comme une dimension de chaque citoyen, mais plutôt comme une profession sale et distante. Ils ne sont pas choqués que leurs parlementaires fonctionnent comme une caste de familles se transmettant la fonction de génération en génération, sur plusieurs siècles.
    • Les systèmes juridiques ou éducatifs n'ont pas été réformés pour inculquer des réflexes démocratiques et une rupture avec l'Empire Japonais, et les rares garde-fous mis en place par les Alliés pour protéger la démocratie se concentrent dans une constitution résolument pacifiste et quelques articles clef comme les 9 et 96 déjà cités comme menacés (voir "AbeIGNomics - Shinzo Abe a fait son coming out: il est bien le pire ennemi du Japon"), ou encore dans des traités internationaux (ex l'article 11 du Traité de San Francisco: "le Japon accepte les jugements du Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient et des autres courts alliées au Japon ou ailleurs relatives aux crimes de guerre").

  • Non seulement le devoir de mémoire n'a jamais était fait, mais en plus les révisionnistes nippons s'engagent à défaire systématiquement les fragiles acquis de la démocratie et du pacifisme au Japon.


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2) Pourquoi Shinzo Abe et ses amis de Nippon Kaigi sont aujourd'hui les pires ennemis du Japon


  • Nippon Kaigi (littéralement 'Conférence du Japon' ou 'Japan Conference'), est un lobby ultra-conservateur fondé en 1997 et prônant ouvertement le révisionisme et la restauration de l'Empire. Sa vision et ses missions donnent franchement froid dans le dos, et mèneraient tout droit à la prison si on était en France ou en Allemagne.
  • Aujourd'hui, avec seulement 35.000 membres, Nippon Kaigi verrouille de fait l'appareil politique Japonais: non seulement 289 des 480 membres de la Diète et 15 des 19 membres du Gouvernement y sont affiliés, mais son président n'est autre que l'ancien juge en chef de la Cour Suprême, ce qui en dit aussi long sur le noyautage de la justice. 
    • Joindre Nippon Kaigi est aujourd'hui un moyen de faire une carrière politique dans un pays très majoritairement pacifique mais dont le système politique et judiciaire reste verrouillé par une minorité fasciste. Si la plupart de ses membres sont affiliés au parti d'Abe le LDP et à ses alliés d'extrême droite, Nippon Kaigi compte aussi des membres dans l'opposition.
    • Shinzo Abe n'est pas qu'un simple suiveur sortant de temps à autres une provocation pour satisfaire le lobby, mais bien l'un de ses meneurs les plus actifs et influents. 
      • Il a tout au long de sa carrière joué un rôle décisif au carrefour de ces mouvances radicales. Il a dès sa première élection en 1993, rejoint le Comité Histoire et Délibération de son parti LDP, un groupe révisioniste qui publiera en 1995 "Overview of the Greater East Asia War", où figurent déjà les grandes lignes de Nippon Kaigi. 
      • Boycotté par les leaders sud-coréens et chinois, il est même méprisé par les authentiques nationalistes japonais, qui le considèrent à juste titre comme un vulgaire fanatique.  
      • Son obsession révisionniste se reflète tellement dans chacune de ses actions qu'à côté de lui, Jean-Marie Le Pen passerait pour un enfant de choeur. Les derniers à croire en sa bonne foi ont sans doute fini par comprendre le jour où il a adressé une lettre de soutien à une réunion à la gloire des criminels de guerre.
    • Au delà des politiques, les 'Nippon Kaigi' et affiliés couvrent tout le spectre: chercheurs, célébrités diverses, leaders religieux, patrons de grands groupes, media, grands sportifs...
  • Petit florilège des positions indéfendables défendues par Nippon Kaigi et ses membres:
    • Négationnisme: les crimes de guerre Japonais n'ont jamais existé. Le massacre de Nanking? Une fabrication. Les centaines de milliers de femmes et d'enfants forcées à l'esclavage sexuel? Des prostituées venues de leur plein gré. L'agression impérialiste à travers l'Asie? Une campagne de libération des puissances occidentales. Les Procès de Tokyo ayant condamné des criminels de guerre japonais? Une justice du vainqueur inique et illégitime, qui a condamné injustement des héros patriotes... etc... etc...
    • Révisionnisme, censure, et propagande: puisque rien n'a existé, tout ce qui fait écho de ces faits doit être détruit, et idéalement, tous ceux qui véhiculent ces vérités doivent être écartés du pouvoir. 
      • Tous les textes scolaires doivent être réécrits, la Constitution d'après guerre révisée, et les textes clef modifiés. Chez Abe, le Ministre de l'Education Hakubun Shimomura est carrément le Secrétaire Général du Groupe de Discussion Nippon Kaigi à la Diète... encore plus fort que si Robert Faurisson siégeait rue de Grenelle! Les propos de ce rouleau compresseur révisionniste sont sans équivoque:
        • "Les 67 ans depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale ont été une histoire de la destruction du Japon"
        • "Le slogan 'quittons le régime d'après-guerre' mis en avant par le précédent gouvernement Abe signifie la révision de tous les aspects de l'histoire moderne du Japon, en incluant la vision de l'histoire défendue dans le Tribunal de Tokyo, la Déclaration de Kono, la Déclaration de Murayama"
      • Quand ces extrémistes ne parviennent pas à leurs fins, leur obstination les pousse à chercher d'autres voies pour marquer des points:
        • Cet été, à défaut d'avoir pu réviser la déclaration de Kono sur l'esclavage sexuel, le Gouvernement Abe a publié un rapport tentant de dénigrer les conditions de sa rédaction. 
        • Ce mois-ci, à défaut d'avoir obtenu la révision du rapport de 1996 de la Commission des Droits de l'Homme aux Nations Unies sur le même sujet, il a tout simplement effacé des documents clefs sur le site du Ministère des Affaires Etrangères.
      • Naturellement, les principaux media du Japon jouent le jeu:
        • Tous les grands groupes de presse conservateurs sont tombés à bras raccourcis sur Asahi Shimbun quand celui-ci a, en toute bonne déontologie mais bien trop tard, reconnu avoir publié un témoignage douteux sur l'esclavage sexuel. En choeur avec Shinzo Abe, ils ont laissé clairement entendre que ce faux témoignage faisait tomber l'ensemble du dossier à charge, ce que bien sûr Asahi avait prévu en précisant dans sa rétractation que cet épisode ne remettait nullement en cause l'existence de l'esclavage sexuel.
        • Dirigée par Katsuto Momii, un habitué des provocations historiques nommé par Abe, la principale chaine nationale NHK a même fixé des règles très claires sur les sujets à censurer à l'antenne... à commencer bien sûr par Nanking et les esclaves sexuels. 
      • La réécriture de l'histoire passe aussi par la propagande et la culture, les mangas et films grand public constituant des véhicules très prisés. Hideaki Kase, un membre de Nippon Kaigi par ailleurs Président de la Société pour la Dissémination de Faits Historiques (tout un programme), a fermement défendu et même parfois produit plusieurs films révisionnistes: l'un critique les tribunaux de Tokyo et défendant le criminel de guerre Hideki Tojo, un autre peint l'agression de l'Indonésie comme une campagne de libération (gros scandale a Jakarta), un troisième réécrit le massacre de Nanking...
    • Ultranationalisme, militarisme, et fin du pacifisme:
      • Naturellement, la Constitution doit être également révisée pour renoncer au pacifisme d'après guerre, les traîtés de paix répudiés, et les criminels de guerre honorés comme des dieux.
      • Histoire d'en finir avec la gentillesse légendaire des Japonais, les valeurs ultranationalistes doivent être de nouveau inculquées à l'école. 
      • Le drapeau au soleil levant de l'Empire du Japon (Kyokujitsu-ki) est porté haut et fort. A l'inverse de son collègue nazi (Hackenkreuz) en Allemagne, ce drapeau infamant n'a pas été banni au Japon. L'extrême droite nipponne, protégée par la liberté d'expression, se fait régulièrement un plaisir d'honorer les deux ensemble.
    • Retour au monarchisme, à la religion d'Etat, et au fascisme: fondamentalement, Nippon Kaigi milite pour le retour de l'Empire Japonais et du fascisme. Hideaki Kase résume ce crédo en disant : "Nous sommes dédiés à notre cause conservatrice. Nous sommes des monarchistes. Nous sommes en faveur de la révision de la Constitution. Nous sommes pour la gloire de la nation". 
      • Concrètement, Nippon Kaigi exige la restauration de la monarchie, du statut quasi-divin de l'Empereur, et du Shintoisme d'Etat avec l'Empereur en chef Shinto suprême.
      • Car non contents d'appartenir à la mouvance révisionniste Nippon Kaigi, Abe et la vaste majorité des membres de son gouvernement adhèrent aussi à la mouvance fondamentaliste de la très radicale Shinto Association of Spiritual Leadership. Les 4 'conseillers' au coeur de la direction du lobby sont tous de grands prêtres shinto en charge de sanctuaires, et deux d'entre eux sont issus de la famille impériale...
      • Le renouveau fasciste va au-delà de la glorification de la guerre et la fin de la démocratie pacifique d'après-guerre: les fous furieux de Nippon Kaigi souhaitent également abolir la loi sur les droits de l'homme, et rendre illégale la propagation de faits historiques avérés, qu'ils considèrent comme une distorsion de leur propre "vérité".
  • Shinzo Abe et ses alliés veulent accélérer le processus pour profiter de leur verrouillage du pouvoir: 
    • "ABEIGNomics?": comme prévu, les effets de ses "Abenomics" s'estompent. Le premier gouvernement Abe avait sauté au bout d'un an en raison de l'économie et de divers scandales, et pour son retour il avait préparé cette relance très coûteuse pour gagner la confiance du public et pousser son véritable agenda révisionniste (que j'appelle #ABEIGNomics).
    • "WomenIGNomics?": dans son récent remaniement, Abe a tenté à nouveau d'acheter l'opinion publique avec un autre écran de fumée, en surfant cette fois-ci sur la vague "womenomics" (dans cette société très machiste, le plus sûr moyen de relancer la croissance est d'ouvrir l'entreprise aux femmes): Abe a porté à 5 le nombre des femmes dans son cabinet, mais comme par hasard les nouvelles arrivées sont affiliées à Nippon Kaigi et sont particulièrement actives dans la négation de l'esclavage sexuel. Les media occidentaux ont surtout remarqué que l'une d'entre elles (Sanae Takaichi, tout comme d'ailleurs Tomomi Inada, une autre femme affiliée au lobby et promue au sommet du LPD) avait été prise en photo tout sourire avec le leader du parti néo-nazi Japonais, Kazunari Yamada. Takaichi a nié soutenir les idées de cet autre agité, mais d'autres photos plus ancienne la montrent assurer la promotion d'un livre faisant l'apologie des talents électoraux d'Adolph Hitler... ("#WomenIGNomics", donc).
    • Abe et ses amis vont tout faire pour marquer le 70ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale de façon spectaculaire, et d'ici là, il faut s'attendre au pire de la part de tels fanatiques.

Le drapeau au soleil levant de l'Empire du Japon (Kyokujitsu-ki) n'a pas été banni comme son collègue nazi (Hackenkreuz), et l'extrême droite nipponne, protégée par la liberté d'expression, sait bien honorer les deux.



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3) Pourquoi la communauté internationale doit agir pour aider les derniers survivants d'atrocités passées, mais aussi pour sauver le Japon d'aujourd'hui et son futur


  • C'est bien évidemment au peuple japonais de défendre sa démocratie en purgeant ses systèmes politiques, judiciaires, médiatiques etc de Nippon Kaigi et de ses amis, mais cela entend un sursaut démocratique sans précédent. Peu probable aujourd'hui:
    • La Résistance a du mal à se faire entendre, et même à exister au niveau politique: Nippon Kaigi compte également des membres au sein de l'opposition, et il est impossible de faire une carrière politique si l'on s'attaque au système. 
    • Les grands media sont tout aussi verrouillés, et parmi les grands quotidiens, seul le Asahi Shimbun s'oppose à la fin du pacifisme et au retour du militarisme (l'imposture de la "collective self-defense"), et seul lui évoque régulièrement la question de l'esclavage sexuel. Mais même lui évite de reconnaitre la responsabilité pourtant avérée de l'armée Impériale...
    • Le peuple japonais, une fois de plus, ne bougera pas de lui-même. Et la progression des idées révisionnistes dans les sondages, y compris auprès des jeunes, n'augure rien de bon pour l'avenir.
  • Seule la communauté internationale a le pouvoir de faire bouger l'opinion publique japonaise, ou tout du moins de mettre la pression sur le pouvoir révisionniste. Mais les efforts sont insuffisants, quand ils ne sont pas contre-productifs:
    • L'ONU a publié un rapport sur l'esclavage sexuel intimant au Japon de faire le nécessaire pour réparer les atrocités, mais on est loin du jour où cette organisation aura les moyens de changer la politique intérieure d'un pays comme le Japon. 
    • Parmi les pays victimes des atrocités de l'Empire, la Corée du Sud et la Chine se font entendre très clairement, mais trop souvent sur des registres nationalistes, qui font le jeu des extrémistes japonais en entrant dans leur partie de ping-pong qui dérape alors dans un anti-japonisme primaire. Une fois de plus, le fond du problème n'est pas "Japon contre Corée" ou "Japon contre Chine", mais d'une part "Empire du Japon contre Japon démocratique et pacifique", et d'autre part "extrémistes de chaque pays contre leur propre pays". Je l'ai dit et répété, la voix de Park Geun-hye portera beaucoup plus fort au Japon et dans le monde entier le jour où elle montrera l'exemple en marquant fermement et sans ambiguité une rupture avec le révisionnisme dont bénéficie son propre père.
    • Les autres pays victimes d'atrocités sont moins organisés, et trop faibles pour résister, d'autant qu'Abe les arrose d'aide internationale, comme l'Indonésie. Les Pays Bas ont déjà réagi pour dénoncer la négation de l'esclavage sexuel dont ils ont également été victimes, mais sans grand impact international. 
    • Parmi les autres vaincus, l'Allemagne est la mieux placée pour exposer l'imposture révisionniste japonaise. Angela Merkel devrait faire beaucoup beaucoup plus pendant qu'elle est au pouvoir.
    • Le cas des Etats-Unis reste à part. Principaux responsables de la chute de l'Empire, ils sont aussi les principaux responsables de l'échec de l'effort de mémoire. La géopolitique régionale d'après guerre n'a pas aidé, mais aujourd'hui encore, les States restent les mieux placés pour faire bouger les lignes. 
      • De plus, le phénomène Nippon Kaigi ou le profil de Shinzo Abe sont clairement identifiés comme problématiques à Washington, où la Chambre des Représentants a passé une résolution demandant clairement au gouvernement Japonais d'assumer ses devoirs en présentant des excuses formelles, et en faisant le nécessaire pour que ces atrocités soient reconnues, réparées, et correctement enseignées à l'école. 
      • Mais l'administration rechigne à mettre de la pression sur le gouvernement d'Abe, d'autant qu'elle soutient la "collective self-defense" dans la mesure où elle lui permet de réduire ses dépenses militaires dans la région au moment où la Chine monte en régime. Cette négociation était au contraire le moment idéal pour faire le ménage et rétablir la confiance dans la région (dans l'esprit "on vous laisse avoir une armée, mais à condition que vous marquiez clairement et définitivement la rupture avec l'Impérialisme" - voir ma "Publication dans Asia Pacific Bulletin").
      • Cette chance historique a malheureusement été perdue, et cette capitulation a encore encouragé Abe à aller encore plus loin dans les provocations (voir "Comfort Women': No Resolution Without Resoluteness. From Everyone, Please.").
  • Il y a pourtant des motifs d'espérer, en particulier sur la question de l'esclavavage sexuel, mais le temps presse, car les rares survivant(e)s sont sur le point de disparaitre.
    • La négation de l'esclavage sexuel ('Comfort women') est à la fois une priorité pour les révisionnistes, et totalement indéfendable partout dans le monde (à part au Japon, hélas). Le sujet n'est pas lié à un pays ou un territoire, et la lutte contre cette injustice fondamentale est en train de devenir une cause mondiale. Sa résolution marquera une étape décisive dans la lutte pour les droits de la femme aujourd'hui.
    • La multiplication des mouvements de soutien à travers le monde et en particulier les mémoriaux érigés par des collectivités locales aux Etats-Unis ont changé la donne. Les révisionnistes nippons ont cherché à les faire détruire parce que c'est leur façon de fonctionner au Japon, mais cela a au contraire renforcé la résolution des autorités et des populations locales, et exposé les extrémistes dans toute leur abomination.
  • L'Europe et en particulier la France doivent se faire entendre. Maintenant.
    • C'est le moment de montrer que la nation des Droits de l'Homme existe toujours. En passant une loi rendant illégale la négation des crimes de guerre de l'Empire Japonais, et l'apologie des criminels de guerre, en mettant à l'index Nippon Kaigi et ses partenaires, en prenant la défense des victimes de l'esclavage sexuel et en érigeant des mémoriaux en leur mémoire...
    • Les associations de défense des droits de l'homme et en particulier des droits de la femme doivent faire campagne, et les media faire leur devoir d'information en exposant Nippon Kaigi, ses affiliés, et les idées abjectes qu'ils défendent. 
    • Les révisionnistes terrorisent les défenseurs de réalités historiques au Japon? Inversons la pression: à chaque révisionniste Japonais d'assumer les conséquences de ses choix et à se faire boycotter à l'étranger. Et si, à l'instar du Discovery Institute pour l'Intelligent Design (le groupe perdit toute son aura suite à la publication de documents internes décrivant son imposture), Nippon Kaigi venait à être dissoud, ou si un autre prenait la relève, il suffit de soumettre à tous les politiciens un petit questionnaire sur leurs positions sur les sujets clef pour les démasquer.
    • Si nos dirigeants politiques n'ont pas le courage d'élever la voix contre Shinzo Abe et compagnie, qu'ils se disent bien que ce n'est pas une attaque contre le Japon mais contre ses ennemis, que nous agissons au secours du Japon, un pays ami depuis qu'il a embrassé la démocratie et le pacifisme. Et tout cela sur un sujet on ne peut plus politiquement correct et bon pour l'image. Qu'attendons-nous?
    • Au-delà du Japon, la France et l'Europe ont l'occasion d'adresser un message très fort à l'ensemble de l'Asie. Ensemble. Hollande, Merkel, montrez leur que si l'Europe n'est pas parfaite, elle est prête à se battre pour de vraies valeurs. Aidez-les à tourner le sentiment anti-japonais dans la région en un sentiment pro-japonais et donc anti-Nippon Kaigi. Aidez les autres pays à faire leur propre effort de vérité et de réconciliation.


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Oui, il est temps d'en finir avec Nippon Kaigi, ses avatars, et ses amis.

Bonus: ce grand élan démocratique Européen et cet 'outing' en masse des révisionnistes nippons va compliquer la vie de pas mal d'extremistes sur notre continent.



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 UPDATE 20141102: au début de son dîner à Tokyo avec l'Empereur du Japon, le Roi des Pays-Bas a évoqué sans ambages la question des victimes de l'esclavage sexuel, comme il s'y était engagé. L'Empereur Akihito ne s'y est donc pas opposé. Ce pacifiste se démarque souvent des ultranationalistes et ne visite d'ailleurs pas Yasukuni (tout comme son père Hirohito avait cessé de le faire à partir du moment où il avait appris que les criminels de guerre y étaient désormais honorés).
Netherlands King dinner with Japan Emperor: for starters, Imperial Japan sex slavery http://news.chosun.com/site/data/html_dir/2014/10/31/2014103100343.html (twitter.com/theseoulvillage/status/527989135185698816)

A noter également ce récent article finissant sur ce message à Shinzo Abe "qui est en train de couvrir de honte le Japon? Ce n'est certainement pas le Asahi (Shimbun), M. le Premier Ministre, c'est vous. C'est le Sankei et le LDP parce que vous réécrivez l'histoire, vous ignorez les atrocités de la guerre, parce que vous enterrez les mots de vos ancêtres" ("who is shaming Japan? It’s definitely not the Asahi, Mr. prime minister, it’s you. It’s the Sankei and the LDP for whitewashing history, ignoring war atrocities and burying the words of your elders" - The Japan Time 2014/11/01: "The uncomfortable truth about ‘comfort women’")

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ADDENDUM 20141103 
Parution sur Rue89 sous le titre: "En finir avec Nippon Kaigi, le lobby révisionniste japonais" (2014/11/02) *
Voir aussi:

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