20080125

Le New York Times soutient Hillary

Le NYT a publié ses préférences pour les Primaires US : John McCain côté Républicain et Hillary Clinton pour les Démocrates.

Il ne devrait effectivement pas y avoir de photo pour McCain qui s'est élevé contre Bush, contre la torture, et en faveur de la démocratie. Et Romney a effectivement perdu toute crédibilité en disant oui à toutes les demandes de preuves de conservatisme pour glaner quelques voix de plus (il a ainsi rejoint sans scrupule le club des candidats en faveur de l'annulation de Roe vs Wade par la Cour Suprême).

Mais dans sa quête d'absolu, John McCain s'est un peu dispersé ces derniers temps, et même affiché aux côtés de son ancien ennemi Bush. Il a surtout vendu son âme au Discovery Institute, se déclarant même en faveur de l'enseignement des thèses de l'Intelligent Design à l'école.

A moins d'un coup de théâtre de dernière minute (Bloomberg ?), les Etats-Unis semblent donc condamnés à élire un Démocrate pour en finir avec leurs années noires.

Clinton et Obama feraient tout autant l'affaire l'un que l'autre, mais le New York Times a décidé de parier sur la plus conservatrice Hillary. Relativement tôt dans la campagne, mais à un moment clef et à la veille des primaires les plus importantes... Un coup de pouce potentiellement décisif pour la base des électeurs démocrates, et pas seulement dans le quart nord-est du pays.

Que Bill Keller, l'Executive Editor du NYT, apprécie le jugement d'Hillary ne me surprend guère : non seulement il a pondu un édito favorable à la guerre en Irak en 2003, mais il a laissé faire les campagnes de désinformation de Judith Miller et ouvertement soutenu le faucon Paul Wolfowitz au détriment de la "colombe" Colin Powell.

A propos : Wolfie est de retour à la Maison Blanche pour conseiller W. dans ses derniers mois au pouvoir. Dubya a sans doute besoin de son jugement hors pair pour faire avancer quelques projets lui tenant à coeur.

Bill Keller aurait-il l'intention de pondre un édito en faveur de la Guerre en Iran ?

20080122

Blogule blanc a Jean-Louis Debre

J'appelais de mes voeux les modérés et les défenseurs de la démocratie à donner de la voix pour dénoncer l'attaque du président de la république contre les fondements de la république*, ces voeux ont été exaucés par un fils de la Constitution.

A plusieurs reprises (et hier soir dans un joli échange visiblement préparé à l'avance sur l'antenne de Canal+), Jean-Louis Debré a rappelé à l'ordre Nicolas Sarkozy et réaffirmé le sens premier (et essentiel pour la démocratie appaisée) de la laïcité.

Ce bonhomme vieillit décidément bien. Le risible roquet de la Chiraquie avait déjà gagné ses galons au perchoir de l'Assemblée ; il fait ici honneur à sa fonction de président du Conseil Constitutionnel.

Son message doit donner du courage à la majorité trop silencieuse des élus de l'UMP et du Centre troublés par cet inquiétant président**. L'Histoire retiendra le nom de ceux qui ont eu le courage de dire non comme de ceux qui ont fermé les yeux.


* "
N'ayez pas peur" (20080118) - article repris sur AgoraVox et Yahoo! Actualités.
** sur les motivations profondes de Sarkozy, je reprends ici ma réponse un brin parano je l'admets à un commentaire sur AV :
"De trois choses l’une: soit il est convaincu, soit il est vendu, soit il est tenu (au sens tenu par les c...).
A la différence de Bush ou de Blair, Sarko n’a pas l’air "habité", il ne fait aucun effort pour paraître un modèle de vertu, ni même convaincu de ce qu’il dit. Comme s’il récitait un texte. Et pas parce que c’est Guaino qui l’a écrit.
Je me souviens de son visage le jour de son investiture*. Comme tétanisé par l’énormité du truc. Ou le poids d’une promesse non publique...
Au point où l’on peut se demander si les scientologues n’ont pas un dossier sur lui
".

20080118

N'ayez pas peur

Les soutiens de Sarkozy troublés par ses prises de position sur la laïcité ne doivent surtout pas avoir peur d'exprimer leur désaccord : ils ont le droit de perdre une élection, mais surtout le devoir de ne pas trahir leur pays.

Ne nous y trompons pas : le fondamentalisme Chrétien est de retour en Europe, et l'année 2008 pourrait bien s'avérer décisive pour la démocratie sur le continent et en particulier en France, qui héritera d'ailleurs de la présidence tournante cet été. Encouragés par les percées obscurantistes aux Etats-Unis sous la férule d'un président plaçant ses intérêts de fanatique avant ceux de son pays et même ceux de son parti, capitalisant sur la montée des fondamentalistes au sein des autres grandes religions pour entretenir le climat de peur et de haîne indispensable à leur survie, ces partisans d'un grand retour en arrière testent subtilement les résistances du "vieux continent" et placent des banderilles suivant un calendrier savamment rythmé.

Comme aux Etats-Unis, les éléments les plus dangereux ne sont pas les épouvantails habituels, ces ayatollahs prônant ouvertement la suprématie du religieux sur le politique : cette stratégie basique a échoué au XIXe siècle et n'aurait aucune chance au XXIe. A l'image du créationnisme relooké en Intelligent Design par le Discovery Institute (1), le fondamentalisme suit désormais une stratégie pervasive et diffuse, avance masqué derrière des écrans de fumée, et mène en parallèle d'un intense lobbying de véritables opérations de guerilla marketing.

Comme aux Etats-Unis, ces ennemis de la démocratie, de la liberté et de la paix excellent dans l'art de la propagande pour se présenter comme des défenseurs de la démocratie, de la liberté et de la paix. D'un côté, ils usent de formules choc pour imprimer leurs principaux mensonges dans les esprits les plus crédules (c'est un choc de civilisations, nous sommes en guerre, nous agissons pour le dialogue et pour la paix, nous voulons moderniser la laïcité...). De l'autre, ils abusent de formules alambiquées et de discours inaccessibles au commun des mortels pour semer la confusion dans les esprits et faire passer leur programme médiéval pour une démarche de progrès (2).

Comme aux Etats-Unis, leur montée en puissance s'accélère avec des relais plus influents que jamais dans les cercles médiatiques et politiques. Et puisque le fondamentalisme soumet la politique à la religion, la couleur politique est secondaire. Les relais ne se trouvent plus seulement à la droite de la droite (comme récemment encore avec Luc van den Brande - 3) : on a vu comment l'ultra conservateur Rupert Murdoch pouvait apporter tout son soutien au candidat Travailliste Tony Blair - parce qu'il avait décelé en lui le futur Born Again facilement influençable, prêt à partir en croisade pour une cause mystique ?

Depuis maintenant plusieurs années, les faux incidents et les vraies provocations se multiplient aux Pays-Bas, en Italie, en France ou en Espagne (4), et bien sûr au niveau européen, comme l'attestent le lobby en faveur d'une mention des racines chrétiennes dans la Constitution (5) ou plus récemment la censure du rapport Lengagne dénonçant les attaques créationnistes contre la démocratie (3). Les réactions les plus vives déclenchent une mise en veille temporaire, l'absence de réaction encourage à pousser le bouchon un peu plus loin et un peu plus vite.

En publiant "La République, les religions, l’espérance" la veille des Présidentielles américaines 2004, le Ministre des Cultes Nicolas Sarkozy avait poussé le bouchon un peu loin. La levée de boucliers pour protéger la Loi de 1905 lui avait clairement indiqué les territoires à éviter pour sa campagne présidentielle. Le candidat Sarkozy a donc dû montrer patte blanche pour obtenir son investiture, et affirmer clairement sa volonté de défendre la laïcité.

Nous savons aujourd'hui quel sens il donnait à ce terme. Le président Sarkozy défend la laïcité comme le président Bush défend la démocratie, et si personne ne dit stop, il risque d'obtenir les mêmes résultats. Le Chrétien François Bayrou, qui a milité en faveur d'une Constitution Européenne laïque et sans référence aux racines chrétiennes, a totalement raison de comparer sa "laïcité positive" à la vision fondamentaliste de Bush. Mais des voix se sont élevé avec fermeté à travers tout l'hémicycle, à gauche comme à droite, pour dénoncer les récents dérapages contrôlés du président en Arabie Saoudite.

Ce n'est peut-être pas un hasard si Nicolas Sarkozy souhaite s'engager dans les élections locales cette année : plus que jamais dans notre histoire, les municipales 2008 ont valeur de test national. Pas tant pour déterminer les vainqueurs entre gauche et droite ou entre gouvernement et opposition, mais entre défenseurs de la république et de la démocratie d'un côté, et candidats soutenus par les fondamentalistes de l'autre.

Comme aux Etats-Unis, il deviendra de plus en plus commun de voir un candidat saupoudrer son discours politique de références appartenant au registre de la religion et de la foi. De nombreux candidats risquent de se voir proposer un choix comparable à celui imposé aux Républicains en 2004 : faire allégeance à une administration corrompue ou se voir refuser l'investiture présidentielle. Risquer de ne pas pouvoir se présenter, ou risquer d'être élu pour servir une cause amorale.

Parmi eux sans doute, des croyants tiraillés par leur conscience : si je dis non je me fais accuser de mauvais chrétien et si je dis oui je vend mon âme. Pour paraphraser le prédécesseur de Benoît XVI je leur dirai "n'ayez pas peur". Le fondamentalisme relève de la politique et non de la religion. Si vous avez réellement la foi et si vous êtes réellement démocrate et républicain, affirmez le en dénonçant l'imposture morale qui vous est proposée ; en déclarant votre indépendance contre le fondamentalisme (6).

Il est temps d'inverser la charge de la preuve. Ce n'est pas aux politiques de prouver leur bonne foi mais aux fondamentalistes de faire leur "coming out" : si vous considérez que la religion a quelque part une place dans la politique, la science ou l'éducation, assumez le clairement et fondez un parti religieux comme il en existe dans de nombreux pays. Mais ne cherchez pas à tromper le public en vous réclamant de la démocratie ou de la république.

Oui, la laïcité respecte les religions, mais elle respecte tout autant la démocratie, parce que justement elle respecte la séparation du religieux du politique. Oui, la France a un héritage chrétien, mais ce n'est pas son seul héritage religieux et il n'a pas toujours été positif (guerres de religions, croisades, colonisation, collaboration...)... et si la France a aujourd'hui valeur d'exemple dans le monde, c'est pour son héritage d'une république laïque, moderne et apaisée aux antipodes de ce qu'entend la "laïcité positive".

S'il est désormais clair que Nicolas Sarkozy a rompu ses engagements de campagne et qu'il agit en faveur des fondamentalismes, j'ai encore du mal à le situer sur un plan personnel : est-il "simplement" un être amoral prêt à toutes les compromissions pour parvenir à ses fins ou avons-nous réellement affaire à un mystique convaincu ?

D'une façon générale, notre Hyper-hype-président ne fait guère d'efforts pour masquer sa totale absence de scrupules : il est prêt à protéger les scientologues pour devenir l'ami de Tom Cruise, à prostituer la république dans les bras d'un dictateur pour faire briller Cécilia en Libye, ou encore à nier l'existence de Taïwan pour signer des contrats en Chine (7)...

Mais notre ancien Ministre des Faux Cultes (8) a aussi la fâcheuse habitude de s'entourer de mystiques. Sarko n'est pas l'ami des Etats-Unis mais l'ami de certains personnages sulfureux : le scientologue Tom Cruise, le fondamentaliste Bush. Sarko n'est pas l'ami d'Israël mais l'ami des partisans de la ligne dure à Tel Aviv comme à New York et Paris. Sarko ne lutte pas contre le terrorisme mais en attise les flammes à la source en favorisant le basculement vers les extrêmes par les actes (ex logique de rupture par la suppression des polices de proximité en faveur d'opérations commandos purement répressives, abandon de la position d'équilibre de la France dans le conflit Israëlo-Palestinien) comme par la parole (ex privilégier le registre belliciste au registre diplomatique vis à vis de l'Iran). Plus grave encore, les theocons sont au Château : comme à la Maison Blanche, ce club hyperinfluent verrouille les points d'entrée et de sortie stratégiques de l'Elysée.

Puisque Nicolas Sarkozy s'obstine à revenir à la charge sur le territoire hautement sensible de la religion, il est temps de lui demander clairement de faire son "coming out". Pas sa parade nuptiale à Disneyland, mais sa position vis à vis du fondamentalisme religieux, et en particulier sa volonté de maintenir les frontières entre politique et religion (remises en cause de la laïcité), science / éducation et religion (impostures créationnistes / intelligent design)...

Comme George W. Bush, Nicolas Sarkozy a l'occasion de laisser une trace majeure dans l'Histoire de l'Occident. Comme lui, il risque que cette trace soit une tâche indélébile en inscrivant son mandat sur le terrain de la religion.

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(1) cf "
En finir avec l'Intelligent Design" (20070905)
(2) champion toute catégorie : Benoît XVI - cf "
Le coming out de Benoit XVI" (20071007)
(3) cf "
Red blogule to Luc van den Brande" (20070627)
(4) nos voisins peuvent se féliciter du courage de Zapatero qui dès son serment d'investiture a tenu à affirmer la séparation du politique et du religieux
(5) au-delà du lobby très puissant des fondamentalistes chrétiens, celui d'autres partisans du choc des civilisations, toujours prompts à cristalliser les haînes et dresser les communautés les unes contre les autres
(6) cf "
Universal Declaration of Independence From Fundamentalism" (20070809)
(7) cf "
Merde in Taiwan" (20071127)
(8) cf "
Blogule rouge au ministre des faux cultes" (20050619)

20080102

Bonne année 2009

Autant le dire tout de suite, je n'ai pas, mais alors pas du tout aimé cette année 2008.

Passe encore pour la relégation du PSG en CFA suite au scandale des "fauxligans" : provoquer des incidents pour ne plus jouer le moindre match sur la pelouse maudite du Parc des Princes, ça n'était vraiment pas très malin. Mais l'idée de voir le sourire de Bruce K. Chapman à la tribune le 20 janvier prochain me donne carrément mal au coeur.

On se souvient comment, dans la course aux voix des fondamentalistes, Huckabee et McCain avaient fini par proposer le même job au fondateur du Discovery Institute en cas de victoire aux primaires : la place du numéro 2 sur leur ticket présidentiel. Moi qui espérais voir Obama accepter la charge suprême la main sur la constitution US et zappant les quatre derniers mots traditionnels, j'en serai pour mes frais : non seulement j'aurai droit au sempiternel "so help me God", mais en plus de la Bible, le nouveau président prêtera serment sur une édition du "Dianetics" de L. Ron Hubbard dédicacée par John Travolta et Tom Cruise.

Tout ça parce que Hillary s'est plantée dans son propre choix de co-listier. Bill lui avait pourtant donné un conseil plein de bon sens : "prends un Afro-Américain au background international, jeune et beau gosse, peut-être quelques problèmes avec la dope dans le passé mais rien de bien sérieux, juste histoire de le rendre moins lisse... suis mon regard..."

Manque de bol, elle a suivi son regard. Et comme son mari sirotait une mousse devant SportsCenter elle a choisi un joueur de baseball d'origine cubaine. Les Républicains n'ont pas eu besoin de rameuter Karl Rove pour la fusiller avec la sordide affaire des Sniff Boats. Il était trop tard pour changer de cheval en cours de route, et les Démocrates ont perdu l'élection imperdable en dépit des appels du pied de dernière minute de Michael Bloomberg et Michel Rocard.

Sale année pour les US, mais la France n'a guère fait mieux.

Déjà, il a fallu se coltiner Kim Jong-il pendant quarante sept jours aux six coins de l'hexagone. Le Cher Leader a tenu absolument à visiter toutes les salles de cinéma d'art et d'essai du pays et à se faire prendre en photo à Disneyland entre Minnie et Bruni. Il aura même épuisé trois ministres de la culture pendant son séjour : l'intérimaire Albanel, l'éphémère Cavada et l'amer remplaçant d'ouverture François Cavanna.

Ensuite, l'économie s'est effondrée comme un chateau de cartes par un triple effet subprime aux US, surprime au CAC40 et supprime au rayon créations de postes (à part pour Olivier Besancenot qui dans le cadre du programme "travailler plus pour gagner plus" a hérité de la tournée des postiers encartés LO à Neuilly).

Toutes les catégories socio professionnelles ont été touchées, y compris les sans abris. Dans le cadre des partenariats public-privé Boutin avait bien lancé un programme de ville nouvelle en partenariat avec Décathlon, mais Quechuaville n'est pas encore sortie de terre pour autant : "pour en sortir, il faut d'abord y entrer, et essayez de planter un piquet dans un sol aussi gelé... au moins avec ces HLM en toile on vous épargne la cérémonie de la pose de la première pierre".

Annus horribilis aussi pour la classe politique française : l'UMP Canal Laïque a fait sécession pour prendre le maquis, le PS a fait sa révolution en nommant Hollande nouveau Secrétaire Général avec un directoire innovant constitué de Fabius, Mauroy et Mélenchon (Royal se console en plaçant son manager Dominique Besnehard au poste de porte-parole), Besancenot a fondé le Renouveau des Partis Révolutionaires ("avec ce RPR-là, j'espère bien que les emplois ne seront pas fictifs") et le MoDem a réussi à diviser par huit son nombre de députés (initialement 4) suite à la nouvelle grève de la faim de Jean Lassalle

Pour couronner le tout, les Farc ont gardé Carla Bruni que Le Petit Nicolas avait dépêché en Colombie pour récupérer les otages en échange d'une centrale EPR.

Non, vraiment, une année à ne souhaiter à personne.

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