Blogule rouge a 5 ans de regression - 9/11 + 5
Au lendemain du 11 septembre 2001, le monde entier est derrière les Etats-Unis, victimes d'une attaque terroriste sans précédent par son ampleur. Le premier chef d'état étranger à survoler Ground Zero apporte tout son soutien au Président Bush, et l'expérience de cet homme peut s'avérer précieuse : Jacques Chirac a lui-même dirigé un pays sujet au terrorisme islamiste, un pays où les fanatiques ne parviennent cependant pas à faire basculer une majorité musulmane modérée.
Cinq ans plus tard, les Etats-Unis ont endossé le rôle de l'agresseur et affublé les terroristes de la prestigieuse cape des héros, intronisant eux-même dans leur frénésie médiatique les plus dangereux d'entre eux au panthéon des martyrs. Bush a finalement (et même pas poliement) refusé les conseils de Chirac pour suivre ceux de ses faucons et ainsi inviter le chaos et le terrorisme en Irak.
Cinq ans après 9/11, le terrorisme ne s'est jamais aussi bien porté et le Moyen-Orient jamais aussi mal. L'Afghanistan ? Revenu à ses bonnes pas si vieilles habitudes : surproduction de pavot, lapidations en public, restauration d'un Ministère des Vices et de la Vertu... Les extrémistes se rapprochent du pouvoir à chaque scrutin dans le monde musulman, et partout ailleurs les démocraties n'hésitent pas à opter pour des ultranationalistes ou des populistes. Le fondamentalisme a enfin pris pied en France et s'épanouit ailleurs en Europe et dans le monde ; la plus grande menace vient désormais des fils et des filles oubliées de nations fragilisées par la montée des extrémismes. Personne ne s'étonne de voir Le Pen favori pour le 1er tour des présidentielles de 2007, personne ne tique quand le parti nazi américain sponsorise une autoroute dans l'Oregon ou défile fièrement dans l'Ohio. Personne ne s'étonnera de voir l'Amérique du Sud, l'Afrique de l'Est ou l'Asie Centrale devenir les principaux pôles de croissance de la franchise al Qaeda.
Bush a trahi l'espoir que le monde avait placé dans sa démocratie la plus puissante, anéanti les fondements de toute justice, déshonoré son pays et tué une seconde fois les victimes du 11 septembre. C'était écrit* et pire encore, c'était voulu. Car une fois de plus, ce qui apparait comme une succession d'erreurs stratégiques à un observateur objectif n'est autre qu'une succession de choix pertinents aux yeux de ces fanatiques qui font la pluie et le mauvais temps au Bureau Ovale. Eux peuvent se frotter les mains en dressant le bilan de ces 5 ans de malheur : non seulement ils ont brillament réélu leur pantin en 2004, mais ils sont en prime devenus une composante incontournable de la vie politique, économique et sociale du pays et ce jusqu'au comté le plus reculé de ce que l'on a un jour appelé avec admiration les Etats Unis d'Amérique.
* cf blogules 2003-2004-2005.
Ce blogule a été par ailleurs publié (extraits) in "Le Figaro" du lendemain (12 septembre 2006).
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