20090621

Sommaire - liste des blogules 2010

blogules parus en 2010 (voir aussi l'ensemble des listes depuis 2003)

Cette liste est mise à jour manuellement (dernière mise à jour 1er Juillet 2010) - utilisez également la colonne de navigation de gauche pour les derniers blogules, les archives mensuelles, les mots-clef les plus souvent utilisés, la recherche dans l'ensemble de mon portail personnel...

Second Trimestre 2010
. "Le Grenelle du Football Français" (20100624 - l'Agence Fausse Presse interviewe les principaux acteurs du fiasco des Bleus à la Coupe du Monde en Afrique du Sud)
. "Quel geste technique pour 2014 ?" (20100620 - après le coup de boule de Zizou, le coup de gueule de Nico)
. "L'Université Nationale de Séoul à coup sûr" (20100602 - le sceptre des tocards)
. "Louise Bourgeois vit encore" (20100601 - la preuve: je l'ai encore croisée ce matin)
. "10bis Downing Street vs The Rand Paul Corporation" (20100523 - le sosie de John Steed à Londres et le rejeton de Ron Paul au Tea Party, la droite, ça conserve)
. ""The Housemaid" (Im Sang-soo)" (20100504 - une avant-première pleine de mordant)
. "Arizona Dream" (20100428 - on y a échappé de peu le 2 Novembre 2008)
. "Exclusif : Sarkozy renonce pour 2012" (20100401 - notre Agence Fausse Presse se penche sur le premier jour du mois d'avril)

Premier Trimestre 2010
. "Traitre à la nation" (20100325 - Nicolas Sarkozy tel lui-même)
. "De Cheri Bibi à Maudit Netanyahu ?" (20100323 - l'imposture continue)
. "Detox" (20100316 - virée parisienne par le menu)
. "Horror, horror, horror" (20100304 - Hélène Berr, une vie confisquée, mais des écrits libérés)
. "Borat à Dubai" (20100219 - spy v. spy version tragi-comique, les services secrets israéliens se prennent le pied dans le tapis)
. "Jean-François Copé en embuscade" (20100129 -
. "De l'UNI au Mét... en attendant la suite" (20100125 - le syndicat étudiant qui soigne sa droite)
. "La censure est-elle de retour en Corée du Sud ? Reconciliation ou Reconcealment ?" (20100116 - le nouveau président de la TRCK veut-il vraiment la vérité et la réconciliation ?)


20090620

Non à la Burqa = Non au fondamentalisme... Chrétien y compris

Faut-il interdire le port de la Burqa dans les lieux publics en France ?

Cela me semble une évidence, et ce avant même d'aborder les questions, pourtant essentielles à ce titre, de religions ou de Droits de l'Homme*.

En France plus encore qu'ailleurs, le port de la burqa relève au-delà de la religion d'un acte politique. La burqa ne soustrait pas la femme aux regards des hommes pour la protéger : elle soustrait avant tout un individu au regard de la société et nie à celle-ci la légitimité, le pouvoir, et la responsabilité de connaître et protéger cet individu. Homme ou femme, peu importe là aussi... et de toute façon, il serait impossible de faire la distinction sous une telle chappe**.

Que cet individu soit consentant ne change rien sur le fond de cette évidence : fondamentalement - et le terme s'impose -, la burqa marque la négation absolue de la République en inscrivant un individu en-deçà ou au-delà des lois. A travers son autorisation, c'est bien au-delà de la femme asservie la République elle-même qui fait acte de soumission à une loi fondamentaliste par essence vouée à sa destruction. Ni Putes Ni Soumises, c'est aussi vrai pour Marianne.

Comme toujours ("
Universal Declaration of Independence from fundamentalism"), le coeur de l'imposture fondamentaliste consiste à faire passer un agenda politique pour de la religion. Et puisqu'il vise à se substituer au pouvoir de l'Etat, le fondamentalisme religieux sous toutes ses formes est tout bonnement anti-légal et anticonstitutionnel en France.

Peu importe donc ce que dit le Coran à propos de la burqa. Bon... Il me semble bien que le concept de burqa intégrale a été inventé au Pakistan des lustres après la mort du Prophète (le tristement célèbre chadri Afghan arrivant bien plus tard encore)... mais enfin passons. Loin de moi l'idée de vouloir (et a fortiori la légitimité pour) interprêter Le Livre*...

Une fois de plus, le choix n'est pas entre la religion et la république mais entre la religion et le fondamentalisme d'une part, la démocratie et le fondamentalisme d'autre part.

Par ses fonctions au sein du CFCM, Dalil Boubakeur se devait de prendre toutes les précautions pour dénoncer la recrudescence du phénomène burqa en France. Mais s'il déplore au départ le repli "identitaire" puis le "communautarisme", il n'hésite pas à évoquer la progression du "fondamentalisme".

Ceci vaut naturellement également pour le fondamentalisme Chrétien, en pleine offensive en Europe, comme on a pu le voir ("
N'ayez pas peur"), avec le soutien sans réserve de deux fondamentalistes déclarés (George W. Bush puis Benoît XVI), la complicité de gouvernements noyautés parfois au plus haut niveau... et un soin particulier pour l'exception laïque française. La France doit donc résister avec fermeté tout en évitant les pièges de la victimisation et des faux débats : comme toujours, les fondamentalistes cherchent à faire croire que la religion est en danger alors même que ce sont eux-même qui la menacent en priorité.

La propagation des burqas sur le territoire conforte naturellement les fondamentalistes Chrétiens et les partisans du "Choc des Civilisations", l'imposture théocon / néocon par excellence. Et quand le très peroxydé nazillon néerlandais Geert Wilders exige l'interdiction du port de la burqa, il ne cherche pas à protéger la démocratie mais bien au contraire à l'affaiblir en alimentant ce fameux "choc", en provoquant des fractures confessionnelles au sein de la société. Wilders demande tout simplement l'interdiction de l'ensemble des manifestations de l'Islam (la religion authentique, ses fidèles, ses mosquées...) en les amalgamant de façon délibérément mensongère avec les manifestations de l'imposture Islamiste (les signes extérieurs de fondamentalisme).

Alors oui, au Caire, Barack Obama a défendu les droits des femmes musulmanes à se couvrir les cheveux quand elles le voulaient vraiment (
"State of The World Union : The Obama Doctrine"). Et un jour ou l'autre, il sera bien obligé de se prononcer sur la question autrement plus délicate de la burqa. Mais comme on a hélas pu le déplorer trop souvent, la démocratie américaine est la moins bien armée pour résister au fondamentalisme, et sa constitution favorise l'émergence de mouvement radicaux à tous les niveaux, au-delà de la religion (voir encore récemment "Intelligence supremacy").

La France a la chance de pouvoir s'appuyer sur des textes sans ambigüité...
- Article X de la Déclaration des Droits de l'Homme : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi." Le droit administratif définit l'Ordre Public comme "le bon ordre, la sécurité, la salubrité et la tranquilité publique".
- Article IV de la Déclaration des Droits de l'Homme : "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi".
- Préambule de la Constitution : "La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme"
Article premier de la Constitution Française : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée."
- ...

... donc idéalement, on ne devrait pas avoir besoin de légiférer. Mais la tradition veut que l'on adresse sans délai chaque sujet avec une loi spécifique, quitte à alourdir encore plus une barque déjà impossible à manoeuvrer. Il convient donc de ne pas tergiverser et empêcher au plus vite les marchands de haîne de se nourrir du moindre flou ambiant. L'exemple Belge démontre la nécessité de légiférer au niveau national : l'intégrité de la République est du ressort de l'Etat et non des collectivités.

Naturellement, il faudra faire preuve de plus de tact, de diplomatie et de pédagogie que dans ces misérables lignes.

Naturellement, je n’ai aucune confiance en Nicolas Sarkozy pour sortir de lui-même la loi idéale. Jusqu’à présent, il a surtout démontré
sa capacité à faire le jeu des fondamentalistes, en particulier depuis que Chirac est sur la touche.

Mais c’est depuis la touche que les juges de ligne signalent les hors jeu. Et l’éternel oublié de la justice se retrouve reconverti gardien du temple laïc ! Alors en attendant que Le Petit Nicolas installe Emmanuelle Mignon au Conseil Constitutionnel, esperons que ce qu’il reste de media independants expose ses tentatives répétées - et pour le coup à peine voilées - pour faire tomber le bastion.

Bas les masques. Y compris en dehors des périodes de carnaval.


* rassurez-vous, il est toujours et plus que jamais question de défendre la liberté religieuse et les droits des femmes
** s'il n'occulte pas le reste du corps, le niqab relève de la même logique
*** je n'ai d'ailleurs lu le Coran qu'une fois en entier, il y a un quart de siècle, et dans une version française remontant qui plus est aux calendes grecques (1970)

20090617

Khamenei sous pression

Comme prévu (voir "No You Can't, Mr Ahmadinejad"), le Leader Suprême Ali Khamenei se retrouve en première ligne et nu comme un ver pour avoir très mal géré le coup dans des élections à haut risque.

De même que l'Ayatollah Akbar Hashemi Rafsanjani ne s'était pas géné pour le prévenir de toute entourloupe, l'Ayatollah Hossein Ali Montazeri ne s'est pas géné pour dénoncer le caractère surréaliste des résultats officiels.

Khamenei a dû se résoudre à concéder un recomptage partiel des voix et théoriquement, personne ne voit comment le Conseil des Gardiens déjugerait son camp. Sauf que. En plus de gagner du temps, Khamenei s'offre une éventuelle porte de sortie pour sauver la face : à ce stade, il peut décider de finalement se débarrasser de son joker (Ahmadinejad), au lieu de sombrer avec lui.

Mais dans un cas comme dans l'autre, le système a failli...

=> le scénario officiel ne tient pas la route mathématiquement, ou alors l'équation paraît trop parfaite :
on l'a déjà vu sur de nombreux points, mais depuis certains se sont amusés à reprendre en abscisses et ordonnées les bulletins de Moussavi et d'Ahmadinejad tout au long de la soirée du vote, et les six annonces officielles de résultats partiels dessinent une droite parfaite. Farideh Farhi, de l'Université d'Hawaii, résume la situation en qualifiant ces résultats de "tirés d'un chapeau"*.

=> revenir sur le scénario officiel mettrait en évidence une faille dans le processus électoral qui rejaillirait négativement sur l'ensemble de la classe dirigeante du pays.

... et dans un cas comme dans l'autre, le Leader Suprême a failli. Dans son jugement comme dans son sens du timing et ça, ça ne se pardonne ni chez un politicien, ni chez une autorité religieuse... et encore moins sur l'autorité religieuse et politique suprême du pays. Cette évidence n'est sans doute pas passée inaperçue chez ses supporters et plus encore au sein du réseau d'influence qui lui doit ses pouvoirs.

Khamenei "has been", la cause semble entendue. Mais il a causé une rupture peut-être définitive au sein d'un pays dont l'unité est menacée tant au niveau de la population que des dirigeants.

Même Mousavi, appelé à l'aide pour sauver le pays du naufrage, aurait du mal à jouer le rôle d'Obama recollant les morceaux du puzzle démocrate après le passage de l'Ouragan Hillary.

Party Unity My Ayatollah ?


* cf "
Was Iran's election rigged? Here's what is known so far" (Christian Science Monitor 20090617).

20090614

No You Can't, Mr Ahmadinejad

Apparemment, Mahmoud Ahmadinejad a réalisé un score trop parfait pour être honnête en s'octroyant 62,63% des voix aux présidentielles iraniennes : suffisamment au-dessus de la majorite absolue pour éviter les polémiques sur la pertinence d'un second tour, et suffisamment au-dessous des standards "République Bananière".

Mais il lui fallait également concéder la réalité d'un combat serré et dans ces conditions, Mir-Hossein Moussavi ne pouvait décemment pas obtenir moins d'un tiers des voix. Accordé, de justesse : 33,75%.

Cette petite cuisine ne laisse que 1.73 et 0.85% aux deux autres candidats. Avec en gros le même ratio deux tiers / un tiers en faveur du candidat conservateur (Roshen Rezaee), pourtant attendu loin derrière le candidat réformateur (Mehdi Karroubi). Résultat des courses : ce dernier n'obtient que 300.000 voix. Il en avait obtenu plus de 5 millions aux présidentielles de 2005.

Voir arriver Ahmadinejad en tête n'est pas vraiment une surprise compte tenu de sa mainmise sur l'appareil d'Etat et l'organisation des élections. On pouvait s'attendre à une forte mobilisation par ses troupes dans les zones rurales où à moins de porter le maillot de régional de l'étape, aucun de ses concurrents ne bénéficie d'un tel avantage.

Mais cette participation record n'explique pas tout. Et à la conférence de presse du Ministre de l'Intérieur, diffusée en direct sur les chaînes internationales (NB: avantage à CNN devant la BBC pour la fluidité de l'interprête Farsi-Anglais), la forfaiture a éclaté au grand jour : d'un côté je donne les résultats nationaux à la voix près, et de l'autre je déclare que les résultats régionaux seront officiellement annoncés dans les jours à venir par chaque région, puisque cela relève de leur responsabilité.

Entre les lignes :
- laissez nous le temps de donner à ce décret "top down" une illusion de vraisemblance "bottom up"... et croyez moi, l'équation n'est pas si simple : autant expliquer la physique quantique à l'aide de la physique classique
- si d'aventure des incohérences venaient à apparaitre, ce serait à la marge, d'ordre local, et ne remettrait rien en cause au niveau national.

Le toujours vigilant Juan Cole* met déjà en avant quelques aberrations comme le caractère homogène des scores d'Ahmadinejad dans un pays habitué aux forts clivages régionaux, l'échec au Luristan de l'enfant du pays Karroubi, ou celui de l'Azeri Mir-Hossein Moussavi dans la région d'Azerbaïdjan. Le Ministre de l'Intérieur a néanmoins annoncé une victoire de Moussavi à Téhéran.

Sans surprise, l'opposition n'a pas laissé passer la forfaiture en prenant la rue dès l'annonce des résultats officiels. Scènes de violence, arrestations, censure...
en bon fondamentaliste, Ahmadinejad confirme que sa principale cible n'est ni Israël ni les Etats-Unis mais bien les modérés de son propre pays.

Sa victoire de 2005 était déjà entâchée d'irrégularités mais ici, la rupture parait bien trop forte. Plus encore qu'entre le Président et son peuple, elle affaiblit la légitimité des autorités religieuses ultra-conservatrices qui l'ont laissé faire et accroître son emprise sur l'Etat.

En fait, Ahmadinejad vient peut-être de mettre un terme à la Révolution de 1979 en engageant à travers la sienne, la légitimité du pouvoir suprême :
- par sa qualité d'ancien Premier Ministre de Khomeini, Moussavi pouvait paradoxalement prolonger la légitimité du régime tout en menant ses réformes
- en s'aliénant la jeunesse du pays, les chefs religieux sont désormais privés d'avenir, tributaires d'un seul homme qui n'est même pas l'un des leurs.

Le divorce entre ce Président et le pouvoir religieux semble donc inéluctable, mais ne se résoudra pas à l'amiable. Surtout si les Ayatollahs s'enferrent dans leur repli suicidaire. En fait, la victoire d'Ahmadinejad annonce la défaite du régime aussi certainement que le triomphe de Bush en 2004 annonçait l'implosion du Parti Républicain.

Mahmoud Ahmadinejad n'a jamais été aussi fort... et l'Iran aussi faible depuis 1979.

Au moment même où le monde a besoin d'un Iran stable et cohérent.

Bien sûr, la répression peut réussir sur le court terme. Mais il faudra peut-être bientôt choisir entre l'unité du pays et la survie d'un système. Dans l'immédiat, Ahmadinejad semble condamné à occuper d'une façon ou d'une autre le territoire du changement positif, et le chemin le plus facile semble sur la scène internationale.


* voir "Informed Comment"
"Stealing the Iranian Election"

20090607

D-Day - Discours Day

Nicolas Sarkozy a visiblement mieux préparé son discours que Barack Obama (et bien sûr Stephen Harper, encore transparent dans les deux langues hier), mais tout le monde s'est fait griller par Gordon Brown, visiblement inspiré par le contexte hautement historique : ses dernières heures à Downing Street.

Le Petit Nicolas a briefé Claude Guéant : je passe juste après l'épître de Barrie aux Egyptiens (voir "Obama 117 - le Caire, nid d'espoirs" sur blogules : "State of The World Union : The Obama Doctrine"), alors sors moi quelque chose de grand, coco.

Résultat : un récit homérique formaté pour le public américain, qui serait passé de façon beaucoup plus naturelle dans la bouche d'un Tom Hanks (présent hier) que dans celle d'un Président de la République Française dont les concitoyens n'ont pas vraiment l'habitude de ce genre d'usines à émotions totalement artificielles.

Gordon a pris le relais avec une livraison solide, concrète, bien en perspective, un poil trop messianique sur la fin peut-être. Et s'il a laissé échappé un lapsus sur Obama beach, le futur-ex Premier a parfaitement contrôlé sa citation de Churchill, un habile rappel historique : on est ici tous les 4 aujourd'hui et nos 4 armées ont oeuvré au succès du Débarquement mais soyons clairs, seules 3 nations ont contribué à sa conception.

Le Prince Charles a apprécié le tâcle après l'affront fait à sa mère, oubliée au moment d'envoyer les invitations pour ce 65e anniversaire du Jour-J.

Mais il était dit que la royauté britannique devait tomber dans le trou normand : Barack Obama a un peu avalé le protocole de travers en lâchant un "Prince Charles" presqu'aussi familier que "he Charlie". L'émotion d'avoir remporté le concours très relevé des oreilles les plus décollées, sans doute.

Autant le dire tout de suite : That One est passé à côté. Son discours bâclé a bien failli décoller à un moment, mais pour mieux retomber par la suite. Un quasi non-événement au regard de ses étapes précédentes au Caire et à Buchenwald. L'essentiel dans ce discours de portée nationale était visiblement de motiver les troupes en Irak et en Afghanistan, et de jouer la carte de la proximité avec les vétérans de toutes générations.

Hier, on aura sans surprise parlé de la construction de l'Europe, mais au présent pour un Président en campagne à la veille d'une élection (Sarko), à l'imparfait pour un Premier Ministre au lendemain d'une défaite (Brown), au passé antérieur pour un POTUS nostalgique de l'époque où l'Amérique finançait le monde (Obama n'évoquant pas l'Union Européenne mais le Plan Marshall et l'OTAN), et à une sorte de plus qu'imparfait du gérondif pour l'improbable arbitre du jour (Harper).

20090605

KIM Jong-nam : Dernier Empereur ou premier gouverneur ?

Des rumeurs persistantes* voient le fils aîné de Kim Jong-il, actuellement à Macao, chercher refuge en Chine.

Pas vraiment une surprise : Kim Jong-nam, connu pour fréquenter les casinos, sait parfaitement où il a le plus de chances de gagner non seulement le droit de survivre dans l'immédiat**, mais aussi celui de diriger la Corée du Nord à l'avenir.

Papa Kim a officiellement choisi le plus jeune frère de Jong-nam, Kim Jong-un, comme son successeur, et comme prévu*** la Chine enrage littéralement devant cette déclaration d'indépendance : Kim Jong-nam pourrait servir de pantin idéal à Beijing pour préparer un coup contre le leader finissant ou son successeur désigné.

Le sang de Kim Il-sung et de Kim Jong-il coule dans les veines de Kim Jong-nam, ce qui pourrait facilement légitimer la manoeuvre. Beijing pourrait essayer de discréditer le régime de Pyeongyang et héberger un mouvement de "résistance", "au service du peuple coréen". Après tout, le Gouvernement Provisoire de la République de Corée était bien exilé à Shanghai...

Mais ici, il faudrait s'attendre à une ville plus en phase avec le sulfureux Projet du Nord-Est : dans la logique de la propagande révisionniste, un tel gouvernement fantoche ne serait pas considéré en exil puisque sur le sol coréen, ou plus précisément sur la partie de la Corée située dans les frontières actuelles de la Chine. Une fois de plus****, Beijing ne saurait tolérer une réunification de la Corée autrement que sous la forme d'une province chinoise.

La future marionnette de Beijing Kim Jong-nam ne serait donc pas Le Dernier Empereur de la Corée, mais son premier gouverneur...


* et le Shankei Shimbun (voir "Kim Jong Il’s Eldest Son May Defect to China, Sankei Says" (Bloomberg 20090605). Dans son édition du 1er mai 2009, Shankei mentionnait des conversations téléphoniques parfois sérieusements imbibées entre Kim Jong-nam et la soeur de Kim Jong-il, Kim Kyung-hee. La réhabilitation de son mari Chang Sung-taek par Pyeongyang pourrait contribuer à l'isolation de Kim Jong-nam.

** la rumeur laisse aussi comprendre que Kim Jong-nam est sous la menace d'un enlèvement (deux de ses aides ont été arrêtés à Pyongyang)

*** voir "Kim Jong-Un Deux Trois" (20090602)

**** voir "La Grande Muraille de Chine à l'assaut de la Corée (l'ultime Hanschluss)"

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initialement publié sur Seoul Village et blogules V.O..
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20090617 update : lors d'une interview plus qu'informelle à la TV japonaise, Kim Jong-nam l'a jouée profil très bas, prenant ses distances avec la politique et acceptant sans le moindre état d'âme le choix de son père. Le temps de l'appaisement est venu pour Pyeongyang, qui a envoyé Kim Jong-un à la rencontre de Hu Jintao. Le Nord ne peut se fâcher éternellement avec son voisin... Culture du secret oblige, les rumeurs continuent à circuler... La tentative d'assassinat de Jong-nam serait partie non de Kim Jong-il mais de sa soeur, et la Chine aurait pris les mesures pour l'empêcher... Pour ceux qui se demandent comment les "dramas" peuvent être aussi populaires en Corée...

20090603

Bientôt un Bac C comme Créationniste ?

Edifiant message d'alerte de Catherine Kintzler au nom du Collectif pour la promotion de la laïcité* :

Dans la lignée des discours sur la « laïcité positive » prononcés par Nicolas Sarkozy à Latran et à Riyad, la France a signé le 18 décembre avec le Saint-Siège un accord ayant pour objet « la reconnaissance mutuelle des grades et des diplômes de l'enseignement supérieur délivrés sous l'autorité de l'une des parties ».

Cela veut dire qu'un diplôme délivré par l'enseignement supérieur catholique habilité par le Saint-Siège sera reconnu, à niveau comparable, par la République.
Cette inquiétante nouvelle s'accompagne fort heureusement d'un appel à la mobilisation et à la signature d'une pétition. Le Collectif envisage de saisir le Conseil d'Etat, mais j'aimerais assez connaitre le point de vue du Conseil Constitutionnel sur cette nouvelle forfaiture : je ne me lasse pas de voir Debré métamorphosé dans ses fonctions actuelles... et suis curieux de voir si Le Petit Nicolas osera nommer Emmanuelle Mignon l'an prochain (plus vraisemblablement, un hérault fondamentaliste un peu moins marqué).

Pour le cas où le duo infernal Sarkozy - Benoît XVI venait à concrétiser ce nouveau succès pour le fondamentalisme en Europe (voir épisodes précédents, en particulier "
Le mauvais plan de Benoît XVI"), je suggère que l'on officialise tout de suite les réformes suivantes :

=> Réforme du Primaire et du Secondaire : enseignement obligatoire de l'Intelligent Design**

=> Réforme du Baccalauréat : retour aux Bacs C et S (Bac Creationniste, Bac Scientologue)

=> Réforme de l'Enseignement Supérieur : restructuration de l'ENST (Ecole Normale Scientologue pour Thétans), de l'ENA (Etudes Négationnistes Avancées), d'HEC (Hautes Etudes Creationnistes)...


* voir "
Diplômes du Vatican homologués en France : la riposte s'organise" (Rue89 20090602):

** sur cette dangereuse imposture, (re)voir "
En finir avec l'Intelligent Design"

20090602

Kim Jong-Un Deux Trois

Après dissipation des brumes (radioactives ?) matinales, Kim Jong-un semblerait émerger comme le successeur officiel de Kim Jong-il*. Jeune (26 ans), anglophone, formé à l'Ouest (Suisse), mais réputé aussi disgrâcieux que son paternel, le 3e fils chéri du "Cher Leader" a été sans grande surprise préféré à ses aînés : Kim Jong-nam s'était lamentablement grillé lors d'une virée foireuse à Disneyland Tokyo et selon l'ex-cuistot familial, Kim Jong-chul traînerait une réputation de "petite fille" à Papa.

N'en déduisons pas pour autant que la secte-dynastie crypto-stalinienne fondée par Kim Il-sung a déjà embrayé en douceur vers sa troisième génération.

A mon humble avis, cette promotion n'a pas été si simple et surtout, n'est pas certaine de se confirmer au moment venu.

Pour la faire simple, il existe trois voies à moyen terme pour le régime Nord-Coréen : le maintien du Juche et du statu quo, la réforme et une ouverture progressive vers le Sud, et l'Hanschluss par Beijing*. Je n'ose pas imaginer la quatrième voie.

De toute evidence, les trois courants cohabitent plutôt mal que bien au sein de cet Etat d'apparence monolithique. Il n'est pas impossible que Kim Jong-il ait échappé à un ou plusieurs attentats (on repense à cette étrange explosion ferroviaire), et la propagande n'a pas préparé la succession de façon aussi fluide qu'entre son père et lui. La dégradation de sa santé a visiblement renforcé les collabos pro-Beijing, et les spectaculaires démonstrations de force de ces derniers temps me paraissent s'adresser plus clairement au voisin chinois qu'aux Etats-Unis (en dépit du choix de frapper un jour férié US, comme précédemment) et même à la Corée du Sud, pourtant beaucoup moins coulante depuis le retour au pouvoir des conservateurs (ne parlons même pas de la Russie ou du Japon).

Le message de Kim Jong-il, si c'est vraiment lui qui pilote l'avion (avec son influent beau-frère Chang Sung-taek / Jang Seong-taek) : nous réaffirmons notre indépendance, nous ne nous soumettrons pas.

Le leader n'a vraiment pu pousser la candidature de Kim Jong-un que depuis le début de cette année, une fois recouvré une partie de son mojo. Il aurait annoncé sa décision le jour de l'anniversaire du petit (8 janvier), mais les rumeurs ont longtemps couru par la suite sur sa candidature ou non aux élections de mars. Une première réponse arriva fin avril avec sa promotion au Comité de Défense Nationale fin avril, associée à celle de Jang (futur chaperon ou futur traître ?). Papa a vraiment marqué le coup en lui attribuant des fonctions clef au sein de l'Armée, du Présidium, et du Gouvernement le jour du second essai nucléaire supposé (25 mai).

Quelque part, Kim sauve la face quoi qu'il advienne par la suite : vu de l'extérieur, c'est lui qui a décidé et c'est la chair de sa chair qui prend la suite.

Vu de l'extérieur.


* "
Spy agency confirms N.K. leader's third son as successor: lawmakers" (Yonhap 20090602)

** voir "
La Grande Muraille de Chine à l'assaut de la Corée (l'ultime Hanschluss)"

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