20101102

Les Républicains votent pour un "Second Dip"

John Bohner a été clair : la priorité numéro un des Républicains, en cas de victoire - probable - aux élections de mi-mandat n'est pas de redresser le pays mais d'empêcher une réélection de Barack Obama en 2012. De fait, le meilleur moyen d'atteindre ce noble objectif est de provoquer le tant redouté "second dip" de l'économie nationale. Et le meilleur moyen de replonger est d'avoir recours aux mêmes méthodes à l'origine de la pire crise depuis la Grande Dépression.

L'Obama de 2008 ne ferait qu'une bouchée d'adversaires aussi confondants de nullité... mais en dépit du précédent Clinton 1994 et d'avertissements répétés, le président s'obstine à refuser de s'abaisser à la tactique policienne, omnubilé par une vision stratégique certes louable (réformer la santé, la finance...) mais totalement suicidaire à ce stade de son mandat (je n'ose même plus écrire "premier mandat").

Si l'électeur US, englué au quotidien dans une crise toujours aussi violente, ne percevra pas les fruits de ces réformes avant un bail (pour peu qu'elles survivent à un changement de majorité), il a tout de suite relevé les compromis passés en contrepartie. Résultat : au lieu de passer pour un réformateur courageux, Obama est assimilé à l'ancien régime. Et notre électeur US envisage sérieusement de remplacer l'homme chargé de nettoyer des dégats considérables par ceux là même qui les ont causés.

Jon Stewart et Stephen Colbert ont préféré en rire qu'en pleurer : leur 'Rally to Restore Sanity and/or Fear' n'a probablement pas changé le cours des élections, mais au moins dans quelques années certains pouront affirmer qu'à cette époque, finalement, tous les Américains n'avaient pas perdu la boule.

blogules 2010

voir aussi blogules en V.O. : "
Can America really afford a Republican Second Dip ?"

20100910

La chienlit n'est pas une fatalité

Un été animé par les scandales (bérézina sudafricaine, gloubi-boulga Woerth-Bettencourt...), une rentrée marquée par les grèves (savamment préparées par les attaques ciblées sur l'acteur clef de la réforme), une image internationale ternie par les expulsions de Roms (cette surprenante forme d'"émigration choisie" vient d'être condamnée par l'Europe)... la France a tendance à se disperser façon puzzle au moment où elle devrait concentrer toute son énergie sur le coeur de son réacteur républicain, dont l'existence est tout simplement menacée.

C'est d'ailleurs probablement le but de la manoeuvre. Au lieu de "correctionner", la Sarkozie "éparpille, disperse, ventile". C'est joli, les media adorent, et le public en redemande. Mais si l'on enlève tout ce "bruit", que nous reste-t-il au fond ? Des priorités essentielles, mais pas franchement partagées au plus haut niveau :
- économie : rétablir la dynamique du système en le faisant évoluer
- société : rétablir le respect mutuel au coeur du pacte républicain
- politique : rétablir les principes de séparation des pouvoirs au sein d'une république laïque

Economie ? Le "modèle français" ne peut tout simplement pas survivre en l'état (c'est le cas de le dire !), et fonce tout droit dans le mur. On ne peut pas demander plus - ni même autant qu'avant - à l'Etat sans lui redonner auparavant les moyens de ses ambitions. Cela passe par des réformes adaptées à ce siècle et aux tendances démographiques : on ne peut couper à une réforme des retraites, de la santé, de l'éducation, des services publics... Evidemment, en évitant le "modèle" Thatchero-Reaganien, et sans stigmatiser des éléments essentiels de la communauté : sa compétitivité de demain, la France doit également la forger par l'éducation, la santé, les services publics... Or si les réformes étaient plutôt parties d'un bon pied en 2007, l'approche a sensiblement changé, et le conflit n'est pas entretenu que par les "usual suspects", des syndicats arc-boutés sur leurs propres privilèges. On compte désormais des jeteurs d'huile sur le feu dans chaque camp : l'opposition joue la carte populiste pour 2012 quitte à pénaliser le pays tout entier, et au sein de la majorité, des petits malins s'amusent à ressusciter des antagonismes dépassés pour radicaliser le paysage politique national.

Société ? S'il y a un mot que M. Sarkozy n'a pas dans son dictionnaire, c'est bien "respect". Ou alors de façon dévoyée, comme le faisait George W. Bush en le grimant délibérément sous les couleurs de la crainte : un brillant marketing de la peur, de la haîne, de l'incompréhension mutuelle, de l'imposture du clash des civilisations, avec pour objectif l'implosion de la république au profit de ses pires ennemis, ceux de l'intérieur (voir
déclaration universelle). Rétablir le respect mutuel, c'est aller plus loin qu'avant, là où la république avait failli, en particulier vis à vis de ses fils et de ses filles issus de l'immigration. "Déporter" le débat en ostracisant la population "rom" relève du B.A.BA pseudo-nationaliste le plus abject. L'identité de la France se perd dans le repli identitaire. La priorité n'est pas d'expulser telle ou telle ethnie mais de redonner vie au pacte républicain, que tous les citoyens retrouvent l'envie d'y adhérer plutôt qu'à des discours radicaux d'ici ou d'ailleurs. Si l'on cesse d'atteindre aux libertés et si l'on rétablit l'égalité des chances, on donne sa chance à la fraternité.

Politique ? Je ne reviendrai pas sur l'imposture du "
traitre à la nation" : la trajectoire de Nicolas Sarkozy depuis son pacte de 2003-2004 ne laisse aucun doute sur sa volonté d'anéantir la république laïque, même s'il décide de réduire sa "surface radar" d'ici les élections. Il existe pourtant dans ce pays (et même ce gouvernement) des hommes et des femmes de bonne volonté, soucieux de réaffirmer les principes vitaux de la république et exposer les imposture, mais c'est dans les six mois à un an qu'ils doivent former leur plateforme dans la perspective de 2012.

Les Etats-Unis sont certes capables de redonner en Novembre prochain la majorité à ceux qui ont plongé leur pays et le monde au bord du précipice, mais ils ont été aussi capables, grâce à un sursaut unanime de la majorité modérée, d'empêcher le pasteur Jones, un authentique ennemi de la nation, d'autodafer des Corans ce 11 Septembre.

La destruction de la république française n'est pas une fatalité.

blogules 2010

20100815

L'extreme-droite Japonaise invite Le Pen... et les projecteurs

Ma première réaction en voyant Jean-Marie Le Pen et ses amis fascistes européens parader au très controversé Yasukuni Shrine devant tous les media internationaux ? Avant même le sentiment de honte, l'espoir que cette mascarade serve enfin d'électrochoc pour l'opinion publique japonaise.

J'en profite, une fois n'est pas coutume, pour m'adresser directement à mes lecteurs Japonais : ces gars sont la honte de l'Europe, des révisionnistes de la pire espèce, et s'ils sont là c'est parce qu'ils ont été invités par vos propres groupuscules fascistes. Après un coup pareil, êtes vous toujours prêt à tolérer que des membres de gouvernement japonais répondent à ces mêmes invitations, êtes vous toujours d'accord pour laisser cette dangereuse minorité décider qui peut rester Premier Ministre et ce qui doit être écrit dans vos manuels d'histoire ? J'ai la faiblesse de vous croire plus forts qu'eux.

En tout cas, Naoto Kan, le nouveau Premier Ministre, a officiellement déclaré qu'il ne visiterait jamais Yasukuni*. Et l'extrême droite nippone lui a répondu quelques jours plus tard de la façon la plus spectaculaire et la plus stupide : avec cette misérable opération de com', ils ont non seulement prouvé qu'ils existaient et qu'ils avaient des amis à l'étranger, mais aussi exposé au grand public leur vraie nature et leur imposture.

En effet, à l'instar de ses amis fascistes européens, cette clique de nostalgiques de l'Empire du Soleil Levant n'a rien de "nationaliste" et mine au contraire de l'intérieur la nation japonaise en trahissant son propre peuple, en torpillant toute initiative de progrès, en cherchant coûte que coûte à réécrire une histoire que pour commencer, ils ont réussi à ne jamais vraiment laisser écrire.

A chaque anniversaire d'Hiroshima c'est le même topo : le peuple Japonais demande légitimement des excuses aux Américains pour avoir frappé d'innocentes victimes civiles, mais ne pense jamais à demander pardon pour les crimes atroces ayant conduit aux bombardements de Hiroshima et Nagasaki... pour la simple raison que ces faits sont soigneusement omis par un système éducatif vérolé par cette fameuse minorité d'illuminés.

Certes, Kan a, peu avant le 65e anniversaire de l'indépendance coréenne et cent ans après l'annexation officielle de la péninsule**, renouvelé les excuses du Japon au peuple Coréen, mentionant pour la première fois l'évidence que l'occupation Japonaise avait été exercée contre sa volonté... mais ces excuses demeurent incomplètes et surtout le peuple japonais dans son immense majorité continue à être maintenu dans une ignorance dangereuse pour l'avenir de cette grande nation fort justement convertie au pacifisme.

Oui, "Le Tombeau des Lucioles" est un très joli film, mais il prendrait vraiment une autre dimension si au lieu de blâmer les avions qui lâchent les bombes, les victimes blâmaient leurs propres dirigeants : ce sont eux qui ont à la base détruit leur nation, et ce d'une manière encore plus abjecte et fondamentale. Les Allemands y sont arrivés intuitivement et immédiatement. Peut être parce qu'une grande partie de ces crimes a été commise sur leur propre sol, et sans aucun doute parce que toute la lumière a été faite, sans délai, sur les années noires du nazisme.

En fait d'excuses, il me semble que dans un premier temps, c'est à ce honteux relicat d'extrémistes japonais de s'excuser publiquement auprès de ses concitoyens. Enfin informée, la majorité silencieuse pourra alors formuler à son tour les excuses tant attendues par les voisins victimes de la barbarie. En toute sincérité, avec l'espoir d'avoir une fois pour toute barré la route aux marchands de haîne et de guerre.

Et si l'extrême droite asiatique s'était effectivement fait hara-kiri en invitant ses partenaires européens, un tel dénouement n'en serait que plus savoureux.


blogules 2010 - voir aussi en VO "Europe's extreme right leaders expose Japanese counterparts"

* Bon. Hatoyama a aussi commencé sur de bonnes bases ("
Le Japon est enfin une grande nation") avant de finalement céder à la minorité extrémiste qui pourrit la politique de l'archipel depuis la Seconde Guerre Mondiale (voir "Hatoyama's Christmas gift to Japanese extreme right").
** voir "
Gwanghwamun Inauguration" - rappelons toutefois que l'invasion a commencé plus tôt avec Dokdo (voir "Le Japon decide de recoloniser Dokdo")

20100713

RightNetwork

Une filiale de Comcast va prochainement lancer sur les réseaux câblés RightNetwork, une chaîne TV déjà partiellement en place sur le web, et qui comme son nom l'indique penche plutôt à droite et n'envisage pas un instant de douter d'elle-même.

La bande-annonce ci-dessous donne un aperçu du positionnement : conservateur de chez conservateur, revendiquant clairement l'héritage Washington, Lincoln, Reagan, et une ligne éditoriale "pro-America, pro-business and pro-military", également formulée "All that's right with the World" (! ... RightNetwork a au moins la décence de ne pas se présenter comme pro-oil en pleine crise au Golfe du Mexique) :



Vous l'avez reconnue, c'est l'Amérique qui se lève tôt et travaille plus pour gagner plus, les bonnes industries qui font les bons emplois, la bonne agriculture qui nourrit de bons gros bébés, la bonne TV qui éduque les bonnes masses : des sport de real men, de l'humour "Right2Laugh", et un cocktail "Politics&Poker" auquel ne manquent que le whisky et les petites pépées. Comme souvent avec les trailers politicards US, on se voit infliger une musique et des sourires aussi naturels qu'une parodie Naked Gun, et ça marche. L'oeil exercé notera la quasi absence de mystique religieuse, une rupture assumée avec la mouvance Bush Fils - Palin.

Derrière ce nouveau venu du paysage audio-visuel américain : l'acteur Kelsey Grammer, alias "Frasier" ou plus récemment le Stinky Pete de Toy Story 2... et ces derniers temps "La Cage aux Folles", dans le rôle "viril" de Georges - pas très Bible Belt non plus.

Ce Républicain bon ton se verrait bien faire carrière dans la politique : à 55 ans, il est plus jeune que Schwarzie et a l'avantage d'être né aux States. Enfin dans les Iles Vierges US, qui ont techniquement été rattachées aux Etats-Unis en 1917, pour les ceusses qui voudraient refaire le coup du passeport haïtien d'Obama. Question notoriété et légitimité politique, il part avec un handicap par rapport à Lou Dobbs, candidat possible pour 2012, mais Grammer tentera probablement d'abord un job de Gouverneur plus à sa portée. Difficile de faire aussi bien qu'Al Franken, l'ancien de SNL élu Sénateur du Minnesota pour les Démocrates.

Tout cela confirme quelque part le néant idéologique dans lequel navigue le Parti Républicain, et le fait que la politique relève plus de l'entertainment de ce côté-là de l'Atlantique.

Quoique.

Notre comique sur talonnettes et son compère italien ne se défendent pas mal non plus.

blogules 2010

20100624

Le Grenelle du Football Français

En exclusivité blogules - Agence Fausse Presse, quelques réactions après la déroute française en Coupe du Monde :

Raymond Domenech (Metteur en Scène) : "Je m'excuse auprès de Jean-Pierre Escalettes et des membres de la Fédération qui m'ont unanimement renouvelé leur confiance au lendemain de notre triomphe à l'Euro 2008 : j'ai lamentablement échoué dans la mission et les objectifs ambitieux qui m'avaient été fixés. Je ne m'explique toujours pas ce point gagné face à la meilleure équipe du Groupe A. Sans ce faux-pas face à l'Uruguay nous réussissions le Grand Chelem. Enfin... les joueurs se sont bien ressaisis par la suite, même si notre Coupe du Monde s'achève sur une mauvaise note avec ce stupide but marqué sur Malouda sur action de jeu."

Jean-Pierre Escalettes (Représentant du Football Amateur) : "Je suis très content d'être venu en Afrique du Sud. Je n'ai pas pu apercevoir ni Nelson Mandela ni les lions, mais j'ai obtenu l'autographe de Thierry Henry. Authentique ! Et ce petit gars, l'air de rien, il est beaucoup plus grand qu'à la télé. Les copains de belote de Ribérac y vont pas me croire."

Nicolas Anelka (Moine Trappiste) : "J'ai décidé de plier bagages. Cet hotel était pourtant assez classe mais ils avaient une espèce de G.O. agité grave, et ce type nous a complètement pourri les vacances. Au départ tu te dis tiens il est rigolo lui, avec sa moumoute grise et ses sourcils à la Groucho Marx, mais son humour décalé tombe systématiquement à côté de la plaque. Et puis cet abruti m'a rayé mes platines pendant notre soirée Ibiza."

Patrice Evra (Capitaine Coulage) : "Je suis fier de l'équipe. Nous avons montré à chacun de nos clubs ce dont nous étions capables pour ne plus être retenus en sélection. A partir de maintenant, nous pouvons nous consacrer pleinement à eux. Et s'ils ne veulent plus de nous on va leur torpiller les entraînements en s'encartant CGT - Sud Football."

Zinédine Zidane (Têtu Straight) : "Non mais t'as vu comme il te l'a materazzé le Domenech, mon Nico ? Manque un peu d'entraînement pour le physique mais à l'oral il a déjà la classe mondiale."

Phil Knight (patron de Nike) : "Dire qu'on s'est engagé à payer 42 millions d'euros par saison pour équiper cette bande de tocards... les gars d'Adidas doivent bien se marrer. Les Français appellent ça s'acheter une danseuse, je veux bien mais une danseuse au moins c'est agréable à regarder."

Michel Platini (Grand Patron de Multinationale) : "Bah... sur le terrain j'ai vu beaucoup de melons mais pas beaucoup de ballons. Je sais, je sais, j'ai voté pour reconduire Raymond en 2008, mais c'était le seul moyen d'éviter Deschamps."

Nicolas Sarkozy (President Select) : "L'heure est grave : qu'un porteur du maillot national profère de telles injures est proprement inqualifiable. Cet Anelka pouvait se contenter d'un 'casse toi pov' con' plus simple et de meilleur goût, non ? Les conséquences de cette élimination sont dramatiques pour l'image de la France et il est de ma responsabilité de prendre les choses en main. Dès aujourd'hui, pour élever le niveau de jeu de la sélection, je vais déjà recommander au staff technique ma marque de talonnettes. Et sur le plus long terme, je vais confier une commission "Grenelle du Football Français" à Philippe Séguin : il connait les dossiers et ces jours-ci il a autant d'énergie que nos 23 joueurs réunis."

Laurent Blanc (President Elect) : "..."

blogules 2010

20100620

Quel geste technique pour 2014 ?

Le coup de boule de Zidane en 2006, le coup de gueule d'Anelka en 2010... je me demande quel geste technique nos Bleus vont inventer pour 2014.

A supposer qu'ils participent à la prochaine Coupe du Monde au Brésil, bien sûr : si c'est pour pratiquer l'inqualifiable, autant ne pas se qualifier, ce qui semble parfaitement dans les cordes d'une pseudo-équipe plus tête à claques que tête de série.

Reconnaissons toutefois aux branquignolles de la Fédération Française de Football et à Raymond Domenech le mérite d'être allé au bout de leur absence de logique, et à Nicolas Anelka celui d'avoir dit tout haut ce que 62 millions de Français pensaient déjà à voix haute depuis un paquet d'années.

Avant que notre President Elect Laurent Blanc ne récupère les latrines bleues dans un état où même un morpion scatophage n'aurait jamais osé rêver les retrouver, il est décidément grand temps de
tirer la chasse.


blogules 2010

20100602

L'Université Nationale de Séoul à coup sûr

De loin l'université la plus prestigieuse de Corée du Sud, "Seoul Dae" a toujours été victime des quolibets dès qu'il s'agit de sport : Seoul National University ne quitte jamais la dernière place des classements en sports collectifs, et une défaite par 10 buts en football ou 20 points en baseball constitue le tarif syndical.

A propos des déboires de l'équipe de baseball de SNU, le journaliste OH Tae-jin s'en est récemment donné à coeur joie dans les pages du Chosun Ilbo*. Difficile de garder son sérieux quand on considère les simples faits : depuis 1992, les matchs contre SNU ne sont tout simplement plus pris en compte dans les sacrosaintes statistiques individuelles des joueurs adverses et en 2004, l'équipe n'a mis un terme à une série de 199 défaites consécutives que pour embrayer dès le match suivant sur une série de 56 échecs. Je vous épargne les anecdotes les plus hilarantes mais s'il était question de football, SNU aurait sa place assurée à l'anti-panthéon de la Ligue des Oubliés.

Or voilà que cette équipe qui peine toujours à boucler son misérable budget vient de s'attacher les services d'un prestigieux entraîneur : LEE Gwang-hwan a remporté la ligue professionnelle coréenne KBO en 1994. Un peu comme si l'équipe universitaire de football la plus nulle du Portugal recrutait José Mourinho.

Je m'avoue pour le moins déçu : c'est quelque part manquer de respect à la grande tradition de cette vénérable institution. Le club de baseball comme l'université qui l'abrite.

En effet, Seoul Dae a beau produire l'élite du pays** dans un campus vaste comme un sixième de Paris avec un musée d'art moderne créé par Rem Koolhaas, cette université demeure le symbole de la méritocratie coréenne avec une proportion importante d'étudiants d'origine modeste, un réfectoire glacial servant une nourriture digne de l'autre côté de la DMZ, et des associations sportives incapables de trouver des sponsors. En cohérence avec les principes confucéens, le "pen" a toujours été privilégié au "bullpen".

Mais les temps ont changé : la méritocratie a fait place à l'hagwonocratie***, et SNU commence à s'inquiéter de son image sportive.

A défaut de révolution, peut-être les rares supporters du club assisteront-ils de temps en temps à un véritable tour de circuit.

blogules 2010 - voir "Seoul National University : a league of their own", l'original sur Seoul Village et sur blogules en V.O.

* "
서울대 야구감독 이광환" / "LEE Gwang-hwan Seoul National University baseball coach" (오태진 20100529 - Chosun Ilbo)
** et au-delà : SNU est le 5e "producteur" mondial de patrons du Fortune500
*** je me permets ce néologisme en hommage aux "hagwon", ces instituts privés dans lesquels les parents coréens claquent des fortunes pour booster les chances de leurs rejetons. La Corée du Sud est devenue grande grâce à son système éducatif assurant l'égalité des chances mais n'ose pas réformer un monstre devenu inarrêtable.

20100601

Louise Bourgeois vit encore

Elle vient de mourir mais persiste à m'accueillir quand je rentre chez moi.

Elle avait 98 ans, mais n'a pas pris une ride depuis que ce portrait à son image à la fois souriant et dur, a été réalisé par François Rocamora.

Depuis aujourd'hui, Louise Bourgeois n'est plus un artiste contemporain, mais comme Francis Bacon, il y a bien longtemps qu'elle était bien plus que cela.

blogules 2010

20100523

10bis Downing Street vs The Rand Paul Corporation

La lune de miel entre John Steed / David Cameron et Emma Peel / Nick Clegg ne devrait pas durer bien longtemps. S'ils ne s'étripent pas sur les réformes électorales, les co-locataires du 10 et du 10bis Downing Street ont suffisamment de points de discorde pour en venir aux mains.

Le budget et les impôts, tiens : de quoi renforcer la côte de popularité de Gordon Brown, désormais voué au rôle de sage de Saint Chamond Ecossais. Les électeurs ont la mémoire courte : ils retiendront le Brown de 2008, pas celui qui torpillait l'économie de la nation aux côtés de Tony Blair...

Aux States, Ron Paul vient de placer son fiston Rand en contrepoids à Sarah Palin pour récupérer le Tea Party. Et si Junior a la capacité d'animateur de réseaux sociaux de papa, Palin a du souci à se faire pour 2012. Les électeurs de la droite alternative US auront le choix entre deux dystopies : l'anarchie "libertaire" des Paul et la dictature théocratique des Bush-Cheney.

Cette dernière vient de marquer des points au Texas : le State Education Board vient de passer des réformes pour apprendre aux jeunes élèves que la séparation de l'église et de l'Etat ne figure pas dans la Constitution, ouvrant la porte au fondamentalisme et à son avatar l'Intelligent Design. Espérons que la Cour Suprême mettra un terme à cette nouvelle attaque contre la démocratie.


Mais revenons à nos Shetlands. Tout le mal que je souhaite aux Travaillistes britanniques est de profiter de ce moment de repit pour revoir leurs fondamentaux. Ils ont fait un premier pas au milieu des années 90 en introduisant un peu de réalisme dans leur programme économique, mais à l'instar des Travaillistes israéliens**, c'est plus sur le plan moral que le gros du travail reste à faire.

blogules 2010

* voir "
The Avengers (2010)"
** voir "
Il est encore temps de sauver Israël"

20100504

"The Housemaid" (Im Sang-soo)

Avant-première hier à Séoul de "The Housemaid" (하녀) : le dernier film de IM Sang-soo entrera en compétition au 63e Festival de Cannes le vendredi 14 mai prochain.

Il s'agit du remake d'un grand classique réalisé en 1960 par Kim Ki-young : un drame psychologique (déjà sulfureux à l'époque) où un homme trompe son épouse avec leur bonne. Les media coréens s'émoustillaient à l'avance pour un thriller érotique sur papier glacé, se focalisant sur le duel d'actrices annoncé entre la femme trompée (Seo Woo) et sa rivale (Jeon Do-yeon dans le rôle-titre), mais je m'attendais à d'autres surprises et à plusieurs contre-pieds de la part de cet audacieux réalisateur.

Hier, je n'ai pas été déçu : IM a une fois de plus délivré un objet cinématographique brillant animé par une direction d'acteurs jubilatoire et doublé d'une puissante satire sociale. Pour ce faire, il n'a pas hésité à inverser quelque part les rôles et les critères de normalité / moralité par rapport à l'oeuvre originale.

Le vrai triangle infernal n'est pas tant constitué par le mari, la femme et l'amante que par les deux premiers (interprétés par Lee Jung-jae et Seo Woo) associés à une belle-mère / femme fatale mâtinée de méchante reine disneyienne (Park Ji-yeong) : avec l'immense demeure servant de cadre à l'intrigue, ils forment un redoutable piège de luxe, calme et vanité.

Quant au véritable duo d'actrices, il s'articule autour du rôle pivot de la gouvernante. Dans "
The president's last bang", IM Sang-soo nous avait révélé un Baek Yoon-sik insoupçonné. Avec "The Housemaid", il pousse non seulement Jeon Do-yeon sur la voie d'une seconde Palme d'Or, mais force Yoon Yeo-jeong à déployer toutes les facettes de son talent.

Visiblement, les acteurs ont eux aussi pris beaucoup de plaisir. Au tour de la Croisette maintenant.


blogules 2010

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