20080210

Le Super Saturday de Barack Obama

La Louisiane semble aussi bien partie que les autres scrutins du jour pour BHO : outre l'Etat du Sud, le Sénateur de l'Illinois raflerait donc la mise sur le Nord (Nebraska), le Nord-Ouest (Washington) et même par-delà les mers (Iles Vierges Américaines).

Nouvelle tendance ? Son solide Super Tuesday avait déjà été prolongé par une chasse aux donateurs plus fructueuse que celle de sa rivale Billary. S'il limite la casse en Nouvelle Angleterre ce soir (et a fortiori s'il l'emporte dans le Maine), Obama pourrait bien se présenter en position de force le 12 pour ce qui sera probablement la journée clef : le District de Colombia, la Virginie et le Maryland se prononceront, c'est à dire la capitale fédérale et ses alentours ; le coeur du pouvoir politique.

Bien au-delà des 240 délégués Démocrates en jeu sur ces trois Etats, une décision nette pourrait influencer de façon décisive les Superdélégués dans la perspective de la Convention. C'est confirmé depuis mardi, la différence se fera comme on le pressentait sur ces 796 représentants sur lesquels le commun des Démocrates n'a aucune prise les primaires et caucus en cours. Hillary Clinton aura le plus à perdre : le moindre signe de lâchage de l'establishment et de Washington, DC, et personne ne misera plus le moindre kopek sur elle.

Côté Républicains, le sursaut de Huckabee prouve à ceux qui en doutaient encore le poids des ultraconservateurs et des theocons dans le pays. McCain n'a plus Romney face à lui et les mathématiques ne sont pas en faveur de l'ex pasteur mais comme le rappelle fort justement Huck : "je n'ai pas réussi mes études dans les maths mais dans les miracles".

20080125

Le New York Times soutient Hillary

Le NYT a publié ses préférences pour les Primaires US : John McCain côté Républicain et Hillary Clinton pour les Démocrates.

Il ne devrait effectivement pas y avoir de photo pour McCain qui s'est élevé contre Bush, contre la torture, et en faveur de la démocratie. Et Romney a effectivement perdu toute crédibilité en disant oui à toutes les demandes de preuves de conservatisme pour glaner quelques voix de plus (il a ainsi rejoint sans scrupule le club des candidats en faveur de l'annulation de Roe vs Wade par la Cour Suprême).

Mais dans sa quête d'absolu, John McCain s'est un peu dispersé ces derniers temps, et même affiché aux côtés de son ancien ennemi Bush. Il a surtout vendu son âme au Discovery Institute, se déclarant même en faveur de l'enseignement des thèses de l'Intelligent Design à l'école.

A moins d'un coup de théâtre de dernière minute (Bloomberg ?), les Etats-Unis semblent donc condamnés à élire un Démocrate pour en finir avec leurs années noires.

Clinton et Obama feraient tout autant l'affaire l'un que l'autre, mais le New York Times a décidé de parier sur la plus conservatrice Hillary. Relativement tôt dans la campagne, mais à un moment clef et à la veille des primaires les plus importantes... Un coup de pouce potentiellement décisif pour la base des électeurs démocrates, et pas seulement dans le quart nord-est du pays.

Que Bill Keller, l'Executive Editor du NYT, apprécie le jugement d'Hillary ne me surprend guère : non seulement il a pondu un édito favorable à la guerre en Irak en 2003, mais il a laissé faire les campagnes de désinformation de Judith Miller et ouvertement soutenu le faucon Paul Wolfowitz au détriment de la "colombe" Colin Powell.

A propos : Wolfie est de retour à la Maison Blanche pour conseiller W. dans ses derniers mois au pouvoir. Dubya a sans doute besoin de son jugement hors pair pour faire avancer quelques projets lui tenant à coeur.

Bill Keller aurait-il l'intention de pondre un édito en faveur de la Guerre en Iran ?

20080122

Blogule blanc a Jean-Louis Debre

J'appelais de mes voeux les modérés et les défenseurs de la démocratie à donner de la voix pour dénoncer l'attaque du président de la république contre les fondements de la république*, ces voeux ont été exaucés par un fils de la Constitution.

A plusieurs reprises (et hier soir dans un joli échange visiblement préparé à l'avance sur l'antenne de Canal+), Jean-Louis Debré a rappelé à l'ordre Nicolas Sarkozy et réaffirmé le sens premier (et essentiel pour la démocratie appaisée) de la laïcité.

Ce bonhomme vieillit décidément bien. Le risible roquet de la Chiraquie avait déjà gagné ses galons au perchoir de l'Assemblée ; il fait ici honneur à sa fonction de président du Conseil Constitutionnel.

Son message doit donner du courage à la majorité trop silencieuse des élus de l'UMP et du Centre troublés par cet inquiétant président**. L'Histoire retiendra le nom de ceux qui ont eu le courage de dire non comme de ceux qui ont fermé les yeux.


* "
N'ayez pas peur" (20080118) - article repris sur AgoraVox et Yahoo! Actualités.
** sur les motivations profondes de Sarkozy, je reprends ici ma réponse un brin parano je l'admets à un commentaire sur AV :
"De trois choses l’une: soit il est convaincu, soit il est vendu, soit il est tenu (au sens tenu par les c...).
A la différence de Bush ou de Blair, Sarko n’a pas l’air "habité", il ne fait aucun effort pour paraître un modèle de vertu, ni même convaincu de ce qu’il dit. Comme s’il récitait un texte. Et pas parce que c’est Guaino qui l’a écrit.
Je me souviens de son visage le jour de son investiture*. Comme tétanisé par l’énormité du truc. Ou le poids d’une promesse non publique...
Au point où l’on peut se demander si les scientologues n’ont pas un dossier sur lui
".

20080118

N'ayez pas peur

Les soutiens de Sarkozy troublés par ses prises de position sur la laïcité ne doivent surtout pas avoir peur d'exprimer leur désaccord : ils ont le droit de perdre une élection, mais surtout le devoir de ne pas trahir leur pays.

Ne nous y trompons pas : le fondamentalisme Chrétien est de retour en Europe, et l'année 2008 pourrait bien s'avérer décisive pour la démocratie sur le continent et en particulier en France, qui héritera d'ailleurs de la présidence tournante cet été. Encouragés par les percées obscurantistes aux Etats-Unis sous la férule d'un président plaçant ses intérêts de fanatique avant ceux de son pays et même ceux de son parti, capitalisant sur la montée des fondamentalistes au sein des autres grandes religions pour entretenir le climat de peur et de haîne indispensable à leur survie, ces partisans d'un grand retour en arrière testent subtilement les résistances du "vieux continent" et placent des banderilles suivant un calendrier savamment rythmé.

Comme aux Etats-Unis, les éléments les plus dangereux ne sont pas les épouvantails habituels, ces ayatollahs prônant ouvertement la suprématie du religieux sur le politique : cette stratégie basique a échoué au XIXe siècle et n'aurait aucune chance au XXIe. A l'image du créationnisme relooké en Intelligent Design par le Discovery Institute (1), le fondamentalisme suit désormais une stratégie pervasive et diffuse, avance masqué derrière des écrans de fumée, et mène en parallèle d'un intense lobbying de véritables opérations de guerilla marketing.

Comme aux Etats-Unis, ces ennemis de la démocratie, de la liberté et de la paix excellent dans l'art de la propagande pour se présenter comme des défenseurs de la démocratie, de la liberté et de la paix. D'un côté, ils usent de formules choc pour imprimer leurs principaux mensonges dans les esprits les plus crédules (c'est un choc de civilisations, nous sommes en guerre, nous agissons pour le dialogue et pour la paix, nous voulons moderniser la laïcité...). De l'autre, ils abusent de formules alambiquées et de discours inaccessibles au commun des mortels pour semer la confusion dans les esprits et faire passer leur programme médiéval pour une démarche de progrès (2).

Comme aux Etats-Unis, leur montée en puissance s'accélère avec des relais plus influents que jamais dans les cercles médiatiques et politiques. Et puisque le fondamentalisme soumet la politique à la religion, la couleur politique est secondaire. Les relais ne se trouvent plus seulement à la droite de la droite (comme récemment encore avec Luc van den Brande - 3) : on a vu comment l'ultra conservateur Rupert Murdoch pouvait apporter tout son soutien au candidat Travailliste Tony Blair - parce qu'il avait décelé en lui le futur Born Again facilement influençable, prêt à partir en croisade pour une cause mystique ?

Depuis maintenant plusieurs années, les faux incidents et les vraies provocations se multiplient aux Pays-Bas, en Italie, en France ou en Espagne (4), et bien sûr au niveau européen, comme l'attestent le lobby en faveur d'une mention des racines chrétiennes dans la Constitution (5) ou plus récemment la censure du rapport Lengagne dénonçant les attaques créationnistes contre la démocratie (3). Les réactions les plus vives déclenchent une mise en veille temporaire, l'absence de réaction encourage à pousser le bouchon un peu plus loin et un peu plus vite.

En publiant "La République, les religions, l’espérance" la veille des Présidentielles américaines 2004, le Ministre des Cultes Nicolas Sarkozy avait poussé le bouchon un peu loin. La levée de boucliers pour protéger la Loi de 1905 lui avait clairement indiqué les territoires à éviter pour sa campagne présidentielle. Le candidat Sarkozy a donc dû montrer patte blanche pour obtenir son investiture, et affirmer clairement sa volonté de défendre la laïcité.

Nous savons aujourd'hui quel sens il donnait à ce terme. Le président Sarkozy défend la laïcité comme le président Bush défend la démocratie, et si personne ne dit stop, il risque d'obtenir les mêmes résultats. Le Chrétien François Bayrou, qui a milité en faveur d'une Constitution Européenne laïque et sans référence aux racines chrétiennes, a totalement raison de comparer sa "laïcité positive" à la vision fondamentaliste de Bush. Mais des voix se sont élevé avec fermeté à travers tout l'hémicycle, à gauche comme à droite, pour dénoncer les récents dérapages contrôlés du président en Arabie Saoudite.

Ce n'est peut-être pas un hasard si Nicolas Sarkozy souhaite s'engager dans les élections locales cette année : plus que jamais dans notre histoire, les municipales 2008 ont valeur de test national. Pas tant pour déterminer les vainqueurs entre gauche et droite ou entre gouvernement et opposition, mais entre défenseurs de la république et de la démocratie d'un côté, et candidats soutenus par les fondamentalistes de l'autre.

Comme aux Etats-Unis, il deviendra de plus en plus commun de voir un candidat saupoudrer son discours politique de références appartenant au registre de la religion et de la foi. De nombreux candidats risquent de se voir proposer un choix comparable à celui imposé aux Républicains en 2004 : faire allégeance à une administration corrompue ou se voir refuser l'investiture présidentielle. Risquer de ne pas pouvoir se présenter, ou risquer d'être élu pour servir une cause amorale.

Parmi eux sans doute, des croyants tiraillés par leur conscience : si je dis non je me fais accuser de mauvais chrétien et si je dis oui je vend mon âme. Pour paraphraser le prédécesseur de Benoît XVI je leur dirai "n'ayez pas peur". Le fondamentalisme relève de la politique et non de la religion. Si vous avez réellement la foi et si vous êtes réellement démocrate et républicain, affirmez le en dénonçant l'imposture morale qui vous est proposée ; en déclarant votre indépendance contre le fondamentalisme (6).

Il est temps d'inverser la charge de la preuve. Ce n'est pas aux politiques de prouver leur bonne foi mais aux fondamentalistes de faire leur "coming out" : si vous considérez que la religion a quelque part une place dans la politique, la science ou l'éducation, assumez le clairement et fondez un parti religieux comme il en existe dans de nombreux pays. Mais ne cherchez pas à tromper le public en vous réclamant de la démocratie ou de la république.

Oui, la laïcité respecte les religions, mais elle respecte tout autant la démocratie, parce que justement elle respecte la séparation du religieux du politique. Oui, la France a un héritage chrétien, mais ce n'est pas son seul héritage religieux et il n'a pas toujours été positif (guerres de religions, croisades, colonisation, collaboration...)... et si la France a aujourd'hui valeur d'exemple dans le monde, c'est pour son héritage d'une république laïque, moderne et apaisée aux antipodes de ce qu'entend la "laïcité positive".

S'il est désormais clair que Nicolas Sarkozy a rompu ses engagements de campagne et qu'il agit en faveur des fondamentalismes, j'ai encore du mal à le situer sur un plan personnel : est-il "simplement" un être amoral prêt à toutes les compromissions pour parvenir à ses fins ou avons-nous réellement affaire à un mystique convaincu ?

D'une façon générale, notre Hyper-hype-président ne fait guère d'efforts pour masquer sa totale absence de scrupules : il est prêt à protéger les scientologues pour devenir l'ami de Tom Cruise, à prostituer la république dans les bras d'un dictateur pour faire briller Cécilia en Libye, ou encore à nier l'existence de Taïwan pour signer des contrats en Chine (7)...

Mais notre ancien Ministre des Faux Cultes (8) a aussi la fâcheuse habitude de s'entourer de mystiques. Sarko n'est pas l'ami des Etats-Unis mais l'ami de certains personnages sulfureux : le scientologue Tom Cruise, le fondamentaliste Bush. Sarko n'est pas l'ami d'Israël mais l'ami des partisans de la ligne dure à Tel Aviv comme à New York et Paris. Sarko ne lutte pas contre le terrorisme mais en attise les flammes à la source en favorisant le basculement vers les extrêmes par les actes (ex logique de rupture par la suppression des polices de proximité en faveur d'opérations commandos purement répressives, abandon de la position d'équilibre de la France dans le conflit Israëlo-Palestinien) comme par la parole (ex privilégier le registre belliciste au registre diplomatique vis à vis de l'Iran). Plus grave encore, les theocons sont au Château : comme à la Maison Blanche, ce club hyperinfluent verrouille les points d'entrée et de sortie stratégiques de l'Elysée.

Puisque Nicolas Sarkozy s'obstine à revenir à la charge sur le territoire hautement sensible de la religion, il est temps de lui demander clairement de faire son "coming out". Pas sa parade nuptiale à Disneyland, mais sa position vis à vis du fondamentalisme religieux, et en particulier sa volonté de maintenir les frontières entre politique et religion (remises en cause de la laïcité), science / éducation et religion (impostures créationnistes / intelligent design)...

Comme George W. Bush, Nicolas Sarkozy a l'occasion de laisser une trace majeure dans l'Histoire de l'Occident. Comme lui, il risque que cette trace soit une tâche indélébile en inscrivant son mandat sur le terrain de la religion.

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(1) cf "
En finir avec l'Intelligent Design" (20070905)
(2) champion toute catégorie : Benoît XVI - cf "
Le coming out de Benoit XVI" (20071007)
(3) cf "
Red blogule to Luc van den Brande" (20070627)
(4) nos voisins peuvent se féliciter du courage de Zapatero qui dès son serment d'investiture a tenu à affirmer la séparation du politique et du religieux
(5) au-delà du lobby très puissant des fondamentalistes chrétiens, celui d'autres partisans du choc des civilisations, toujours prompts à cristalliser les haînes et dresser les communautés les unes contre les autres
(6) cf "
Universal Declaration of Independence From Fundamentalism" (20070809)
(7) cf "
Merde in Taiwan" (20071127)
(8) cf "
Blogule rouge au ministre des faux cultes" (20050619)

20080102

Bonne année 2009

Autant le dire tout de suite, je n'ai pas, mais alors pas du tout aimé cette année 2008.

Passe encore pour la relégation du PSG en CFA suite au scandale des "fauxligans" : provoquer des incidents pour ne plus jouer le moindre match sur la pelouse maudite du Parc des Princes, ça n'était vraiment pas très malin. Mais l'idée de voir le sourire de Bruce K. Chapman à la tribune le 20 janvier prochain me donne carrément mal au coeur.

On se souvient comment, dans la course aux voix des fondamentalistes, Huckabee et McCain avaient fini par proposer le même job au fondateur du Discovery Institute en cas de victoire aux primaires : la place du numéro 2 sur leur ticket présidentiel. Moi qui espérais voir Obama accepter la charge suprême la main sur la constitution US et zappant les quatre derniers mots traditionnels, j'en serai pour mes frais : non seulement j'aurai droit au sempiternel "so help me God", mais en plus de la Bible, le nouveau président prêtera serment sur une édition du "Dianetics" de L. Ron Hubbard dédicacée par John Travolta et Tom Cruise.

Tout ça parce que Hillary s'est plantée dans son propre choix de co-listier. Bill lui avait pourtant donné un conseil plein de bon sens : "prends un Afro-Américain au background international, jeune et beau gosse, peut-être quelques problèmes avec la dope dans le passé mais rien de bien sérieux, juste histoire de le rendre moins lisse... suis mon regard..."

Manque de bol, elle a suivi son regard. Et comme son mari sirotait une mousse devant SportsCenter elle a choisi un joueur de baseball d'origine cubaine. Les Républicains n'ont pas eu besoin de rameuter Karl Rove pour la fusiller avec la sordide affaire des Sniff Boats. Il était trop tard pour changer de cheval en cours de route, et les Démocrates ont perdu l'élection imperdable en dépit des appels du pied de dernière minute de Michael Bloomberg et Michel Rocard.

Sale année pour les US, mais la France n'a guère fait mieux.

Déjà, il a fallu se coltiner Kim Jong-il pendant quarante sept jours aux six coins de l'hexagone. Le Cher Leader a tenu absolument à visiter toutes les salles de cinéma d'art et d'essai du pays et à se faire prendre en photo à Disneyland entre Minnie et Bruni. Il aura même épuisé trois ministres de la culture pendant son séjour : l'intérimaire Albanel, l'éphémère Cavada et l'amer remplaçant d'ouverture François Cavanna.

Ensuite, l'économie s'est effondrée comme un chateau de cartes par un triple effet subprime aux US, surprime au CAC40 et supprime au rayon créations de postes (à part pour Olivier Besancenot qui dans le cadre du programme "travailler plus pour gagner plus" a hérité de la tournée des postiers encartés LO à Neuilly).

Toutes les catégories socio professionnelles ont été touchées, y compris les sans abris. Dans le cadre des partenariats public-privé Boutin avait bien lancé un programme de ville nouvelle en partenariat avec Décathlon, mais Quechuaville n'est pas encore sortie de terre pour autant : "pour en sortir, il faut d'abord y entrer, et essayez de planter un piquet dans un sol aussi gelé... au moins avec ces HLM en toile on vous épargne la cérémonie de la pose de la première pierre".

Annus horribilis aussi pour la classe politique française : l'UMP Canal Laïque a fait sécession pour prendre le maquis, le PS a fait sa révolution en nommant Hollande nouveau Secrétaire Général avec un directoire innovant constitué de Fabius, Mauroy et Mélenchon (Royal se console en plaçant son manager Dominique Besnehard au poste de porte-parole), Besancenot a fondé le Renouveau des Partis Révolutionaires ("avec ce RPR-là, j'espère bien que les emplois ne seront pas fictifs") et le MoDem a réussi à diviser par huit son nombre de députés (initialement 4) suite à la nouvelle grève de la faim de Jean Lassalle

Pour couronner le tout, les Farc ont gardé Carla Bruni que Le Petit Nicolas avait dépêché en Colombie pour récupérer les otages en échange d'une centrale EPR.

Non, vraiment, une année à ne souhaiter à personne.

20071217

Rock n' knols : Google vs. Wikipedia

Chez Google, un "knol" est un morceau de connaissance ("knowledge") exposé sur une page web, l'unité de mesure habituelle de la maison. Les commentaires, publicités AdSense et autres périphériques de Google Labs sont bienvenus.

Chez Google, la connaissance ne se vérifie pas. Le Projet Knols ne suit pas une logique de contribution wiki mais une logique de contribution libre et ouverte au sens le plus terrifiant du terme : si vous écrivez que la Terre est plate et qu'elle a été créée il y a 6.000 ans, si vous assurez la promotion de votre secte ou de votre entreprise en nommant un nouveau responsable relations publiques dédié à ce nouveau media, personne ne viendra vous critiquer. En s'empilant à la suite de votre contribution, les commentaires ne feront que lui donner plus de poids et de visibilité dans les moteurs de recherche.

Chez Google, les volumes parlent, et la qualité importe peu.

Soyons clair : Google Knol est l'anti-encyclopédie, la matrice idéale pour toutes les campagnes de propagande et de désinformation, une insulte à la société de connaissance. Ce concept de knol insulte le knowledge dont il se réclame.

En présentant son dernier bébé, Big G affirme* sans scrupule : "Google ne servira en aucun cas d'éditeur, et ne cautionnera aucun contenu. Les auteurs assumeront toutes les responsabilités et tous les contrôles éditoriaux. Nous espérons que les knols incluront les opinions et points de vue d'auteurs qui mettront leur réputation en jeu. La compétition des idées est une bonne chose".

Une bonne chose pour le business de Google, sans nul doute.

On a beaucoup dit que knols devait tuer Wikipedia mais je n'en suis pas sûr : il en renforcera la crédibilité en lui opposant une caricature de modèle économique cynique et intéressé. L'objectif est avant tout de faire en sorte que Wikipedia n'apparaisse plus en haut de page pour la plupart des recherches : au lieu de gâcher son plus bel espace publicitaire pour une oeuvre quasi caritative, Big G va lui donner une nouvelle vie et en démultiplier l'efficacité avec une page à son goût et à ses couleurs. Et le plus beau est qu'il n'y a rien à faire, si ce n'est mettre à disposition la plateforme et les outils.

Clairement, Google ne met pas sa "réputation en jeu"... pour la bonne raison qu'à ce stade il n'y a probablement plus rien à sauver sur ce plan.


* http://googleblog.blogspot.com/2007/12/encouraging-people-to-contribute.html
NB : retrouvez cet article en VO sur mot-bile.

20071216

Lopsichose 2 - mon royaume pour un cheval de troie

MAM présentera tout début 2008 sa seconde version de la Loi d'Orientation et de Programmation pour la Sécurité Intérieure (Lopsi 2). Un volet important sera consacré à la nécessaire lutte contre la cybercriminalité et contre un crime organisé de plus en plus friand de nouvelles technologies. Dans le meilleur des mondes, la France pourrait bien se réveiller avec sa version locale du "Patriot Act" américain... dont les abus* constituent en eux-mêmes une nouvelle forme de cybercriminalité et de crime organisé. Contre le citoyen, mais bien au-delà contre la démocratie tout entière.

Nul ne peut contester la valeur potentielle des informations circulant sur le réseau pour résoudre certaines d'enquêtes criminelles, voire même pour empêcher un crime d'être commis. Le citoyen sent bien que l'explosion des technologies de l'information doit être accompagnée, qu'il est légitime d'équilibrer la balance des droits et des devoirs sur ces nouveaux media. Mais il doit rester ferme sur les conditions dans lesquelles ces réformes s'opèrent, et sur le maintien des nécessaires garde-fous. Le renforcement des contrôles doit bien comprendre le renforcement du contrôle des contrôleurs.

Et le temps presse.

Car les plombiers des futurs e-Watergate n'ont déjà plus à se déplacer pour placer leurs mouchards : il leur est possible d'activer la fonction micro d'ambiance d'un mobile à distance et à l'insu du plein gré de son propriétaire, et Lopsi 2 autoriserait même l'envoi de super spywares dans les ordinateurs ; des chevaux de troie dignes du plus vil pirate informatique ! Quant au bon vieux mouchard "hardware", il serait remis au goût du jour sous une forme de discret périphérique USB.

Que fait la police ? La question sera bien sûr posée, mais une autre brûle toutes les lèvres : la justice sera-t-elle capable de suivre ? On l'équipe de bornes interactives en même temps que l'on dote la police de commissariats virtuels, et les textes prévoient bien de donner le pouvoir suprême à la justice (Juge d'instruction ou Juge des Libertés et de la Détention), mais concrètement qui utilise quelle information et dans quelles conditions ?

Le dispositif serait limité au crime organisé, mais tout lecteur d'Astérix connait pertinement la relativité du concept de "bande". L'accord ne serait donné que dans le cadre d'affaires très graves (terrorisme, pédophilie, torture, meurtre, enlèvement...), mais où commence la torture et le terrorisme, et où s'arrête l'inventaire à la Prévert (l'aide à l'entrée et séjour d'un étranger figurerait déjà dans la liste) ?

Qu'advient-il de l'information ? Une copie de chaque donnée récoltée est-elle systématiquement sécurisée dans un espace non dépendant de l'exécutif et conservée au-delà de l'enquête, ou bien les écouteurs ont-ils la même capacité à détruire les preuves que ces agents de la CIA pour leurs séances d'interrogatoire les plus musclées ? Ce beau système est-il appelé à s'interfacer avec le réseau Echelon de la NSA** ?

On l'a vu, sous couvert de défendre la Liberté, la Justice et la Démocratie, le Patriot Act a essentiellement contribué à affaiblir ces piliers de la nation. Et sous couvert de protéger le pays de graves menaces extérieures, il a essentiellement contribué à la suppression méthodique de toutes ses défenses naturelles contre une menace intérieure bien pire encore : une Administration corrompue dirigée par un fondamentaliste rêvant de convertir la démocratie la plus puissante du monde en une théocratie belliqueuse***.

Dans notre pays, ces derniers temps, l'équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire, media...) fait pour le moins débat. Et l'équilibre exemplaire interconfessionnel (république laïque apaisée, sentiment d'appartenance à la communauté nationale avant la communauté religieuse...) subit de plus en plus d'assauts de l'intérieur et de l'extérieur permettant au fondamentalisme (à TOUS les fondamentalismes, en particulier Islamistes et Chrétiens) de prendre pied et de s'épanouir sur une terre jusqu'ici peu perméable à sa réthorique. Enfin, l'équilibre entre "soft" et "hard power" semble basculer, avec une nette primauté au registre martial dans les paroles (cf diplomatie façon Kouchner) comme dans les actes (cf nettoyage des banlieues façon Kärcher****).

J'ose espérer que nos dirigeants n'envisagent pas eux-aussi de convertir notre belle république en une théocratie belliqueuse... mais ces faits troublants doivent nous inviter à la plus grande précaution au moment d'ouvrir le cadeau du nouvel an du Ministère de l'Intérieur.


* petit florilège ? auprès du CMD / Sourcewatch, par exemple : http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Patriot_Act_abuses

** l'épisode des Blackberrys de l'Elysée nous rassurerait plutôt : la méfiance semble de mise

*** pour rappel sur la dérive fondamentaliste : "Universal Declaration of Independence From Fundamentalism" (20070809)

**** ce qui n'exclut pas un effort sur la parole... cf "De la voyoucratie en France" (20071204)

20071213

La madonne des sleeping citizens

Ségo n'a toujours pas atterri. A en croire les extraits de sa dernière profession de foi ("Ma plus belle histoire C'EST VOUS - PS : prends ça François" aux Editions Mexaspero), elle demeure sous le charme de "la femme debout", ce personnage vide de sens porté par la foule et son propre discours absconc ; une femme fatale à laquelle personne ne résiste : ni le Bayrou, ni le Rocard, ni le mal, tout cela m'est bien égal.

Non, rien de rien, non elle ne regrette rien. Condamnée à exister uniquement dans cet état de "candidatude" permanente, évanescente, trop loin de la réalité pour se plonger dans le quotidien de ses concitoyens. Bien sûr, elle va multiplier les rencontres "citoyennes", cette version laïque de confesse où chacun viendra pleurer sur son sort pendant que la Sainte du Poitou reprendra en mantra les mots qui tinteront le mieux à son oreille, avant de les intégrer au flot inconsistant de son gavage des ouailles.

Besnehard a bien compris tout le profit qu'il pouvait tirer de cette icône des abrutis heureux*, la madonne des sleeping citizens : après Les Dix Commandements, Bernadette Soubirous on Tour !
Pour la mise en musique, on peut compter sur Grand Corps Malade. Le PS, pas le slammeur. Je vous le précise à l'avance pour que vous ne soyez pas déçus à attendre des discours construits mais à découvrir un magma discordant avec beaucoup de pipeau et de grosses caisses...


* cf "Foutagedegueulitude" (200706)

20071206

Une présidence en travaux

En cette année d'élection présidentielle, l'ancien maire de la capitale tremble pour la trace qu'il laissera dans l'Histoire. Les casserolles qu'il traîne depuis des années tintent sérieusement et la justice a décidé d'aller jusqu'au bout.

Mais les procureurs viennent de lever toutes les charges contre lui dans l'affaire BBK, et LEE Myung-bak se voit donc ouvrir un boulevard pour les élections présidentielles du 19 décembre prochain.

Quand il est question de tracer des boulevards, cet ambitieux bâtisseur n'est décidément jamais bien loin. Aux manettes de la filiale construction de Hyundai, LEE avait déjà contribué à redessiner la Corée du Sud et le Moyen-Orient, mais son passage à la mairie de Séoul aura laissé une empreinte digne du préfet Haussmann : restauration spectaculaire du cours d'eau Cheonggyecheon au coeur de la ville à la place d'un disgrâcieux autopont de béton, création d'un parc géant peuplé de biches, revitalisation des transports terrestres par la création de couloirs de bus... personne n'ignore ses faits d'armes dans un pays pourtant habitué à voir le paysage recomposé par les bulldozers et les grues à longueur d'année.

Certes, on peut difficilement réussir dans la construction et la politique en Corée sans se salir les mains. Et le grand public n'est pas vraiment dupe des faveurs accordées au candidat conservateur par une justice elle-même sous le feu des projecteurs après les révélations de KIM Yong-chul sur les liaisons dangereuses entre le principal chaebol et les principaux membres de l'appareil judiciaire du pays. Mais le peuple redoute une nouvelle crise asiatique et l'explosion de la bulle immobilière, au coeur de ses préoccupations. Sans oublier l'impact que pourraient avoir les enquêtes sur les grands chaebols sur l'économie et les exportations, cet autre moteur de la croissance... Enfin, le pays n'a plus à craindre pour sa démocratie, et tant qu'il n'a droit qu'à un mandat, le président ne présente plus beaucoup de dangers, alors... pourri pour pourri, va pour un profil CEO pour les cinq années qui viennent.

Citizen LEE vient donc de passer un nouvel obstacle sur sa route vers la Maison Bleue. Il avait déjà éliminé PARK Geun-hye, fille de l'ancien dictateur PARK Chung-hee, lors des primaires du Grand National Party (GNP), et son absolution signifie probablement la fin des espoirs de LEE Hoi-chang dans sa troisième campagne présidentielle.

Mais ce conservateur né de l'autre côté de la DMZ ne lâchera pas comme ça l'ambition de toute une vie : victime de la crise asiatique face à KIM Dae-jung en 1997 puis de la poussée des netizens en faveur de ROH Moo-hyun en 2002, retiré de la politique et accusé de corruption, dissuadé de se présenter par un GNP privé de pouvoir depuis 10 ans, LEE Hoi-chang avait cette fois-ci tout misé sur les déboires judiciaires du candidat officiel du parti. Les sondages lui donnaient presque raison : en moins d'un mois, il rafflait 20% d'intentions de vote en faisant chuter de 10 points les deux leaders (LEE Myung-bak de 51.9 à 39.8% et CHUNG Dong-young de 20.2 à 10.5% entre le 16/10 et le 7/11). Mais bien avant le verdict du 5 décembre, le soufflé avait déjà commencé à retomber de 3 points.

Le troisième homme conserve-t-il une chance ? CHUNG Dong-young n'a clairement pas l'aura de ROH. Son parcours manque de profondeur et d'engagement. Ancien journaliste TV et Ministre de la Réunification, il a pris les commandes du parti Uri du président sortant au moment où les deux implosaient, l'a rebaptisé United New Democratic Party (UNDP) et s'en est servi de rampe de lancement pour sa candidature. Pas de quoi mobiliser les foules, y compris dans son Jeollanam-do natal. CHUNG plafonne à 13% et ce ne sont pas les 6-8% de MOON Kook-hyun qui changeront profondément la donne (le candidat du Creative Korea Party suggère une primaire "de gauche" avant le 16/12).

Au-delà du vainqueur, on surveillera le taux d'abstention. Le nombre record de candidats (les 12 ci-dessous) favorise la dillution, mais cette présidentielle risque de ne pas motiver des électeurs toujours plus désabusés par la chose publique. L'espoir fantastique né de l'élection de ROH Moo-hyun a été déçu : les projets de réformes ont souffert de sa soif d'indépendance, et cet ancien modèle de vertu a comme les autres profité du système corrompu gangrénant le milieu politique.

L'heure est peut-être venue de restaurer une partie de la dignité des présidents. Les garde-fous de la démocratie ont prouvé leur efficacité et le retour de la dictature semble impossible. Pourquoi ne pas autoriser deux mandats au lieu d'un seul, pourquoi ne pas instaurer deux tours de scrutin pour assainir les stratégies d'alliance de dernière heure ? Au futur élu de proposer cette réforme pour ses successeurs. Si rien ne bouge, les netizens risquent de se replier sur leurs terres virtuelles.

Les 12 candidats :
1 - CHUNG Dong-young (United New Democratic Party - UNDP)
2 - LEE Myung-bak (Grand National Party - GNP)
3 - KWON Young-gil (Democratic Labor Party)
4 - RHEE In-je (Democratic Party)
5 - SIM Dae-pyong (People First Party) - a quitté la course
6 - MOON Kook-hyun (Creative Korea Party)
7 - JEONG Geun-mo (True Owner Coalition)
8 - HEO Gyeong-yeong (Republican Party)
9 - JEON Gwan (Chamsaram Society True Full Act)
10 - GEUM Min (Korea Socialist Party)
11 - LEE Soo-sung (People's Coalition for Harmony and Advance)
12 - LEE Hoi-chang (Indépendant)

20071204

Voyoucratie et racaille - de la voyoucratie en France

Le terme de "voyoucratie" sied au hyper-hype-président aussi certainement que celui de "racaille" servait le candidat FNophage. Revenons sur ce remarquable mot-clef récemment concocté par les spin doctors de l'Elysée.

"Voyoucratie" attribue enfin ses lettres de noblesse à une caste certes anti-système, mais profitant à fond du système parallèle qu'elle s'est créé. Par la grâce d'un néologisme mélodieux on imagine ces nouveaux privilégiés défendre leurs seuls intérêts, se syndiquer dans des gangs, et attendre tranquillement leur retraîte à 35 ans pendant que leurs petits frères font le boulot à se lever tôt pour dealer dans le froid...

A un voyoucrate, on ne dit pas "descend ici me le dire en face". Le voyoucrate se vouvoie, force le respect, règne sur sa cour neuve, use de ses droits régaliens pour lever des impôts, mobiliser des troupes, rappeler à l'ordre un vassal récalcitrant ou mettre au pas un roitelet voisin. N'imaginez surtout pas un despote éclairé : à l'instar du Warlord somalien, le voyoucrate n'a d'autre culture que celle de la violence, il règne par les armes et la terreur... et comme son nom l'indique, son pouvoir, il l'a eu par larcin, illégalement. Par vulgaire rapine, parce que le plus aristocrate des voyous demeure avant tout un voyou.

En fin de compte, si la république échoue sur ces terres, c'est parce qu'elle ne sont plus siennes, parce qu'elle se les ai fait voler. Pour les reconquérir, elle a toute légitimité et peut mettre en oeuvre tous les moyens possibles et imaginables dans ce qui devient brusquement une lutte du Bien contre le Mal, d'un Etat de Droit contre un état de non-droit au banc de la communauté, tels ces "Etats Voyous" semant la terreur à travers le monde.

Car le "non-droit" a enfin un nom. La "voyoucratie" n'est plus cette gangrène diffuse rongeant la société de l'intérieur mais une nouvelle puissance ennemie ; une entité cohérente avec un nom, un adversaire aussi facile à représenter que le Diable parce que justement on peut le nommer. Dans ce contexte, il ne peut y avoir de police de proximité : le Mal incarné ne saurait tolérer un tel non-sens sur son territoire, et si l'Etat parvenait à établir un poste sur place, cela sous-entendrait que finalement cette voyoucratie ne détiendrait pas tous les pouvoirs que la propagande lui confère.

De toute façon, le nettoyage ne relève pas de la police et encore moins de la justice sociale mais du militaire : on ne se débarrasse pas d'une invasion armée comme d'un cancer, et face à un tel adversaire la solution ne peut passer que par une armée de libération armée jusqu'aux dents. L'existence d'une voyoucratie justifie l'état de guerre. Et ces foyers de violence seront éradiqués aussi certainement que le terrorisme sera éradiqué par la guerre contre les terroristes...

Dans sa noble croisade, le Commandeur en Chef des armées escompte le soutien de la population : celle-ci ne peut que se désolidariser d'un tyran aussi abject et sanguinaire. Cela tombe plutôt bien : le terme de "voyoucratie" entend l'existence de voyoucrates se distinguant de la masse. A y regarder de plus près, le voyoucrate n'est pas un enfant de la rue qui a réussi et mérite l'estime de ses pairs mais un riche qui se nourrit sur la bête, exploite les plus faibles et freine le développement de la communauté. Le véritable ennemi du peuple et de la démocratie ; le bouc émissaire idéal. Si le plus faible se sent exclu, ce n'est pas contre la société qu'il doit se retourner mais contre le responsable de son exclusion, contre ce hors la loi égoïste et cruel.

Ainsi la magie des spin doctors nous convainc-t-elle d'une vérité qui dérange : en fait, la crise des banlieues serait moins la faillite de l'Etat que le succès d'un renégat malin et fourbe. Et la souffrance des banlieues serait à la mesure du joug imposé par cette caste armée et dangereuse. La propagande exigera la tête du coupable ("mort ou vif") et fera de sa recherche un feuilleton passionnant. Elle s'épanchera moins sur les raisons ou les personnes qui ont porté ce nouvel Hitler au pouvoir, tout comme la guerre contre les terroristes évite soigneusement de s'attaquer aux sources même du terrorisme (misère, injustices...).

Depuis Jules César, les empereurs savent combien il est important de se faire mousser en montant en épingle des ennemis de petit calibre, quitte à en créer un de toutes pièces si nécessaire. Qui sait, peut-être verrons-nous fleurir des jeux de cartes au nom des principaux meneurs de gangs de la région parisienne.

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